Par Lyazid Khaber
Emmanuel Macron arrive aujourd’hui à Alger, sur invitation de son homologue algérien, le Président Abdelmadjid Tebboune. Il faut dire que cette visite de deux jours, charrie bien des passions, tant en Algérie qu’en France, où les «cercles fermés» usent et abusent de cette rhétorique qui a depuis l’indépendance, empêché un réel essor des relations entre les deux pays, lesquels étaient pourtant bien partis au départ, avec la signature des accords d’Evian, et l’accès à la souveraineté de l’Algérie désormais libre de choisir le chemin à suivre. Les relations plus «intimes» entre les deux peuples, malgré les séquelles d’une guerre sanglante et 132 années d’une colonisation débridée, ne se sont pas arrêtées en 1962, à telle enseigne que l’on enregistre depuis, des flux importants d’une migration qui va dans les deux sens. L’entêtement des dirigeants successifs de la République française à ne pas faire amende honorable, a fait perdurer les frictions, et par conséquent retardé les possibilités d’un affranchissement du passé et de ses ressentiments. Emmanuel Macron, né après la guerre, et résolument tourné vers l’avenir, est le premier à qualifier la colonisation de «crime contre l’humanité», tout en étant bien conscient du fait que ce genre de crimes est imprescriptible, d’où l’attente, côté algérien, de gestes encore plus significatifs, mais surtout sincères. Cependant, arrivés à ce stade, les deux Etats ont aussi d’autres terrains où ils peuvent coopérer, tant il est plus facile pour l’un que pour l’autre de mieux cerner les besoins et ambitions. Les deux peuples sont liés par une longue histoire, tumultueuse certes, mais qui peut bien évoluer pour mieux avancer vers l’avenir. Ceci dit, de part comme de l’autre, on ne doit pas tomber dans les raccourcis de la «haine» sciemment entretenus par les «rétrogrades» de tous bords. L’Algérie, comme la France d’aujourd’hui, ont besoin l’une de l’autre. Et l’histoire ne peut être emprisonnée dans le prisme d’une vision manichéenne, mais plutôt inscrite dans une démarche de construction pour assurer un meilleur avenir aux générations futures. Les algériens et les français peuvent vivre ensemble comme ils l’ont fait depuis déjà plusieurs décennies, tout comme le font les mêmes français avec leurs ennemis jurés d’hier (les allemands, ou encore les anglais) avec lesquels ils ont su dépasser les remords du passé sanglant, et tracer une voie royale vers l’avenir. Ainsi, pour la France, la meilleure porte sur l’Afrique n’est autre que l’Algérie ; et pour l’Algérie, la meilleure porte sur l’Europe n’est autre que la France. Le monde étant devenu un village, avec de plus en plus de regroupements régionaux, il faut admettre que les relations apaisées, permettront de bâtir une vraie force régionale qui regrouperait les pays du pourtour méditerranéen. L’histoire, c’est maintenant qu’il faut l’écrire. L’histoire est celle qui trace les sillons de demain, pour permettre à nos différents peuples de s’émanciper du passé pesant. Pour Macron, cette visite sera orientée «vers l’avenir, les start-up, l’innovation, la jeunesse, des secteurs nouveaux», selon les termes même de l’Elysée. Côté algérien, nous ne demandons que le respect dû à notre peuple à notre nation. Conscients que nous sommes des défis de l’avenir, nous ne refusons aucune main amicale tendue, et en peuple civilisé, nous savons enterrer la hache de guerre, pour avancer sereinement vers des lendemains meilleurs.
L. K.