La filière boissons en Algérie avec ses cinq sous-filières est en pleine expansion. Avec une croissance annuelle de 8% et un volume de production de 4,57 milliards de litre/an, cette filière a réalisé un chiffre d’affaires de 260 milliards de DA en 2022 et emploie quelque 20 000 postes directs et 100 000 autres indirects.
Par Akrem R.
Ainsi, les producteurs nationaux, dont le nombre varie entre 400 à 500, selon l’Association nationale des producteurs de boissons, de 800 selon l’ONS et 1 767 selon CNRC, assurent la couverture du marché national à hauteur de 98%, a fait savoir le directeur exécutif de l’APAB, Aissa Zelmati.
S’exprimant lors d’un Forum de l’industrie de la boisson et aliments liquides, organisé en marge du Salon BEVLAG qui se poursuit à la Safex, l’intervenant a fait savoir que seulement 2% de nos besoins en matière de boissons sont importés. « Nous ne sommes pas inquiets de l’importation. Au contraire, c’est nous les producteurs qui avons avons demandé aux autorités de libérer le marché pour le bien du consommateur, malgré que nous ayons la capacité d’assurer une autosuffisance à 100%. Il est toujours intéressant d’avoir de la concurrence sur le marché», précise-t-il.
2,10 milliards de litres d’eau consommés en 2022
En termes de consommation, c’est l’eau embouteillé qui arrive en tête du classement, avec une moyenne de 52,5 litres/habitant, soit la consommation de 2,10 milliards de litres en 2022. Notre chiffre d’affaires, indique l’intervenant, est tiré principalement de cette sous-filière. Quant à la boisson gazeuse, elle arrive en seconde position avec une consommation de 1,5 milliard de litres, soit une moyenne de consommation par habitant de 37,5 litres/h. La sous-filière jus de fruit arrive en troisième position mais avec une croissance annuelle importante. En 2022, la production nationale de ce produit était de l’ordre de 0,7 milliard de litres, avec une moyenne de consommation de 17,5 litres/habitant. Ces dernières années, explique le président de l’APAB, Ali Hamani, le consommateur algérien s’oriente de plus en plus vers les boissons « jus », s’éloignant des boissons gazeuses.
À cet effet, les producteurs sont appelés à investir davantage dans cette sous-filière, en développant de nouveaux produits conformes aux normes internationales. « Le consommateur algérien est de plus en plus exigeant en matière de qualité », dira-t-il encore.
S’agissant de la sous-filière « boissons alcoolisées», les Algériens ont consommé quelque 0,27 milliard de litres en 2022, soit une moyenne de 6,75 litres/habitant. En somme, quelques 4,57 milliards de litres de différentes boissons ont été consommées l’année précédente, avec une moyenne de 114,25 litres/personne/an.
Ces chiffres montrent l’importance de la filière boissons dans l’économie nationale en mesure, même, d’aller conquérir des parts sur le marché africain notamment. D’ailleurs, selon le ministre du Commerce, Kamel Rezig, l’Algérie a exporté 20 millions de dollars/an durant les deux dernières années.
Un taux d’intégration de 50%
Par ailleurs, le directeur exécutif de l’APAB, Aissa Zelmati a fait savoir que le taux d’intégration de la filière a atteint un niveau appréciable avoisinant les 50%. Un taux qui reste loin des aspirations du consommateur algérien. Beaucoup d’intrants parviennent toujours de l’importation. « Actuellement, il n’existe aucune unité de production spécialisée dans la transformation industrielle, des fruits en concentré de jus, les fruits de qualité requise pour la transformation industrielle. L’orange existante dans notre pays est un fruit de bouche», déplore-t-il.
C’est dire qu’un énorme travail reste à faire dans le domaine agricole, afin de développer des cultures pour la transformation industrielle, des prépositions ont été faites à ce sujet par l’association des producteurs (APAB). Pour les industriels de la filière boissons, le problème est purement agricole. Selon eux, la production nationale d’oranges, par exemple, n’est pas en mesure d’assurer les besoins de la filière pour une période de 3 mois seulement !
Dans ce cadre, le président de l’Association de protection du consommateur « El-Amen », Hacène Menouar, a estimé que le taux d’intégration de 50% n’est pas satisfaisant. il a appelé à la mise en place, rapidement, de la carte agricole pour produire des produits de table et de d’industrie et, également, pour l’exportation. « Nous devons passer rapidement à la planification de notre Agriculture pour répondre aux besoins des citoyens et de notre industrie», lance-t-il.
Attention à la contrefaçon !
L’intervenant a également soulevé la problématique de l’étiquetage, en demandant de donner plus d’explications au consommateur, notamment en matière d’emballage et de produits ajoutés (intrant chimique, taux de sucre etc). Il est à noter que 56% de boissons consommées sont emballées dans des bouteilles en PET (plastique), et que seulement 4% de produits en bouteille, en verre. « Il est urgent de transformer une partie de la production vers le verre. Les conditions du transport et d’exposition sont vraiment lamentables !», déplore Hacene Menouar. La filière des boissons fait face, par ailleurs, à la concurrence déloyale imposée par certains producteurs malveillants. « Il y a de plus en plus d’imitations frauduleuses et de produits qui ne répondent pas aux normes », alerte Hamani, en appelant les consommateurs et producteurs à être vigilants. L’APAB qui assure la couverture de 85% du marché nationale accorde une grande importance à la qualité et la protection du consommateur.
A. R.