Les élections américaines ont une importance cruciale pour l’avenir du monde du fait qu’en ce mois de novembre 2024 et encore pour longtemps, les USA qu’on les aime ou pas, sont la première puissance économique et militaire au monde.
Par Abderrahmane Mebtoul
2.-Dominance du dollar US comme monnaie internationale et la stratégie des BRICS
Avec la fragmentation et la potentielle réorganisation de l’activité économique et financière mondiale en blocs distincts qui pourraient encourager certains pays à utiliser et à détenir d’autres monnaies internationales et de réserve, la tenue du sommet des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) à Johannesburg en août 2023 s’est accompagnée de déclarations officielles dénonçant la place de la monnaie américaine dans l’économie mondiale.
Moscou et Brasília ayant annoncé vouloir limiter leur exposition au billet vert. Mais suffit-il de déclarer la fin de l’hégémonie du dollar pour la faire advenir ? Car le Dollar américain tire sa force de son rôle de monnaie de réserve du monde.
Aujourd’hui, la plupart des pays acceptent le dollar comme mode de paiement, même à la place de leur propre monnaie.
Entre 2021/2022, selon les données du FMI du 28 avril 2023, la part du dollar, dans les paiements mondiaux s’élève à environ à 38 %, l’euro faisant jeu égal avec le dollar ; les avoirs de réserves de change sont d’environ 20 % pour l’euro tandis que celle du dollar américain se situait aux alentours de 60% et la part du dollar dans les réserves de changes mondiales est passée de 71% en 1999, à 58% en 2022, l’euro 20,5%, le yen 5,5%, la livre sterling 5% et le yuan chinois 2,7%.
En 2023, à Londres, première place mondiale sur les changes (38 % de l’activité mondiale), la part du dollar dans les volumes quotidiens s’est renforcée à plus de 45 % alors que celle de l’euro chutait de 19 % à 16,6 %, selon les données du London Foreign Exchange Committee.
Selon une étude d’Eurostat, 46 % de l’ensemble des échanges de biens réalisés en 2023 par l’Union européenne avec le reste du monde ont été libellés en euros, tandis que 42 % l’ont été en dollars et 12 % seulement dans d’autres monnaies, l ‘euro arrivant en tête pour les exportations extracommunautaires, avec une part de 52 %, devant le dollar (32 %) et les autres devises (13 %).
Pour les extrapolations, il faut toujours prendre des précautions en fonction de plusieurs paramètres et variables à la fois économiques, sociales et géopolitiques à horizon 2030 où certaines prévisions font que le poids du dollar pourrait diminuer à 40-45%.
Les récentes données du FMI sur la composition en devises des ré- serves de change (COFER) indiquent une baisse progressive continue de la part du dollar dans les réserves de change des banques centrales et des États, mais n’a pas été contrebalancée par l’augmentation des parts des autres principales monnaies, que sont l’euro, le yen et la livre mais par les «monnaies de réserve non traditionnelles » notamment celle du dollar australien, du dollar canadien, du renminbi chinois, du won sud-coréen, du dollar singapourien et des devises nordiques.
C’est dans ce cadre que rentre l’objectif du sixième sommet annuel, en 2014,où les fondateurs des BRICS, la Chine, l’Inde, la Russie, le Brésil et l’Afrique du Sud ont officialisé la création d’une banque commune la NDB, dont le siège est à Shanghai d’un fonds de réserve, visant à s’affranchir de la tutelle du dollar et des institutions de Bretton Woods mises en place après la deuxième Guerre mondiale (Fonds monétaire international et Banque mondiale), banque qui est dirigée actuellement par l’ex-présidente brésilienne, Dilma Rousseff.
C’est sous l’impulsion des BRICS que le G20 a transformé le forum de stabilité financière en conseil de stabilité financière, les BRICS ayant soutenu le rapport sur les G-SIFI pour réduire les risques moraux des institutions financières systématiquement et globalement importants, les fonds de couverture, le shadow banking, les produits dérivés financiers des marchés offshore et les agences de notation qui ayant été ramenés pour la première fois sous la supervision.
Une partie des réserves de la Banque des BRICS+ pourrait être concentrée, par l’émission d’emprunts sur le marché financier international en utilisant leurs devises étrangères afin de réduire le risque d’inflation et de rétrécissement de leur réserve de devises étrangères, et de mieux servir leurs économies réelles.
Par ailleurs, les bénéfices que la banque de développement pourraient tirer de l’investissement dans les économies réelles et dépasseraient largement ceux que les banques centrales pourraient tirer de l’achat de bons du Trésor des pays développés, et l’investissement dans les infrastructures pourrait stimuler la demande intérieure de ces pays, entraînant la croissance économique.
La Nouvelle Banque de développement ferait la promotion de l’usage des monnaies nationales des pays membres, ce qui pourrait promouvoir le commerce intérieur et l’investissement réciproque de ces pays, réduisant ainsi la dépendance au dollar.
Comme lors de différentes réunions dont la dernière à Kazan Russie en octobre 2024, il a été prévu la mise en place d’un mécanisme de paiement durable pour le commerce bilatéral, des pays du BRICS, l’objectif à terme, pas dans l’immédiat étant la création d’une monnaie commune adossé à l’or.
En 2030, le yuan pourrait détrôner le yen et la livre sterling comme troisième monnaie de réserve mondiale où paradoxalement, les tensions commerciales avec les Etats-Unis favorisent la devise chinoise qui, selon Morgan Stanley, pourrait représenter de 5% à 10% des réserves de change dans le monde horizon 2028/2030.
Mais tout cela sera fonction des estimations de certains organismes comme la Banque mondiale ou le Centre for Economics and Business Research (CEBR), pour qui la Chine pourrait devenir la première puissance économique mondiale d’ici 2030 à condition, toutefois, qu’elle maintienne un taux de croissance d’environ 5,5% par an, ce qui n’est qu’une hypothèse et sera-t-elle réalisée.
En conclusion, les élections américaines ont une importance cruciale pour l’avenir du monde du fait qu’en ce mois de novembre 2024 et encore pour longtemps, les USA qu’on les aime ou pas, sont la première puissance économique et militaire au monde.
Car en termes de PIB par habitant, ratio plus fiable que le PIB global, la Chine malgré d’importants progrès, est très loin des USA, du fait que le PIB par habitant en 2023 pour les USA, 337 millions d’habitants, est de 81000 dollars alors que pour la Chine, 1,4 milliard d’habitants, le PIB par tête d’habitant est estimé en 2023 à 12513 dollars soit 15% de celui des USA.
Devant tenir compte des effets dévastateurs du réchauffement climatique ayant des incidences sur la géostratégie, notamment le problème lancinant de la pénurie l’eau douce, comme le montre l’impuissance actuelle des Nations unis à faire respecter ses décisions, des paroles et encore des paroles sans aucun effets, le monde notamment au Moyen Orient et en Afrique, devrait connaitre un profond bouleversent géostratégique entre 2030/2050/ 2070 ou les rapports de force qui détermineront la nouvelle architecture des relations internationales.
Avec une population vieillissante en Russie, en Europe en Chine pour ce pays si le taux de natalité se maintient au niveau actuel, la Chine entre 2080/2100, d’après les prévisions internationales, risque d’avoir une population de 750/800 milliards d’habitants, soit une baisse de 600 à 650 milliards d’habitants, l’axe de la croissance de l’économie mondiale devant se déplacer comme je l’ai démontré dans une interview à une grande télévision chinoise le 19 octobre 2024, de ‘l’Asie vers l’Afrique, contient avec des richesses colossales, sous réserve d’une nouvelle gouvernance, qui en 2025 aura 25% de la population mondiale.
A. M.