Le ministre du Tourisme, de l’Artisanat et du Travail familial, Mohamed Ali Boughazi, a annoncé l’organisation prochaine d’une rencontre avec le patronat pour la mise en place d’un plan d’investissement dans les zones d’expansion touristique (ZET). Une approche certes, qui peut être louable en soi, si ce n’est le scepticisme des professionnels du secteur, qui demandent une tout autre vision du tourisme, et des investisseurs qui jugent les normes algériennes inadaptées.
Par Réda Hadi
S’il y a un problème majeur auquel sont confrontés les investisseurs, c’est bien celui du foncier. En effet malgré toutes les assurances données par les pouvoirs publics à cet égard, n’ont pas porté leurs fruits et le problème reste posé. Pour M. Bourad Mohamed, expert en tourisme, «le problème du foncier reste éminemment important, et les pouvoirs publics ne sont pas clairs. Comment seront exécutées les concessions et de quelles manière. S’agira-t-il de location, de vente au prix vénal ou au DA symbolique ? La question n’est pas encore tranchée»
Par ailleurs et s’agissant de la rencontre avec le patronat, celui-ci précise «qu’il ne s’agit pas juste de réunir des patrons et leur demander d’investir. Une offre doit être proposée. Or, de ce point de vue, il sera difficile d’agréer des investisseurs, tant que notre politique est toujours dans la gestion du dirigisme et sans compter aussi que les ZET, sont une idée surannée de nos jours et ne correspondent pas aux idées des groupes internationaux ou nationaux, pour investir dans le Tourisme»
Selon cet expert, avant de proposer quoi que ce soit, il faut avoir choisi l’option du tourisme que l’on vise. «Des investisseurs de renommée étaient prêts à investir chez nous, mais sont vite repartis face aux normes algériennes. Il n’y avait aucune concordance entre ce qu’ils désiraient et ce qui a été proposé».
En effet, pour beaucoup d’observateurs, il y a trop d’interférences dans la gestion des ZET, et ce, d’autant plus que l’ANDT (Agence nationale du développement du tourisme, n’a pas la mainmise sur le foncier touristique.
La gestion de ce secteur a d’ailleurs été remise en cause à maintes reprises par des économistes jugeant que la gestion de ce dossier devra être faite par des professionnels en la matière et non par des technocrates ou des fonctionnaires.
Pour M. Bourad, «il faut une grande maitrise de ce dossier et ne jamais l’aborder avec des idées préconçues qui datent des années 80. Aujourd’hui, c’est le marché qui détermine tout. On doit, au préalable, cibler le type de clientèle, car les besoins différent pour chaque catégorie de clients. Ensuite, faire intervenir des consultants qui maitrisent le sujet et qui peuvent déterminer les besoins tant en matière du nombre de lits, que d’architecture, d’espaces verts, des besoins en énergies, eau, etc. pour éviter tout «gourbisation» de l’infrastructure. Ce n’est qu’à ce titre qu’on arrivera à attirer des investisseurs.
Faire renaitre le tourisme de ses cendres c’est avant tout, donner du rêve. Or l’investisseur quand il se voit proposer une ZET qui ne correspond pas à ces ambitions, repart. En somme, c’est le marché qui détermine l’investissement».
Pour M. Bourad, «il faut s’éloigner de la gestion dirigiste qui nous caractérise. On doit, pour réussir à sauver le tourisme, savoir l’adapter et réfléchir à long terme surtout. On ne peut se permettre de créer 10.000 lits qui ne serviront à personne dans 5 ans. Il faut aller outre la vision étriquée qui a été notre apanage toutes ces années. Il faut savoir évoluer et ne pas avoir honte de prendre ce qui se fait de bien ailleurs», nous a-t-il expliqué, tout en précisant qu’«il faut réellement que la loi 49/51 qui a été abrogée, soit réellement appliquée».
En définitif, notre tourisme doit savoir s’adapter et répondre aux normes internationales.
R. H.
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Bonjour, arrêtons l’hypocrisie ! ça fait des décennies que l’on dénonce la politique dirigiste en matière de tourisme et notamment le foncier, c’est pas du dirigisme c’est du socialisme archaïque. Certains pouvoir public sont délibérément contre le secteur privé er l’économie de marché et donc du tourisme sinon il y bien longtemps que nous aurions un tourisme digne de ce nom. En outre il faut déclasser de toute urgence les ZET er les PAT où il a des terrains privés et laisser les gens investir. Tout les autre discours ne sont qu’une honte pour ceux qui abordent pas et luttent pas contre cette inertie propre à une politique économique socialiste !
En aménagement touristique, la notion des ZET revêt, à travers sa double dimension juridique et spatiale, trois significations principales :
La réalité du terrain est loin de refléter les ambitions contenues dans le dispositif réglementaire, technique mis en oeuvre par le secteur à l’égard des ressources touristiques et en direction des différents intervenants, intéressés par le développement de l’activité touristique. L’absence d’outils spécialisés de maîtrise du foncier touristique a contribué à la dérive constatée dans l’utilisation du potentiel.
L’insuffisance des capacités d’études et de réalisation, s’est traduite au niveau du secteur
touristique par d’importants retards dans la réalisation des projets programmés.
L’insuffisance de définition des ZET et de leur protection, s’est traduite par certaines implantations anarchiques et atteintes au milieu naturel des sites touristiques. Ces contraintes sont traînées assez longtemps par le secteur et risque de durer.
Depuis le démarrage de l’Agence Nationale de Développement du Tourisme (décembre 1998) , ces mêmes problèmes persistent pour l’affectation des terrains des Zones d’Expansion Touristiques. Les mêmes réflexions sont toujours présentes dans nos administrations, il est temps que les pouvoirs publics prennent en charge définitivement ce problème, qui entrave le développement touristique, afin que les outils du secteur ne seront pas dissous dans un avenir proche comme leurs aînés.
Il semble évident, que la solution des problèmes du foncier ne réside exclusivement dans le fait pur et simple de prendre une série de dispositions législatives. C’est seulement quand celles-ci seront la conséquence d’un processus cohérent et réfléchi, ou l’on inclura l’analyse critique de la législation en vigueur, le pourquoi de son éventuelle inobservation, la limite des domaines déjà réglementés et de ceux qui sont encore vierges, c’est seulement quand on aura réussi à créer une conscience civique autour de ces problèmes, que les normes pourront être efficaces.
Vendre les terrains dans une Zone d’Expansion Touristique, ne constitue pas une activité si particulière, qu’on ne puisse lui appliquer les règles communes à tout produit, qui donc on puisse se dispenser du préalable que constitue l’analyse du produit à vendre. Une ZET bien aménagée, sera bien commercialisée. Commercialiser une ZET c’est vendre avec un œil sur le présent et un œil sur l’avenir. Les techniques de gestion d’une ZET peuvent se concevoir de plusieurs manières, la réservation des terrains pour les promoteurs représente le premier problème à résoudre par l’ANDT.
L’incertitude et les tracasseries d’acquisition des terrains s’accommodent mal avec
l’investissement, bon nombre de ces promoteurs notamment étrangers, sont partis fructifier leurs capitaux sous des cieux plus cléments.
En effet, si l’acquisition d’un terrain ne nécessite que quelques jours chez nos voisins, en Algérie, il faudra des années de tracas administratifs sans pour autant être sûr de l’obtenir.
Il est incontestable que le rôle de l’Etat dans l’industrie du tourisme est prépondérant. Ce rôle trouve les fondements dans la promotion du tourisme, dans son rôle d’organisation qui actionne à distance ses outils.
Afin d’optimiser les actions de l’ANDT, les tâches de l’Etat devraient être cadrées dans une politique touristique appropriée au niveau:
Au plan des investissements, les difficultés de financement alliés aux contraintes d’accès au terrain, à leur jouissance et à toute propriété auxquelles sont confrontés les promoteurs, doivent trouver les solutions adéquates.
Conformément à l’esprit et aux exigences que posent les systèmes socio-économiques, le
développement de l’industrie touristique doit être planifié dans son ensemble, à l’échelon du pays tout entier, dans une perspective à long terme.
Pour cela, le schéma Directeur d’Aménagement Touristique, devra reposer sur une stratégie de développement à long terme et de complémentarité avec l’aménagement du territoire. Il devra être complété par l’adoption de normes et de textes réglementaires, ainsi que par un système complet de contrôle, de surveillance et au besoin de sanction.
Une responsabilité tout à fait particulière incombe à cet égard à L’Agence Nationale de
Développement du Tourisme, principalement aux spécialistes de l’aménagement jusqu’à
l’architecture du bâtiment. De ce fait, elle peut mettre en valeur le patrimoine, de transformer des sites en de véritables atouts touristiques durables.
Suivant ce cadre, l’Etat par son représentant le Ministère du Tourisme et de l’Artisanat doit
mettre tous les moyens possibles à la disposition de l’Agence, pour lui permettre d’être au
diapason des entreprises des pays limitrophes, pour faire du développement touristique un enjeu dans le prochain millénaire. L’organisation qui a caractérisée les structures du Ministère et des organismes placés sous sa tutelle a évolué de façon anarchique.
Il paraît, toutefois, évident que ces structures sont restées en inadéquation avec les impératifs et les objectifs de développement assignés au secteur. Dans cette situation, ces structures, n’étaient pas en mesure de faire face à la fois, à la réalisation des programmes de développement, à la prise en charge des problèmes de coordination et d’assistance aux collectivités locales et autres opérateurs, dans la mission qui leur est dévolue en matière de tourisme.
Ces remarques, nous permettent d’affirmer que la planification touristique est, ni plus ni
moins, que la traduction dans la réalité d’un processus décisionnel, à partir d’un but pour
aboutir à un projet, qui est le développement touristique.
Il est temps et opportun d’engager une profonde réflexion sur le devenir du tourisme en
Algérie: sa politique, sa stratégie, sa philosophie. Il y est va de sa survie et son développement.
» A mesure que la connaissance progresse, les énigmes se multiplient et, si cela continue, les ignorants seront bientôt seuls à savoir quelque chose »
Bien Cordialement
B.ABID Ex- Cadre du Tourisme