La société nationale du transport ferroviaire (SNTF) accuse un déficit financier de 14,7 milliards de DA en 2020. L’arrêt pratiquement de l’activité du transport des voyageurs, suite aux mesures du confinement prises par le gouvernement afin de limiter la propagation de la pandémie du Coronavirus, est à l’origine de ce manque à gagner.
Akrem R.
Le Pdg de la SNTF, Karim Ayache a imputé ce déséquilibre financier aux pouvoirs publics, en affirmant que la société n’a pas reçu sa dotation de l’Etat comme convenu. Dans une déclaration à une chaine de TV privée, M. Ayache a rappelé que le transport des voyageurs est subventionné par l’Etat qui contribue au soutien du prix du ticket.
« Annuellement, nous recevons une dotation financière de 14,7 milliards DA repartie en deux tranches. Malheureusement en 2020, nous ne l’avons pas encore eue. Ceci nous a mis dans une situation financière difficile», a-t-il expliqué. À cet effet, et afin d’honorer ses engagements envers les 15 700 travailleurs, la société a contracté des crédits bancaires auprès de la Banque nationale algérienne (BNA), depuis septembre 2020 à fin mars 2021.
Dans ce cadre, le premier responsable de la SNTF a fait savoir que la situation commence à se détériorer, notamment, face à la réticence de la banque dans l’octroi de crédits, informant, que les autorités concernées ont été interpellés sur la question. Une rencontre a été, d’ailleurs, tenue jeudi dernier, affirme-t-il, avec le ministre des Transport et des Travaux publics, Kamel Nasri, où ce dernier s’est engagé à prendre en charge les doléances et les préoccupations de la société.
«Le ministre nous a rassuré que le dossier sera pris en charge par le gouvernement», a indiqué M. Ayache. Sur un autre registre, le Pdg de la SNTF a annoncé l’élaboration d’un plan stratégie pour la gestion des ressources humaines, visant à la résolution des problèmes des travailleurs.
90 accidents au niveau des passages à niveau
Le même responsable a, en outre, indiqué que la SNTF est confrontée à un réel problème, à savoir, la multiplication des accidents au niveau des passages à niveau, au nombre de 1 100. Il y a une moyenne de 70 accidents/ an, engendrant pas moins de 13 morts et 36 blessés. Ces accidents occasionnent des pertes énormes à la société.
D’ailleurs, sur les 17 trains que l’Algérie avait achetés en 2007, cinq (5) seulement sont opérationnels, a-t-il déploré. Les autres, soit 12 trains, nécessitent des investissements colossaux pour leur mise en marche. Même les nouveaux trains Coradia, récemment achetés par l’Algérie, en déboursant des sommes faramineuses, ont été touchés. Cinq Coradia sur les 17 que compte le pays sont à l’arrêt !, déplore-t-il. Évoquant l’autre phénomène, à savoir, les dégâts engendrés par les jets de pierres sur les trains, le Pdg de la SNTF a fait savoir que pas moins de 400 accidents sont de ce fait, enregistrés chaque année. La réparation de ces dégâts nécessite la mobilisation d’un budget de 400 millions de DA. Le remplacement d’une vitre d’un Coradia, indique-t-il, coûte à l’entreprise près de 150 millions de centimes! Il a appelé les citoyens à la raison, en protégeant le train qui est un bien de tous les Algériens. La société travaille en étroite collaboration, affirme-t-il, avec les services de la Gendarmerie nationale et de la Police pour la mise en place d’un système identifiant les points noirs. S’agissant du développement de la SNTF, Karim Ayache a rappelé que la SNTF avait obtenu un prêt de 127 milliards de dinars en 2016 pour développer l’entreprise. Il reste encore 58 milliards de DA qui seront mobilisés pour la modernisation et réhabilitation des wagons, dans le but d’augmenter le nombre de voyageurs transportés passant de 42 millions actuellement à 55 millions dans le proche avenir. Depuis le début de l’année en cours jusqu’au 31 mars, 7,5 millions de passagers ont utilisé les trains. S’agissant des retards, il a indiqué que 78% des trains en Algérie enregistrent des retards qui sont dus, selon lui, au sabotage qui affecte le réseau ferroviaire, précisant que la circulation des trains vers la banlieue d’Alger reviendra à la normale dans les 48 heures, après le sabotage enregistré, récemment.
A. R.