Le pouvoir d’achat des ménages à l’épreuve… du mouton de l’Aïd. À J-2 de la fête de l’Aïd El Adha, des Algériens sont toujours à la recherche d’un mouton accessible. La hausse vertigineuse des prix comparativement aux années précédentes à fausser les calculs de nombreux chefs de familles, notamment, les salariés.
Par Akrem R.
En effet, les prix ont dépassé tous les pronostics. Un mouton d’une carcasse moyenne frise les 60 000 DA. Un prix dépassant de loin le salaire d’un fonctionnaire de la Fonction publique.
Lors d’une virée effectuée dans certains points de ventes réservés à cet effet, nous avons constaté une disponibilité du cheptel, mais à des prix à couper le souffle.
Dans une parfaite organisation, comparativement aux années précédentes, au niveau du point de vente es ’Eucalyptus, des vendeurs venus des wilayas de Djelfa, Laghouat, M’slia et autres reconnaissent que les prix sont en hausse, mais indépendamment de leur volonté.
Une chose est sûre, et de l’avis de nombreux chefs de familles rencontrés aux alentours de ces points de ventes, les prix affichés donnent le tournis. Les éleveurs et les spécialistes du domaine s’accordent à dire qu’il n’y a pas de mouton à moins de 50 000 DA cette année.
«Les prix des moutons cette année sont hors de portée. C’est de la folie ! », indique Hamid, un fonctionnaire de ces deux enfants dans l’espoir d’acheter un mouton pour l’Aïd. Un vœu difficile à réaliser durant cette conjoncture marquée, déjà, une hausse généralisée des prix de plusieurs produits.
Les salariés dans le désarroi
Il est difficile d’économiser de l’argent pour un tel événement. « Je touche un salaire de 45 000 DA et les prix des moutons débutent à partir de 60 000 DA ! C’est une équation difficile à résoudre », dira-t-il encore. Ce dernier affirme qu’il va encore attendre la journée d’aujourd’hui, Lundi, pour trancher sur l’acquisition ou pas d’un mouton. Il y a espoir que les prix baissent durant ces dernières 48h.
Le prix de l’agneau dont l’âge est de moins d’un an et trois mois débute à 55.000 DA et peut atteindre jusqu’à 80.000 DA. Les moutons dont l’âge est entre un an et deux ans, et plus, sont à partir de 85.000 DA. A entendre ces éleveurs, leurs marges suffiraient à peine à combler les charges. Avec un fort esprit d’abnégation, tous jugent que ces prix ne compensent nullement leurs efforts.
Les éleveurs et vendeurs se défendent et affirmant que la raison principale de la hausse des prix est l’absence de moutons sur le marché. Pour eux, l’offre est inférieure à la demande.
Le prix des aliments de bétail a aussi augmenté, donc, élever un mouton devient plus coûteux. Ses dépenses deviennent de plus en plus élevées, c’est ce qui les aurait amenés à une telle situation. Des motifs et explications que le ministère de l’Agriculture ne cautionne pas, pointant du doigt les intermédiaires.
Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafidh Henni, a, avait, en effet, indiqué, jeudi dernier, lors d’une plénière de l’APN, que la hausse des prix du bétail, à l’approche de l’Aïd Al adha, concerne le bétail commercialisé par les intermédiaires et les vendeurs « occasionnels » et non pas par les éleveurs, affirmant qu’Alviar proposait des moutons de l’Aïd disponibles à partir de 40.000 DA.
Pour l’ensemble des ménages, la fête de l’Aïd El Adha est extrêmement importante, et ne pas en acheter, serait, presque, impensable. Donc, les vendeurs vont attendre jusqu’à la dernière minute pour commencer à réduire un peu les prix.
Commander de la viande chez les bouchers
Face à cette situation «inédite», avec des prix qui ont atteint le pic, de nombreuses familles sont déjà passées au plan «B». Elles ont déjà passé commandes chez les bouchers pour l’acquisition de quelques kilogrammes de viandes et autres abats pour célébrer la fête de l’Aïd.
C’est tout un marché qui vient d’être créé. D’ailleurs, les prix des abats, à titre d’exemple, ont connu une hausse conséquente. Le foie du mouton est cédé à 4000 DA, le reste des abats est à 2000 DA, alors qu’auparavant, il était à 1200 DA.
La tête de mouton et les quatre pieds sont proposés à 2000 DA. Quant à la viande, elle est à partir de 1800 DA pour la bovine et plus 2000 DA/kg pour l’ovine. Malgré cette hausse, il reste un bon marché pour de nombreux salariés qui peuvent avec 20 000 DA acheté quelques kilos de viandes et abats.
A. R.