Les dernières mesures prises par le président de la République, ont suscité des réactions positives dans le milieu des médias algériens, et les professionnels interrogés, estiment, à l’unanimité, qu’il s’agit là d’un pas de géant qui va dans le sens d’une meilleure régulation du secteur de la presse. Ci-après les déclarations et les appréciations de quelques-uns de nos confrères.
Propos recueillis par Lyazid Khaber
Amine Goutali, Rédacteur en chef adjoint à Horizons: «Ces mesures auront un impact direct sur la corporation»
«Il ne fait aucun doute que les mesures décidées par le président de la République au profit des médias répondent à des besoins impérieux exprimés, plus d’une fois, par une grande majorité des membres de la corporation. Cela est d’autant plus vrai que ces décisions interviennent dans le prolongement du parachèvement de l’arsenal législatif présidant aux destinées du secteur, à savoir, l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur l’information et les deux lois régissant la presse écrite et électronique ainsi que l’activité audiovisuelle, sans oublier, bien entendu, la restructuration des imprimeries publiques. Sans entrer dans les détails, j’estime que ces mesures auront, une fois mises en œuvre, un impact direct, notamment, sur la corporation des journalistes souvent en butte à des soucis d’ordre socioprofessionnel.»
Redouane Derdar, journaliste et rédacteur en chef du magazine Jeune Algérie : «C’est un puissant catalyseur pour le secteur de l’information»
«Les mesures annoncées par le président de la République à l’occasion de la Journée nationale de la presse sont considérées comme un puissant catalyseur pour le secteur de l’information en général et la profession du journalisme en particulier. Ces mesures encourageront et revitaliseront le secteur, en le plaçant à la hauteur des défis auxquels il est confronté, tant au niveau national qu’international. De plus, elles contribueront à promouvoir le travail journalistique et à préserver les emplois dans le secteur de l’information, répondant, ainsi, aux préoccupations fondamentales de la famille de la presse nationale.»
Hassan Moali, journaliste et chroniqueur télé : «La décision du Président d’ordonner une étude pour une gestion plus objective et économique de la publicité est historique»
«Les mesures annoncées par le président de la République en faveur de la presse et des médias sont évidemment les bienvenues en ces temps extrêmement durs. Elles sont incontestablement de nature à amortir le choc de la décrue inexorable du marché publicitaire, de la fonte des ventes et de la migration des « consommateurs » vers de nouveaux supports d’information modernes, moins coûteux, et plus accessibles, via un smartphone. Du coup, ces mesures vont sans doute, aider les entreprises à être plus résilientes face aux chocs, qu’ils soient endogènes ou exogènes, qu’elles subissent. Ceci est tout à fait important. Pour autant, la décision du président de d’ordonner à ses collaborateurs de lui proposer une étude pour une gestion plus objective et économique de la publicité est historique. Vous n’êtes pas sans savoir que la publicité telle qu’elle est gérée actuellement, ne profite pas aux médias méritants. Plus grave encore, elle donne naissance à de nouveaux riches qui, souvent, n’ont rien à voir avec le secteur des médias et du journalisme. Aussi, la décision du chef de l’Etat de réactiver le fameux fonds d’aide à la presse est une excellente nouvelle. Il faut juste espérer qu’il ne profitera pas aux mêmes vautours qui n’apportent rien au développement de leurs médias, voire, parfois, ne déclarent même pas leurs salariés à la sécurité sociale ! Ne faisons, certes, pas la fine bouche, mais attendons de voir comment ces mesures seront mises en pratique. Il va de soi que les meilleures mesures que le président de la République doit prendre à mon avis, c’est de libérer les médias publics et permettre aux journalistes d’exercer convenablement leur métier en ordonnant le déverrouillage des sources d’information. Sinon, nos compatriotes qui souhaitent s’informer, seront, hélas, contraints d’aller écouter les « livistes » d’outre-mer et « d’outre terre » qui leur racontent tout et n’importe quoi.»
Nadjib Stambouli, Directeur de publication du quotidien Le jour d’Algérie : «La corporation a accueilli les mesures prises avec une grande joie»
«Toute la corporation (même si je ne suis pas mandaté pour parler en son nom), journalistes et responsables de presse, a accueilli les mesures prises par le Président, une dizaine, avec une grande joie. Diminuer l’abonnement du fil APS ou celui d’Algérie Télécom pour les sites électroniques est un sacré coup de pouce pour booster la production médiatique. Et ce ne sont pas des rabais de pure forme ou symboliques mais assez consistants, montant jusqu’au tiers des anciens tarifs. Il est évident que moralement, cette aide financière va créer une meilleure atmosphère dans notre univers, soutien budgétaire dont profitera la trésorerie des entreprises de presse et, par ricochet, du moins l’espère-t-on, les journalistes et assimilés. En somme, ces mesures présidentielles auront sans conteste pour effet immédiat de remettre le pied à l’étrier d’une presse en grand besoin d’un souffle nouveau. Pour ce qui est des attentes pour développer le secteur, et je le dis avec le sourire, je pense que ni votre article ni l’ensemble de votre journal ne suffiraient à énumérer et sérier tous les axes d’une telle projection sur l’avenir d’une presse moderne.»
Djamel Zerrouk, Ancien journaliste à la retraite : «Le président de la République a décidé de régler définitivement les problèmes»
«Nous constatons que cette fois-ci, le président de la République a décidé de régler définitivement les problèmes qui persistent au sein de la a profession. Cependant, il serait judicieux, en matière de la gestion de la publicité institutionnelle, d’installer un comité de « surveillance et de suivi » au niveau de la direction générale de l’ANEP. Réunissant des fonctionnaires et des journalistes (par exemple trois de chaque secteur), cette entité paritaire, sous contrôle direct du ministre de la Communication, devra siéger au niveau de la direction générale au moins une fois par semaine. Et ce, pour dégager le « quota » de chaque media en fonction de la ressource humaine, du tirage, etc. Il serait utile que la composante de ce comité soit tournante, c’est-à-dire appelée à être renouvelée tous les six mois. Autre suggestion, la création d’une école pratique des techniques journalistiques tous secteurs confondus. Cet établissement viendra en appoint à la très académique ENSJSC (École nationale supérieure de journalisme et des sciences de la communication, dépendant de l’université d’Alger 3). Les animateurs de cette école pratique devront être des journalistes professionnels ayant au moins 15 ans de pratique et parfaitement bilingues. Il ne faut pas omettre aussi que la création d’un fonds social mutualiste est on ne peut plus d’actualité ainsi que la mise à disposition de quotas de logements pour les journalistes qui sont vraiment dans le besoin.»