Le chantier de la mère des réformes économiques en Algérie est désormais lancé. En effet, Le Premier ministre, Aïmene Benabderrhamane avait annoncé la semaine dernière devant les devant les Sénateurs, que le projet de loi sur la monnaie et le crédit a été finalisé et que le texte sera présenté dans les tous prochains jours en réunion du gouvernement.
Par Akrem R.
Benabderrahmane a précisé que ce texte a connu des « amendements profonds » de nature à donner « une forte impulsion » au processus de réforme du secteur financier et bancaire, à travers la consécration de l’adoption des critères internationaux et des meilleures pratiques dans le financement de l’économie. Cette démarche, dira-t-il, est dictée par des impératifs d’adaptation aux mutations économiques et financières et aux défis techniques et technologiques, en sus, de « s’ouvrir à de nouveaux opérateurs».
C’est dans cette optique que l’expert en investissement international, en l’occurrence, Mohamed Sayoud a émis une série de propositions pour l’amélioration de la Loi sur la monnaie et crédit. Il a estimé que les nouvelles mesures sont indispensables pour réguler les dérives intérieures et extérieures de l’économie grise (l’économie informelle) et d’avoir une économie forte et une monnaie forte.
Le e-paiement indispensable
Pour cela, estime l’expert Sayoud, il est primordial d’imposer le paiement électronique comme seul moyen pour les différentes transactions commerciales et également de passation du marché pour les entreprises. Cette mesure imposera aux commerçants et autres opérateurs de s’impliquer dans le e-paiement.
Sur ce point, le manager du Cabinet de Conseil à l’investissement «Invest Design Consulting», a préconisé d’inculquer la culture du paiement par carte bancaire à tout le monde, même aux jeunes de 16 ans et plus (lycéens et universitaires), grâce à des campagnes de sensibilisation en leurs attribuant des cartes de paiement gratuites et sans frais, pendant une période d’un an à deux ans .
Outre la généralisation du e-paiement, l’expert a appelé à procéder rapidement à l’ouverture d’agences bancaires algériennes à l’étranger, notamment, principalement dans des villes étrangères tels que Rome, Milan, Dubaï, Berlin, Frankfurt, Madrid, Barcelone, Paris, Lyon, Marseille, Lille, Istanbul, Shanghai, Guangzhou, Hong Kong, Tunis, Londres, Bruxelles, Amsterdam, et autres, dans le continent africain. Ceci va faciliter à notre diaspora et les investisseurs étrangers les transferts de devises vers l’Algérie, et contribuera à la diversification de notre économie. Cette dernière ne pourrait se réaliser qu’à travers une révision profonde de notre système fiscal. Actuellement, les opérateurs économiques se plaignent de la multiplication des impôts, rendant l’acte d’investir contraignant. En somme, trop d’impôts tue l’impôt et encourage le marché informel.
La solution, dira Mohamed Sayoud, est de faciliter et d’encourager l’investissement afin d’atteindre l’objectif escompté, à savoir, la création d’environ 1 million de PME/PMI pour générer 5 à 7 millions d’emplois.
Ainsi, il est recommandé de procéder à un contrôle rigoureux des montants déclarés des contrats de location et de la vente de tout types d’immobilier.
Ces démarches sont en mesure de contourner et de mettre fin progressivement à l’informel dont la masse monétaire est estimée à environ 40% de notre PIB (produit Intérieur brut), soit l’équivalant de 90 milliards de dollars !
A tout cela, s’ajoute, indique Mohamed Sayoud, l’impératif de trouver une solution radicale au marché parallèle de la devise. Il est à noter que ce marché est prédominant en Algérie et les bureaux de changes n’existent pas. La raison : le dinar à une double parité et l’échange dans l’informel est plus profitable qu’à travers le circuit officiel.
Pour cela, la Banque d’Algérie est appelée à l’augmentation de l’allocation touristique à environ 2000 euros pour chaque algérien(e) en partance vers l’étranger. Cette démarche va réduire, incontestablement, la demande des devises au marché informel et va automatiquement, obliger, en quelques sorte, notre diaspora établie à l’étranger de passer par les banques pour échanger leurs devises.
Haro sur la surfacturation!
Toujours dans le domaine bancaire et financier, l’expert international, Mohamed Sayoud a appelé à la mis en place d’un dispositif «sévère» pour pénaliser la surfacturation, le transfert illicite et la sous-facturation pour ceux qui effectuent la vente en l’état, du fait que ces derniers échappent aux services du fisc et des douanes. A ce jour, dira-t-il, beaucoup d’entreprises étrangères et algériennes profitent de ce fléau en transférant des sommes colossales en devises pour, généralement, alimenter le marché illégal de la devise. D’ailleurs, une bonne partie des entreprises étrangères gonflent les salaires de leurs employés afin de transférer les devises vers l’étranger. Le transfert illicite des capitaux, la surfacturation, fausse déclaration des prestations pour les bureaux d’études étrangers, les surestaries, et l’application d’une tarification spéciale pour les marchandises à destination de l’Algérie (montants excessifs), par certaines compagnies maritimes, sont autant de pratiques frauduleuses qui sont contre l’évolution économique de notre cher pays.
En somme, à ce jour, l’absence d’une réglementation rigoureuse du marché parallèle de la devise a laissé le champ libre à la prolifération de l’informel. «Tant que l’Etat algérien n’a pas encore opté pour régulation du marché de la devise, ce désordre encouragera encore les spéculateurs qu’ils soient algériens ou étrangers, qui ne vont cesser de transférer des sommes colossales vers l’étranger, ce qui nuit à l’émergence de notre pays», conclut-il.
A. R.