La relance et le développement de la sous-traitance locale notamment industrielle devient plus qu’impérative. La crise sanitaire et financière l’impose. En effet, l’Algérie n’a plus le choix que de faire appel à ses entreprises pour sortir de la crise et réduire la facture d’importation en services, en pièces de rechanges et autres.
Akrem R.
Toutefois, la sous-traitance local fait face à de nombreuses contraintes (homologation, concurrence déloyale, absence de plan de charge) qui persistent encore sur le terrain. Devant cette situation, l’Etat continue de débourser annuellement une dizaine de milliards de dollars pour répondre aux besoins du marché algérien, notamment dans les domaines de l’Energie, de l’Industrie et de l’Hydraulique.
L’ouverture de ce dossier de la sous-traitance à la concertation avec les parties concernées qui sont les grands donateurs, grandes entreprises du secteur public et les PME/PMI, est une nécessité absolue, dira l’expert en économie, Abderrahmane Hadef.
Et ce, ajoute-t-il, dans le but de mettre en place une nouvelle stratégie permettant à nos PME/PMI d’être une partie prenante de ce renouveau industriel, sur lequel le ministre actuel de l’industrie s’y attèle.
Revoir le fonctionnement de la bourse de la sous-traitance
En effet, les pouvoirs publics sont appelés à revoir le fonctionnement de la bourse de la sous-traitance, tout en mettant en place un nouveau cadre juridique plus flexible, qui permettra aux entreprises locales d’accéder à la commande publique et de disposer d’un carnet de commande, en leur donnant une visibilité au moins à moyen terme.
Notre interlocuteur a recommandé également de revoir le programme de mise à niveau de la petite et moyenne entreprise, qui n’a pas atteint les objectifs escomptés. «Aujourd’hui, nous sommes obligés de revoir ce programme pour une production et un service de qualité tel que demandé par les donneurs d’ordres», a précisé également le consultant en développement local. Ainsi, la formation reste un élément essentiel dans le développement de la sous-traitance et qui va de pairs avec cette vision de la sous-traitance en Algérie.
«Là aussi, les pouvoirs publics doivent mettre en place une nouvelle vision par rapport à la formation professionnelle qui doit être plus agressif en terme d’offres en formation et incitative. L’Etat est appelée à accorder une rémunération acceptable pour inciter les jeunes à adhérer à cette nouvelle politique de formation», a souligné M. Hadef. En même temps, poursuit-il, tous cela doit être intégré à une vision nationale pour la relance industrielle.
Saluant les dernières rencontres du ministre Ahmed Zeghdar avec les différents responsables du secteur public et ceux de la bourse de la sous-traitance industrielle, Abderrahmane Hadef a recommandé d’aller vers des discussions par filières, en évitant les généralités, définir les besoins et travailler sur des dossiers bien définis et filières dont «nous avons un certain avantage et mettre le paquet avec le soutien de tous les dispositifs existants».
Impliquer l’ANADE dans ce programme
Sur un autre registre, l’expert a appelé à l’implication de l’Agence nationale d’aide à l’entreprenariat économique (ANADE), ex ANSEJ, dans le dossier de la sous-traitance afin de le traiter d’une façon sérieuse et doit le traiter en amont. Autrement dit, l’ANADE a la mission de préparer de nouveaux opérateurs selon les besoins nationales, donner de la qualité et savoir vendre cette stratégie et la mettre en œuvre d’une façon consistante.
Ainsi, l’objectif de la création d’un million d’entreprises à l’horizon 2024 doit intégrer une partie de cette stratégie de sous-traitance pour les industriels, créer de l’emploi, de la valeur ajoutée et se préparer à la conquête des marchés à l’export.
Selon notre interlocuteur, des produits industriels et pièces de rechange sont importé à grand échelle. Aujourd’hui, les services doivent être sous-traité localement, notamment dans le domaine pétrolier qui consomme près de 3 milliards de dollars de pièces de rechanges.», ajoutant que «là nous avons un grand budget pour relancer les projets de la sous-traitance et minimiser la facture d’importation. Il y a également le domaine des Hydraulique où beaucoup d’équipement sont importé à des factures très lourdes, alors que des entreprises locales peuvent répondre à la demande locale. Il suffit de les accompagner en termes de formation». Enfin, il a estimé que le dispositif ANADE peut être un espace intermédiaire et de rencontre entre les donneurs d’ordres et les entreprises de la sous-traitance.
A. R.