Il y a quelques semaines, la Banque mondiale, dans son rapport annuel d’évaluation des performances de l’économie publié au cours du mois d’avril dernier, prévoyait une nette croissance de l’économie algérienne. Avant-hier, le ministre des Finances, Brahim Djamel Kassali, qui répondait aux députés, lors d’une séance plénière de l’Assemblée populaire nationale (APN), consacrée aux réponses du ministre aux interrogations des députés sur le Projet de loi de finances (PLF-2023), a affirmé que l’économie nationale enregistrerait une croissance hors hydrocarbures de 5,6% en 2023, grâce aux performances prévues dans différents secteurs d’activités.
Par Nadjib K.
Sous l’impulsion du secteur pétrolier et gazier, l’économie algérienne a progressé de 3,9% en glissement annuel pendant les neuf premiers mois de 2021, après s’être contractée de 5,5 % en 2020, affirmait la BM qui précise que «la reprise de la production d’hydrocarbures a été favorisée par l’envolée de la demande européenne de gaz et l’assouplissement des quotas de production de l’OPEP.» Cependant, s’il est admis que les recettes découlant des hydrocarbures ont permis de renflouer les caisses de l’Etat, depuis quelques mois, il va sans dire que les politiques publiques tendant à encourager les exportations hors-hydrocarbures, ont aussi porté leurs fruits.
Ainsi, et selon M. Kassali, le taux de croissance hors hydrocarbures devrait atteindre 5,6% en 2023, contre 4,6% d’ici à fin 2022. Il s’agit là, selon les mêmes explications, d’un taux de croissance économique global de 4,1%, qui est attendu au cours de l’année prochaine, contre 3,7% d’ici à la fin de l’année en cours. Selon le ministre, cette évolution positive s’explique par «les performances de l’ensemble des secteurs, à l’exception du secteur des hydrocarbures qui connaitra une stabilité en termes de volume».
Le PIB devrait poursuivre son évolution à la hausse
C’est ainsi que si les performances du secteur agricole étaient mitigées l’année dernière, les perspectives tracées semblent bien se confirmer à présent. En effet, dans son rapport, la BM notait que «Le PIB devrait poursuivre son évolution à la hausse pour retrouver son niveau de 2019 en 2022, malgré la faiblesse des précipitations et donc de la production agricole.» Ainsi, note-t-on, «Grâce à la reprise des investissements publics et énergétiques, la croissance des investissements devrait dépasser celle de la consommation, cette dernière étant plus timide en raison du redressement progressif du marché du travail et des répercussions de la forte inflation sur le revenu réel des consommateurs.» D’autre part, «la production d’hydrocarbures augmentera à mesure que les quotas de l’OPEP seront assouplis et que la demande de gaz algérien bénéficiera de la diversification européenne à l’égard de l’offre russe, avant de s’inscrire à nouveau dans une tendance baissière compensée néanmoins par une croissance modeste hors hydrocarbures.», précisent encore les experts de la Banque Mondiale.
Dans ses explication, le ministre des finances, note pour sa part que «Le secteur de l’Agriculture devrait enregistrer un taux de croissance de 6,9% en 2023, motivée principalement par une hausse de plus de 50% de la production céréalière qui passera de 41 millions de quintaux en 2022 à 67 millions de quintaux en 2023, a-t-il encore fait ressortir.»
Pour leurs part, les secteurs de l’industrie et du Bâtiments et Travaux publics (BTP) devront aussi atteindre respectivement des taux de 8,5% et 5,6%, bénéficiant d’une hausse des dépenses d’équipement et de plusieurs avantages offerts aux investisseurs à la faveur de la nouvelle loi relative à l’investissement, en plus de l’extension des zones industrielles et la reprise des activités de plusieurs entreprises.
Par ailleurs, et conséquemment aux différentes mesures prises par les pouvoirs publics, «le secteur des services marchands devrait bénéficier de la dynamique que connaissent d’autres secteurs, ajoute le ministre, faisant savoir que les exportations hors hydrocarbures continueront d’augmenter en 2023 de plus de 7% par rapport aux prévisions de clôture pour 2022, contre une diminution prévue des importations pour renforcer l’approche du Gouvernement visant à les rationaliser», précise-t-on.
Une balance commerciale excédentaire…
Alors que l’excédent de la balance commerciale devrait dépasser les 17 milliards de dollars à la fin de l’année 2022, selon le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane qui assurait en septembre dernier que «La balance commerciale a enregistré un excédent de 14 milliards de dollars à la fin août et nous prévoyons un excédent de plus de 17 milliards de dollars à fin 2022», les prévisions pour 2023, sont plus que prometteuses. En effet, la balance commerciale connaîtra, selon les prévisions établies par le gouvernement, un excédent de 9,4 milliards de dollars à la faveur de l’augmentation du niveau des exportations à 46,3 milliards de dollars, par rapport au niveau attendu des importations, prévu à 36,9 milliards de dollars. Cela mènera à une augmentation des réserves de change, prévues d’ici la fin de 2023 à 59,7 milliards de dollars, soit une augmentation de 9% par rapport aux réserves attendues d’ici à la fin de 2022. Selon le Premier ministre, les réserves de change ont enregistré récemment «une nette augmentation, dépassant le taux prévu».
Concernant l’inflation qui a constitué l’un des points évoqués par les députés, le ministre des finances a souligné que le Gouvernement s’attèle à la juguler à court terme, en ce sens qu’elle devrait ralentir en 2023 pour atteindre 5,1%, contre 7,7% dans les prévisions de clôture pour 2022. Cette amélioration de 2,6 points de pourcentage interviendra, selon M. Kassali, grâce «aux politiques adoptées par les pouvoirs publics en vue de garantir la disponibilité des produits de base à des prix en adéquation avec les revenus des citoyens, contrôler les prix et lutter contre la spéculation».
N. K.