L’Algérie a franchi de grands pas en matière de sécurité hydrique, notamment avec la réception de cinq nouvelles usines de dessalement de l’eau de mer, portant la contribution des eaux non conventionnelles à environ 42 %. De nouvelles usines de dessalement seront également réalisées au cours des cinq prochaines années, avec l’ambition de porter ce taux à 60 % d’ici 2030.
Par Akrem R.
Grâce à ces réalisations stratégiques, ainsi qu’à la mobilisation des eaux de surface et souterraines, le pays est désormais mieux protégé contre un éventuel stress hydrique. Toutefois, un travail important reste à accomplir en matière de rationalisation et d’optimisation de cette ressource vitale. Des efforts doivent donc être consentis pour préserver les infrastructures existantes et investir davantage dans l’amélioration de la qualité du service.
C’est dans ce cadre que s’inscrit la signature d’un accord de partenariat entre la société SEAAL et l’Agence nationale de soutien et de développement de l’entrepreneuriat (ANSDE), hier à Alger, en marge d’une cérémonie organisée à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, célébrée chaque année le 22 mars.
Le ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal, a précisé, dans son allocution à cette cérémonie, que cette convention vise à encourager la création et l’intégration de nombreuses micro-entreprises spécialisées dans divers domaines liés aux métiers de l’eau potable et de l’assainissement.
Il a souligné que «ces entreprises accompagneront SEAAL dans l’amélioration du service public de l’eau dans les wilayas d’Alger et de Tipaza. SEAAL assurera également la formation et l’orientation de ces entreprises afin de les spécialiser dans l’optimisation des services publics liés à l’eau».
À travers cette nouvelle approche, le gouvernement met l’accent sur l’amélioration de la qualité du service, en garantissant un approvisionnement régulier en eau potable, notamment en réduisant le taux de déperdition. Il est à noter qu’en Algérie, d’importantes quantités d’eau potable, produites à des coûts de millions de dinars, sont perdues dans la nature.
Donc le développement d’un réseau de sous-traitant spécialisé dans les métiers d’eau est plus que nécessaire pour réduire le gaspillage d’eau , en luttant notamment contre les branchement illicites et les fuites qu’enregistrent le réseau de distribution.
Objectif de réutiliser 60% des eaux usées traitées d’ici 2030
L’autre ambition des pouvoirs publics est d’augmenter le taux des eaux usées traitées. En effet, dans stratégie adoptée pour faire face au déficit hydrique, l’Etat a mis le paquet sur la réutilisation des eaux usées traitées, notamment pour l’irrigation agricole.
« Notre pays dispose actuellement de 232 stations d’épuration, avec une capacité théorique de traitement dépassant 1 milliard de mètres cubes par an. Cette quantité importante doit être valorisée et réutilisée», insiste le ministre.
C’est pourquoi, sous l’impulsion du Président de la République, le secteur de l’hydraulique a lancé un programme national de réutilisation des eaux usées traitées en agriculture et en industrie. Ce programme comprend, en effet, la construction de nouvelles stations d’épuration et la réhabilitation des infrastructures existantes afin d’améliorer leur performance, en les dotant de technologies de pointe permettant l’irrigation sans restrictions. « Notre objectif est d’atteindre un taux de réutilisation de plus de 60 % des eaux usées traitées d’ici 2030», souligne le ministre Taha Derbal.
Au passage, le ministre a exprimé ses remerciements au ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche pour la contribution essentielle de son secteur à la mise en œuvre de ce programme, qui permettra d’élargir les surfaces agricoles irriguées à travers tout le pays, en vue d’assurer la sécurité alimentaire.
Il est également important de souligner que les systèmes d’assainissement ont un impact positif sur la préservation de l’environnement et l’amélioration du cadre de vie des citoyens.
Dans ce contexte, « nous devons également saluer le rôle crucial du Ministère de l’Environnement et de la Qualité de vie», affirme le ministre, tout en mettant en lumière la contribution attendue des universités algériennes, des start-ups et des micro-entreprises dans le développement du secteur de l’hydraulique en Algérie.
Selon Taha Derbal, les innovations peuvent jouer un rôle majeur dans le développement du secteur de l’eau, notamment à travers l’utilisation des technologies modernes pour l’économie et la réutilisation de l’eau.
98 % de taux de raccordement au réseau d’eau potable
Par ailleurs, le ministre a rappelé que la question de l’eau a toujours été et restera une priorité pour toutes les nations, soulignant que l’Algérie était pionnière dans la mise en place de projets stratégiques visant à mobiliser les ressources en eau conventionnelles pour différents usages.
En effet, plusieurs barrages ont été construits, en plus de grands projets de transfert d’eau, à l’instar de celui du transfert des eaux du barrage de Beni Haroun, dans la wilaya de Mila, vers six wilayas, leur assurant un approvisionnement en eau potable et en eau d’irrigation. De même, le transfert des eaux souterraines de la wilaya d’Aïn Salah vers la wilaya de Tamanrasset, sur une distance de 750 km, illustre l’ampleur des efforts déployés par l’État pour garantir l’approvisionnement en eau potable sur l’ensemble du territoire national. Dans le même contexte, un grand nombre de forages ont été réalisés à travers le pays pour divers usages.
Ces réalisations ont contribué de manière significative, a-t-il souligné, à la stabilisation de l’approvisionnement en eau potable, permettant d’atteindre un taux de raccordement national au réseau d’eau potable de 98 %, plaçant ainsi l’Algérie parmi les pays leaders dans ce domaine.
Pour maintenir ce rythme de développement accéléré, le Président de la République a ordonné la mise en place de solutions alternatives et durables pour garantir l’approvisionnement en eau, notamment par le dessalement de l’eau de mer, afin de pallier le déficit hydrique et d’assurer des sources d’eau durables, indépendantes des variations climatiques.
L’un des principaux axes de cette stratégie est le lancement du Programme national de dessalement de l’eau de mer, qui prévoit la construction de plusieurs grandes stations de dessalement tout le long du littoral, avec une capacité de production de 300 000 m³ par jour chacune.
A. R.