La révision de la politique de commerce extérieur s’impose. De l’avis de beaucoup d’experts, il est impératif de sortir de cette vision de gestion administrative. Cette dernière a certes donné des résultats ont réduisant la facture des importations, mais qui a participé également à créer des difficultés dans l’approvisionnement du marché national.
Par Akrem R.
En effet, des ruptures récurrentes ont été constatées pour certains produits alimentaires et industriels. Cette situation a engendré une flambée des prix sur le marché. D’ailleurs, beaucoup de produits sont hors portée des ménages ! À titre d’exemple, on citera l’exemple de la viande, dont le prix varie entre 1700 à 2500 DA/kg, les pommes locales (à partir de 350 da/kg).
C’est suite à cela, que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a instruit son Exécutif de recourir à l’importation pour combler le déficit enregistré sur le marché local. Donc, le successeur de Kamel Rezig, en l’occurrence Tayeb Zitouni, est appelé à mettre en place une nouvelle approche pour la gestion du commerce extérieur, qualifié par certains, de moteur de croissance. Des premières mesures ont été déjà prises en ce sens. Zitouni a, en premier lieu, demandé aux services des ports de libérer des marchandises et des équipements bloqués au niveau des différentes structures portuaires, destinés aux usines notamment ceux bénéficiant de licences d’importation». Il a aussi ordonné également de «faciliter le sorite des marchandises des opérateurs économiques et de ne pas entraver leurs intérêts outre la simplification des démarches administratives en faveur des opérateurs économiques». La deuxième mesure prise par le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, c’est l’accélération des traitements dossiers d’importation en suspens par l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (ALGEX).
M. Zitouni avait souligné jeudi dernier «la nécessité d’accélérer le traitement des dossiers en suspens et de faciliter l’importation des produits non fabriqués localement et la libération de l’importation des marchandises et des produits dont la production locale ne couvre pas le marché national». Le ministre a appelé à «œuvrer à la protection du produit local». Il est à noter qu’une plateforme numérique a été mise en place par cet organe pour recevoir les demandes d’importation. Les opérateurs économiques avaient dénoncé à maintes reprises des lenteurs dans le traitement de leurs dossiers et la difficulté de s’assurer de la non-disponibilité des matières et marchandises à importer.
Évoluer vers une nouvelle vision de commerce extérieur
Dans ce cadre, l’économiste Abderrahmane Hadef a estimé nécessaire d’évoluer vers une nouvelle stratégie de commerce extérieur. «Il faut évoluer vers une vision du commerce extérieur, ce qui nous permettra d’avoir des liens avec nos partenaires et plus de dimension pour nos relations et attirer des IDE».
En termes clairs, l’ouverture sur le commerce extérieur ne pourrait d’être bénéfique pour notre pays notamment durant cette conjoncture mondiale difficile, marquée par une hausse des prix de l’énergie. Un problème qui ne se pose dans notre pays, du fait que le prix du gaz et électricité est toujours bas. Donc, cette ouverture sur le commerce extérieur permettra de nouer des contacts et des liens avec des producteurs à l’international, tout en lançant une large campagne de communication et de promotion de l’investissement en Algérie. «Il faut mettre les moyens sur la communication durant cette période qui constitue une opportunité pour notre pays qui détient les atouts nécessaires (énergie, ressource humaine, positionnement géographique)», a-t-il souligné.
La délocalisation pour la coproduction en Algérie
Selon notre interlocuteur, à travers la carte énergétique, beaucoup de sociétés européennes notamment, peuvent être délocalisées pour la coproduction en Algérie qui se trouve au centre du monde et dans un contient en pleine croissance. À cet effet, les accords de coopération doivent intégrer la dimension investissement pour un co-développement mutuellement bénéfique et doivent sortir du simple cadre d’intention et de bon voisinage. «Il devient nécessaire l’élaboration d’une feuille de route dans cette optique en mettant en évidence les avantages compétitifs tels que la carte énergétique, la main d’œuvre, les ressources naturelles hors hydrocarbures et la position pivot géostratégique du pays. Nous devons travailler beaucoup sur la communication pour améliorer l’attractivité de notre pays», suggère-t-il.
Concernant la promotion des exportations, le ministre Zitouni est appelé également à la mise en œuvre de la stratégie nationale d’exportation (SNE). Elaboré avec les opérateurs économiques, les experts et le Centre du Commerce international (CCI), la SNE n’a pas encore vu le jour, déplore Hadef en appelant également à la révision des mécanismes d’appui à l’export, à savoir Algex, la Safex et le Fonds d’accompagnement à l’exportation (FSPE).
A. R.