Pour de nombreux jeunes, la pandémie et les instructions sanitaires ont accentué leur mal être. Déjà pour beaucoup d’entre eux, la situation était alarmante. Sans couverture sociale, et avec l’incertitude d’un emploi déjà mal rémunéré, ces jeunes se trouvent aujourd’hui désemparés, ne doivent leur salut qu’à la solidarité familiale.
Les journaliers : plombiers, peintres, maçons, manœuvres, marchands ambulants, couturiers, cordonnier, les salariés informels, à l’image des nourrices et des pâtissières à domicile ou tout simplement ceux mis d’office en congé non payé par leurs employeurs se sont retrouvés du jour au lendemain sans ressources financières. D’autres qui ont l’habitude de se débrouiller en cumulant deux emplois entre le formel et l’informel sont également en manque d’argent pour subvenir aux besoins de leurs familles.
C’est le cas de ces nourrices assurant la garde des enfants (scolarisés dans les écoles publiques).
Journalier au Marché Sorecal à Bab Ezzouar (Alger), Salim, a vu ses revenus cesser du jour au lendemain. Le marché ayant été fermé pour non adaptation aux normes sanitaires, car juge trop exiguë.
«Ce marché est la seule source de revenus pour moi et ma famille. Sa fermeture est une véritable catastrophe.»
Ils sont nombreux à vivre la même situation que Salim qui ne subsistait que grâce à des activités non déclarées. C’est cette catégorie qui souffre aussi de cette situation.
Précarité…
Ahmed du haut de ses 28 ans, maçon de son état, ne sait plus où donner de la tête. Marie et père d’une fille de 6 mois, les auto-constructeurs ne font plus appel à ce corps de métier, vu la situation sanitaire.
«Je gagnais relativement bien ma vie, avant cette crise. Mais depuis, les offres d’emploi sont rares et quand elles existent, elles sont sous rémunérées. C’est à prendre ou à laisser. Aussi quand on trouve un emploi, on n’a pas le choix», nous a-t-il dit.
Combien sont-ils au final à tomber dans la précarisation la plus totale ? Répondre à une telle question en l’absence de chiffres statistiques n’est pas chose aisée.
Tous ces jeunes affirment que leur précarité est devenue un enjeu de spéculation.
«Les aides de l’Etat font l’objet de toutes les convoitises», affirme un vendeur de cigarettes, qui tient une «table» près du marché de Bachdjarah.
Si auparavant (avant 2019), c’était le couffin du Ramadhan qui faisait l’objet de convoitises, de scandales et de détournements, cette année c’est l’aide instituée par chèque depuis Ramadhan 2019 pour un montant de 6000 DA et augmentée à 10.000 DA en cette période de crise sanitaire qui risque de créer une situation anarchique au même titre que l’aide décidée au profit de ceux affectés par le confinement.
En attendant des jours meilleurs et que la crise passe, de milliers de jeunes se retrouvent sans revenus et livrés à toutes les tentations.
Réda Hadi