Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a présidé hier, au Centre international des conférences Abdelatif Rahal (CIC, Alger), la cérémonie d’ouverture de la deuxième édition de la rencontre nationale avec les opérateurs économiques. Placée sous le slogan « Algérie 2025, année de la réussite économique », cette rencontre, organisée par le Conseil du renouveau économique algérien (CREA), avec les chefs d’entreprise a été l’occasion pour le Président Tebboune de dresser un bilan des réalisations économiques accomplies depuis 2019, tout en fixant le cap pour les années à venir.
Par Akrem R.
L’ambition du Chef de l’État est grande : «Mon objectif principal est de faire de l’Algérie une puissance économique. Notre but est de créer de la richesse, et notre mission est de renforcer l’économie». Dans son discours, devant les chefs d’entreprises et de groupes industriels, publics et privés, en présence de hauts responsables de l’Etat, de membres du gouvernement, de cadres supérieurs, le Président Tebboune a réitéré son engagement pour intégrer le giron des pays émergents.
«Nous entamons le second mandat avec l’espoir d’atteindre ensemble le rang des pays émergents», a-t-il souligné, appelant à l’union des efforts pour atteindre cet objectif.
« Il nous faut unir nos efforts, tant ceux présents ici que nos compatriotes à l’étranger, pour atteindre un Produit Intérieur Brut (PIB) de 400 milliards de dollars d’ici fin 2027», affirme le chef de l’Etat, annonçant que cette rencontre est centrale et deviendra annuelle.
Pour le président, ce rendez-vous est une opportunité pour évaluer ce qui est positif de ce qui ne l’est pas. « Cette réunion n’est pas une simple rencontre, mais un moment d’évaluation. Vous avez toute la liberté d’exprimer vos préoccupations et de soulever les obstacles rencontrés», a-t-il dit.
Et d’ajouter : « Grâce à Dieu, nous avons surmonté tous les obstacles, avec la confiance du peuple, que je remercie. Nous devons évaluer et corriger ensemble. Vous êtes les bâtisseurs de l’économie des cinq prochaines années».
13 700 projets d’investissement enregistrés à l’AAPI
Un message clair aux patrons et chefs d’entreprises pour les inciter à consentir plus d’efforts afin de poursuivre le développement économique du pays, déjà amorcé.
Et ce, avec chiffres à l’appui : le taux de croissance a atteint 4,1 % en 2024, et « nous visons à le maintenir autour de 3,9 % à 4 % pour les deux années à venir. « A cet effet, je vous demande un fort élan de votre part et vous remercie pour tous les efforts que vous déployez», a-t-il lancé à l’adresse des chefs d’entreprises, annonçant au passage que 13 700 projets d’investissement, représentant une valeur de 6 000 milliards de dinars, ont été enregistrés dans le domaine économique.
Le président Tebboune a souligné dans ce cadre que « l’initiative d’investissement doit être libérée, évoquant le rôle du guichet unique et les prérogatives de l’Agence Algérienne de Promotion de l’Investissement. S’agissant de cette dernière, il a appelé à en sortir car péchant par un un paradoxe criant : « elle enregistre des dizaines de milliers de projets, mais le foncier nécessaire à leur réalisation n’est pas disponible ! ».
Pour lui, le guichet unique est la seule solution structurelle au problème du foncier et non pas à l’AAPI seule, assurant que l’État ne spécule pas sur les terrains destinés à l’investissement, mais œuvre à faciliter l’accès au foncier pour la concrétisation des projets.
Par ailleurs, le Président Tebboune a réitéré également son appel pour la relance du secteur industriel, affirmant que « le développement du pays passe par l’augmentation de la part de l’industrie dans le PIB, pour atteindre entre 13 % et 14 % dans les années à venir».
Depuis 2019, et grâce aux ré- formes engagées par l’Etat, l’industrie nationale est en pleine mutation. Actuellement, sa contribution au PIB est entre 6 à 7%, soit le double de ce qui l’en a été avant 2019.
« Il nous faut créer un nouvel environnement pour l’industrie et une nouvelle génération d’entrepreneurs, afin d’en finir avec le passé douloureux fait de détournements et de corruption. Nous devons compter sur la jeunesse algérienne et sur ses startups. Ils ont les mains propres et réalisent aujourd’hui des choses qui nous rendent fiers», affirme-t-il, indiquant que « l’État est en train de corriger sa trajectoire, et vous devez également corriger la vôtre».
Concernant le secteur agricole, le Chef de l’Etat a salué les réalisations accomplis dans ce domaine, affirmant qu’« en 2019, la croissance dans le secteur agricole ne dépassait pas les 2 %. Aujourd’hui, nous avons atteint 4 %. La production agricole nationale nous permet désormais de ne plus importer de légumes». Et d’ajouter : « Cette année, nous avons économisé 1,2 milliard de dollars et atteint une autosuffisance en blé dur de 81 %».
Création de deux nouvelles instances pour encadrer l’importation et l’exportation
Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé la mise en place prochaine de deux nouvelles institutions destinées à encadrer les activités d’importation et d’exportation en Algérie, affirmant que ces deux structures seront opérationnelles d’ici la fin du mois de mai.
« Le gouvernement est désormais tenu de mettre en place deux organes : une instance pour l’importation, afin de répondre aux besoins du marché sans nuire à la production locale, et une autre pour l’exportation, dans le but de soutenir les exportateurs », a précisé le chef de l’État.
À travers ces deux nouveaux organismes, l’Etat veut mieux encadrer son commerce extérieur. «Avant le Hirak, nous importions pour 60 milliards de dollars par an. Aujourd’hui, nous avons réduit cette facture à 40 milliards, de manière structurelle et durable, et nous œuvrons à la réduire encore», a-t-il indiqué.
Concernant la promotion du commerce extérieur, le président de la République a annoncé aux exportateurs que « l’ALGEX, c’est terminé. Vous ne la croiserez plus sur votre chemin». «Les exportateurs doivent créer une instance d’exportation pour organiser leurs activités et assurer la transparence dans les opérations», a-t-il souligné.
Et d’ajouter : « Malgré la présence de l’ALGEX et de ses « dinosaures », l’Algérie a réalisé un miracle avec 7 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures. Un recul a été enregistré dernièrement, mais il s’explique par des facteurs objectifs».
Par ailleurs, « exporter les dattes algériennes à 40 DA est un crime économique contre l’Algérie», déplore le chef de l’Etat, indiquant que certains opérateurs sont spécialisés dans la recherche de failles pour contourner la loi, notamment dans les opérations d’importation».
Pour lui, ce qui freine le pays, ce sont la spéculation et la fraude légale.. Revenant sur l’évolution du tissu économique national, le Président a affirmé que l’économie algérienne est désormais libéralisée à 85 %, dominée par le secteur privé, tandis que le financement reste à 95 % public. « Il est temps que les opérateurs privés créent leurs propres banques. Nous n’avons aucune objection vis-à- vis de l’investissement privé ni de son financement par des banques privées », a-t-il lancé, appelant à une réforme profonde du système bancaire.
« Il existe d’importantes sommes d’argent stockées dans les caves… Investissez-les dans la création de banques privées», a-t-il dit, indiquant que ceux qui souhaitent investir dans le transport maritime sont les bienvenus.
Le Président a, par ailleurs, annoncé que d’ici la fin de l’année, le chemin de fer atteindra la wilaya de Béchar pour le transport du minerai de fer et d’acier, annonçant également l’ouverture imminente d’un nouveau complexe sidérurgique dans la wilaya de Béchar, prévue dans deux semaines.
Cette infrastructure industrielle s’inscrit dans la dynamique de relance de la production nationale et de diversification de l’économie.
Sur un autre registre, le Chef de l’Etat a fait savoir que les pays européens sont nos partenaires, et ils ont accepté de réviser l’accord d’association. Nous ne leur demandons pas l’impossible, mais vous — les opérateurs — faites partie intégrante de cette révision».
A. R.
