La faiblesse de nos stocks de blé (céréales) va obliger l’Algérie à recourir à une forte importation de ce produit. Une situation compliquée et ce, d’autant plus que la production mondiale à cause des facteurs climatiques, est en légère baisse. Aussi, l’annonce de la Russie d’une régression de sa production, a tiré vers le haut le prix du blé à la bourse de Chicago (Etats-Unis). L’Algérie qui est le deuxième plus gros importateur de céréales en Afrique après l’Egypte, serait déjà en négociation pour en acheter, selon le cabinet Agritel, organisme spécialisé dans la gestion des risques des marchés agricoles..
Par Réda Hadi
Les prévisions de la FAO concernant la production mondiale de céréales en 2021 ont été revues à la baisse depuis le précédent rapport datant de juin et s’établissent à présent à 2 817 millions de tonnes. Aussi, les cours des principaux produits agricoles ont grimpé le lundi 2 août 2021, à Chicago, emmenés par la hausse du blé à cause de la persistance du temps sec et alors que la Russie a annoncé des prévisions de production plus faibles pour les céréales. Le cours du blé a clôturé en forte hausse pour la première séance du mois dans le sillage d’une révision à la baisse de la production russe.
L’agence d’État russe a réduit son estimation de récolte de 81 millions de tonnes, à 78,5 millions, tandis que l’USDA (ministère américain de l’Agriculture), reste à 85 millions de tonnes. Ces nouvelles de Russie ont fait flamber le cours du blé qui a conclu en hausse de 3,65 %, notent des spécialistes.
Le boisseau de blé (environ 27 kg) pour livraison en septembre a clôturé en hausse de 3,65 %, à 7,2950 dollars, contre 7,0375 dollars le vendredi 30 juillet 2021.
Avec la tension qui existe actuellement sur ce produit, l’Algérie va-t-elle payer son blé au prix fort ? Radja Ahmed, expert agronome et consultant à la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), nous explique que la « faiblesse de notre production nous amènerait à importer. Selon des estimations en ma possession, celles-ci (les importations) seraient en progression de 17 %. La production lors de la campagne moisson-battage, a connu une baisse, en raison de la rareté des pluies qui a dominé cette année, comparativement au rendement réalisé lors de la saison précédente et qui s’élève à 3,9 millions de tonnes. La faible pluviométrie enregistrée cette saison en Algérie a impacté la production agricole, particulièrement la filière céréalière »
L’impact de la baisse mondiale de la production met donc en compétition plusieurs pays africains et non des moindres, dont l’Egypte et le Maroc. « La hausse des prix va entrainer une rude concurrence, et à ce chapitre, l’Algérie devra aiguiser fortement ses talents de négociateur. Il faut savoir que l’Algérie et le Maroc ont absorbé plus de la moitié des exportations françaises de blé. Pour se diversifier, notre pays entretient des relations avec la Russie pour ses éventuelles importations. Mais ses rendements à la baisse vont changer la donne, et nous ne sommes plus les seuls en lice » nous précise l’expert.
De plus M. Radja nous confirme, que cette hausse était inévitable et attendue: « Au nord de l’Europe, la pluie a inondé les champs. Au Sud au contraire, elle a manqué. C’est pire encore à l’Est et à l’Ouest, autour de la mer Noire et surtout aux Etats-Unis. Là-bas, plus de trente Etats ont été déclarés en catastrophe naturelle. Comme les stocks mondiaux sont plutôt bas, les prix s’envolent, par conséquent » affirme-t-il.
Avant de conclure, M. Radja explique: « Les conséquences de cette poussée des prix agricoles ne sont pas bien sorcier à prévoir : ça va nous coûter plus cher de manger. A vrai dire, c’est déjà le cas. »..
Prévisions céréalières mondiale sur 2021/22 : Productions revues à la baisse
Le Conseil international des céréales (IGC de son sigle anglais) a abaissé de 6 millions de tonnes ses précédentes prévisions de récolte céréalières mondiales sur 2021/22 qui totaliseraient maintenant 2 295 Mt. Face à cela, la consommation mondiale céréalière serait de 2 295 Mt, un nouveau record avec une hausse de 3% par rapport à 2020/21 même si l’IGC a abaissé de 4 Mt ses estimations du mois de juin. Les stocks mondiaux de céréales sont estimés à 594 Mt, en baisse de 3 Mt par rapport aux chiffres en juin mais relativement semblables aux niveaux de cette campagne 2020/21.
S’agissant du blé, les prévisions de production mondiale sont revues à la baisse d’un million de tonnes (Mt), à 788 Mt, pour la campagne à venir 2021/22. En effet, suite aux sécheresses, la production américaine ne serait que de 47,5 Mt alors que l’IGC l’avait estimé précédemment atteindre 51,1 Mt ; la production canadienne ne serait en définitive que de 28,5 Mt contre les 32,3 Mt anticipées.
L’USDA (département américain de l’agriculture) a lui aussi revu à la baisse ses prévisions. En effet, ce département a fait paraitre ses estimations concernant l’offre et la demande mondiale. Un rapport attendu par nombre d’opérateurs du marché des grains, qui s’est avéré haussier pour les cours des céréales sur le marché à terme de Chicago.
Pour 2021/2022, la production mondiale de blé est corrigée à la baisse de 2Mt à 792.4 Mt, dont 47.52 Mt aux Etats-Unis (51.66 Mt en juin), 28.5 Mt en Australie (27 Mt), 138.2 Mt dans l’UE (137.5 Mt), 85 Mt en Russie (86 Mt) et 30 Mt en Ukraine (29.5 Mt).
Un léger recul des stocks de fin de campagne 2020/21 est attendu et tend logiquement ceux 2021/2022, qui s’affichent 291.7 Mt (-5.2 Mt par rapport au mois de juin). Un chiffre qui s’est avéré inférieur aux attentes des opérateurs.
R. N.