Durant ces vacances scolaires, le lac Dhaya dans la wilaya de Médéa, a attiré beaucoup de monde, à la grande satisfaction de ses riverains, qui, en ces temps d’incertitude sanitaire et économique, représente une véritable opportunité d’arrondir ses fins de mois. Si ce n’était pas l’engouement des journées caniculaires de l’été, où les medeens sont à la recherche du moindre souffle d’air frais, la fréquentation de ce site était importante.
Par Kheir Eddine Lyes
Durant ces vacances scolaires, le lac Dhaya plus communément appelé «le lac suspendu» a connu une fréquentation inaccoutumée pour cette période de l’année.
Perché à plus de 1250 mètres d’altitude sur les monts de Tamezguida, à 12 km au nord-est de Médéa, le lac suspendu de « Dhaya » est un site naturel sauvage et pittoresque. Une merveille de la nature. Le lac suspendu s’étendant sur une superficie de deux hectares, le lac est entouré d’une forêt séculaire renfermant de nombreuses espèces végétales et essences, notamment le chêne à glands, le chêne liège, le chêne vert, l’érable champêtre, l’orme, le caroubier, le pin d’Alep, l’olivier, le genêt et le mûrier… Une diversité qui a transformé ce lieu en un véritable sanctuaire pour différentes espèces d’oiseaux et de mammifères. Ce site féerique a donné lieu à d’innombrables histoires et contes imaginaires. On prête à cet endroit toutes sortes de miracles et de pouvoirs surnaturels.
Autant d’atouts qui ont fait dire que le vrai miracle c’est l’œuvre de la nature.
Rencontré sur le lieu Tayeb, un chef de famille avoue être venu pour «fuir un moment le stress de la pandémie»
Tout autour des berges, les familles vaquaient à diverses occupations. Plus qu’une image d’Epinal, c’est un veritable fait sociale qui s’opère dans cette wilaya réputée très conservatrice.
Si auparavant ce lieu accueillait de manière limitée les touristes, pandémie aidant, la fréquentation a été considérablement augmentée.
«Avant je ne venais que rarement, mais la covid19 nous a fait prendre conscience de la beauté de notre wilaya. Mes enfants s’en donnent a cœur joie et déstressent beaucoup, surtout avec une année fortement perturbée.» , dit Saber un quadragénaire, qui promet de revenir aussi souvent qu’il le peut.
Tout autour du plan d’eau, ce ne sont que des cris d’enfants, heureux de se libérer de la ville et de ses bétons. Beaucoup ont ramené de quoi faire des barbecues. Pendant que les femmes s’activaient à préparer les repas, les jeunes (filles et garçons) se baladaient sur les sentiers, le nez plongé sur leurs portables. A chacun sa façon d’apprécier la nature.
Rencontré au détour d’un buisson d’épineux, Hadj Salem nous a confié que «cette virée est pour lui lénifiante et reposante», mais regrette «que les autorités locales ne mettent pas assez en valeur ce site».
En effet, tout paradisiaque qu’il est, le lac Dhaya, risque de souffrir de sa notoriété, par manque d’entretien et d’infrastructures adéquates. «C’est dommage qu’un aussi beau site soit laissé entre des mains inconscientes attirées que par le profit immédiat» nous dit un jeune membre d’une association écologique d’Alger venu apprécier les lieux.
En effet, le «lac suspendu» donne une mauvaise image, née de ces vendeurs qui vous harcellent pour leur acheter du pain maison «kasra». Une mauvaise image accentuée par ces commerces informels et éphémères, qui vous font payer une bouteille d’eau minérale à 50 da, par exemple.
«La wilaya de Médéa possède avec ce lac un atout indéniable, pour peu qu’on sache le valoriser, le faire connaitre mais surtout l’entretenir de façon à ce que le touriste n’ait pas en vue que les détritus et oublie la beauté qui l’entoure. C’est vrai l’incivisme de certains y est pour beaucoup, mais c’est à l’office du tourisme de prendre les mesures nécessaires pour palier à tous ces mangues » nous dit le jeune écolo.