Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, s’est adressé, dimanche 13 décembre aux Algériens, depuis son lieu de convalescence en Allemagne, pour les rassurer sur son état de santé, affirmant que sa période de convalescence « pourrait être prolongée d’une à trois semaines« , nécessaires pour « reprendre les forces« .
Par Farid D.
Le moins que l’on puisse dire, est que l’apparition publique du Président était plus qu’impérative.
Il y a, d’abord, l’effet psychologique positif que son intervention a suscité chez une population non encore remise de son long traumatisme dû à la vacance prolongée du pouvoir, pour cause d’invalidité de son ex-Président déchu, et dont on craignait une espèce de «remake», une année à peine après l’élection du 12 décembre 2019. Ensuite, l’apparition du chef de l’Etat a été rassurante d’un point de vue éminemment pratique. Il faut savoir, en effet, que, régime présidentiel oblige, tout handicap de la fonction suprême de l’Etat entraîne la suspension de nombre de décisions politiques et partant, du fonctionnement normal des institutions, ce qui, évidemment, impacte le quotidien des citoyens. Il en est ainsi, par exemple, du texte constitutionnel approuvé par référendum, le 1er novembre dernier, demeurant suspendu, tant que le président de la République n’y aura pas apposé sa signature… Il en est, également, ainsi des institutions, organismes, entreprises publics et autres, qui auraient été dans l’attentisme, s’interdisant toute initiative ou décision, et qui accuseraient le «flou» de la situation politico-institutionnelle si le Président avait persisté dans son «silence». Ceci, bien que, la présidence de la République informait, jusque-là, régulièrement sur l’état de santé du chef de l’Etat… Cependant, une communication officielle qui avait dangereusement subi la concurrence des rumeurs les plus folles autour de l’évolution de la maladie du Président, et ayant même semé le doute sur les motifs de son absence…
Autre raison, et non des moindres, qui militait pour l’urgence d’une manifestation publique du Président, tient aux derniers développements survenus sur la scène géopolitique régionale et internationale, impliquant quasi directement l’Algérie. A savoir, l’agression du royaume marocain contre le Sahara Occidental, suivie de la spectaculaire annonce de la normalisation des relations israélo-marocaines et celle du Président américain sortant, Donald Trump, reconnaissant officiellement la «souveraineté» marocaine sur les territoires sahraouis.
Autant de funestes éléments incrustés en pleine proximité régionale et géopolitique de l’Algérie, suscitant les plus vives appréhensions, qui plus est publiquement, au plus haut sommet de l’Etat.
Des craintes exprimées, d’abord, par le commandement de l’ANP à travers sa revue El-Djeich, et qui n’avait rien mois qu’appeler les Algériens à se «tenir prêts» à faire face à la menace sur la sécurité de la région, avant même l’annonce de la normalisation des relations entre le Maroc et l’entité sioniste, puis le Premier ministre, M. Djerad, qui, à la suite de ladite «normalisation», qui a averti quant au sionisme qui serait «à nos portes»… Ainsi, la moindre des assurances à même d’atténuer quelque peu les angoisses de la population a été de la part du chef de l’Etat, de certifier aux uns et aux autres qu’il y a toujours un pilote à bord.
F. D.