L’accord intervenu, le jeudi 8 octobre dernier, entre la compagnie des hydrocarbures nationale, Sonatrach, et son partenaire gazier espagnol, Naturgy, a suscité quasi unanimement, auprès des observateurs et des spécialistes des questions énergétiques, une réaction plus que positive.
Par Hakim Outoudert
En ce sens, que l’accord consacrant le dénouement entre les deux partenaires d’un sérieux contentieux autour du prix du gaz algérien vers l’Espagne, est à mettre à l’actif de la partie algérienne qui aura, selon nombre d’experts, fait montre d’une performance en matière de diplomatie économique. Et pour cause, en un contexte de féroce concurrence internationale en termes de prix de l’énergie gazière, qui, plus est, sur fond d’une sévère crise économique mondiale, exacerbée par la pandémie du Covid-19, l’Algérie, à travers Sonatrach, réussit «son coup» sur un double front. Celui, d’abord et surtout, d’éviter l’arbitrage international que lui aurait fait d’autant plus subir Naturgy, que la société gazière espagnole a pour elle les arguments contractuels et juridiques qui lui permettraient de remporter la partie auprès des tribunaux internationaux (voir la contribution de M. Preure, ci-contre). Ensuite, grâce à cet accord, la partie algérienne, se permet le «luxe», en plein maquis déréglementé du commerce mondial du gaz, de préserver sa relation avec son plus gros client, dont le maintien de la durée de long terme des contrats liant les deux parties (à 30 ans !), même à des conditions, concernant le niveau des prix, entre autres, réadaptés et revus à la baisse, selon certaines sources. L’Algérie, représentée par Sonatrach, s’en sort, donc, à bon compte, préservant ainsi, d’une part, l’essentiel de ses intérêts avec le partenaire espagnol, en termes, notamment, de parts de marchés en Espagne, menacées jusqu’alors par l’agressivité commerciale de gros producteurs que sont le Qatar et les USA. D’autre part, la compagnie nationale, réussit à contourner l’hypothèque du marché spot (de court terme), en passe de devenir la règle du commerce gazier international.
Un accord d’autant plus sécurisant pour l’Algérie, que la crise économique exacerbée par la pandémie mondiale, le tout sur fond d’une féroce concurrence du Qatar et des Etats-Unis d’Amérique, commençait à faire dangereusement chuter le volume des exportations du gaz algérien vers l’Espagne, depuis quelques mois déjà. En effet, au plus fort de la pandémie du coronavirus, soit en mai dernier, les chiffres en la matière sont des plus éloquents. Ainsi, selon la presse espagnole, au début du mois de mai dernier, notamment El-Confidencial, il a été constaté que «pour le deuxième mois consécutif, les États-Unis ont dépassé l’Algérie, ce qui représente une surprise historique».
Et la même source d’abonder en chiffres, révélant qu’alors que les USA augmentaient leurs livraisons de gaz vers l’Espagne, à raison de plus de 450% entre mars et avril derniers, celles de l’Algérie entamaient leur chute à un taux de 30%.
H. O.