Le secteur du tourisme connaît une véritable mutation, marquée notamment par l’accélération des investissements visant à accroître les capacités d’accueil. Il est d’ailleurs considéré comme l’un des leviers stratégiques des pouvoirs publics, qui ambitionnent de promouvoir la « destination Algérie» et de contribuer activement à la diversification de l’économie nationale.
Par Akrem R.
En effet, sur un total de 2 562 projets touristiques agréés à fin 2024, pas moins de 582 sont actuellement en cours de réalisation, devant générer près de 70 000 lits supplémentaires. Selon les explications du directeur de l’investissement touristique au ministère, M. Boukabous Ghoulam Allah, 145 projets devraient être réceptionnés au cours de l’année 2025, ce qui portera la capacité nationale d’accueil de 140 000 à plus de 210 000 lits. Cette progression contribuera à réduire le déficit en matière d’hébergement et devrait se répercuter positivement sur les prix, qui sont appelés à connaître une baisse.
D’ailleurs, la hausse des tarifs des services hôteliers et des autres infrastructures touristiques est l’une des principales causes du non-développement du tourisme interne et du départ massif des Algériens vers l’étranger, en particulier vers la Tunisie, dont le rapport qualité/prix est à la portée des estivants algériens.
Conscient de cette réalité, l’État a pris une série de mesures pour soutenir le développement des infrastructures touristiques, en accordant des facilitations aux investisseurs et en mettant l’accent sur la formation, considérée comme une condition sine qua non à l’amélioration de la qualité des prestations et des services.
Un plan de développement du secteur touristique a ainsi été mis en place, axé principalement sur la promotion du tourisme local et l’encouragement des investissements dans les stations thermales, ainsi que sur la réalisation future de complexes de thalassothérapie dans chaque wilaya côtière.
Dans son plan d’action, l’État table sur la réception de 6 000 nouveaux lits par an afin d’atteindre son objectif ambitieux à savoir porter les capacités nationales d’hébergement à 200 000 lits d’ici 2030.
Amélioration de l’offre foncière
Lors d’une conférence organisée en marge de la 56e édition de la Foire internationale d’Alger (FIA), sous le thème : «L’investissement dans le tourisme en Algérie : cadre incitatif et projets d’avenir», le directeur de l’investissement touristique au ministère a salué les efforts déployés par l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI) pour accompagner les investisseurs dans la concrétisation de leurs projets sur le terrain, à travers l’octroi de diverses facilitations et incitations.
Il est important de noter que l’AAPI travaille à l’identification et à la valorisation des zones d’expansion et d’aménagement touristique (ZEAT). L’agence se concentre également sur le développement de projets structurants pilotes dans plusieurs wilayas, en collaboration avec les collectivités locales, afin d’attirer des investissements adaptés aux spécificités de chaque région.
Des efforts sont également en cours pour l’assainissement du foncier touristique et l’amélioration de l’offre foncière, notamment à travers la mise en place de lots touristiques exempts d’entraves. Cette vaste opération permettra aussi, selon le ministère, «la régularisation des différents projets situés dans les zones proposées à l’annulation, lesquelles seront reclassées en dehors du foncier touristique».
Le ministère a ainsi préparé un dossier d’assainissement du foncier touristique, en coordination avec les autorités locales des wilayas, présenté par la Direction du développement touristique (DDT), précisant que l’opération a concerné 78 zones d’expansion touristique réparties sur 23 wilayas.
Dans ce cadre, l’Agence nationale du foncier touristique (ANFT), chargée de l’aménagement et de la gestion du foncier touristique et de sa mise à disposition de l’AAPI, a recensé 269 zones touristiques classées à travers le territoire national, dont 60 % situées dans les régions côtières.
Parmi ces zones, 81 disposent d’un plan d’aménagement, et 10 seront aménagées dès juillet prochain, ce qui permettra la réalisation de 130 projets touristiques, selon les explications fournies lors de cette même conférence par le directeur de l’Agence, M. Salim Mehnaoui.
L’approche territoriale adoptée cible également les Hauts Plateaux, où les wilayas de Bouira, Guelma, Saïda, Tébessa et d’autres regorgent de sites historiques, culturels et naturels encore sous-exploités.
Innovation et attractivité : le rôle des start-ups
L’innovation n’est pas en reste. Plusieurs start-ups ont présenté, lors de la FIA, des solutions numériques pour la promotion de la destination Algérie, allant de la réservation en ligne à la conception de circuits touristiques personnalisés.
Ces initiatives visent à adapter l’offre touristique aux attentes des clients, tout en renforçant la visibilité de l’Algérie sur le marché international.
D’ailleurs, lors d’un séminaire organisé récemment au Centre national de sport et de loisir de Tikjda (CNSLT), à Bouira, les participants ont formulé plusieurs recommandations pour développer le tourisme, notamment à travers les segments du tourisme de montagne, culturel, thermal, historique et archéologique. Ils ont également insisté sur la valorisation des potentialités que recèlent les 20 wilayas des Hauts Plateaux, telles que Bouira, Souk Ahras, Saïda, Guelma, Tébessa et Relizane.
Vers un tourisme compétitif et durable
Les participants à ces différentes rencontres ont souligné la nécessité de faciliter l’accès au crédit pour les porteurs de projets, de mettre en place une assurance voyage pour renforcer la confiance des consommateurs, et de poursuivre les efforts de structuration du secteur.
L’objectif affiché est clair : faire du tourisme un vecteur de croissance économique, de création d’emplois locaux et de diversification durable de l’économie nationale.
Par ailleurs, à l’université de Guelma, un forum national a mis en avant la gouvernance comme pilier du développement durable du secteur touristique. Les experts présents ont insisté sur l’importance d’une coordination à trois niveaux : public-public, public-privé et privé-privé.
La réussite du tourisme algérien repose, selon eux, sur des décisions concertées, un partenariat actif entre l’État, les opérateurs privés et la société civile, et une planification basée sur des indicateurs de performance clairs.
Sur ce point, le Dr Samir Kim, de l’université de Tébessa, a évoqué l’existence de ces trois niveaux de coordination dans l’élaboration des plans et politiques de marketing touristique : la coopération entre organes publics, la coopération entre acteurs publics et privés, ainsi que la coopération entre opérateurs privés du secteur touristique.
A.R.