Par Lyazid Khaber
«Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va.» Sénèque
Mohamed Bacha, le ministre de l’Industrie, annonçait jeudi dernier qu’une trentaine de zones industrielles seront réhabilitées à travers le territoire national. L’objectif étant, selon lui, d’améliorer le rendement des entreprises implantées dans ces zones industrielles. Jusque-là, l’initiative ne peut être que louable, lorsqu’on sait l’état déplorable et catastrophique dans lequel baignent nos zones dites industrielles. Si on considère qu’il y a là, une prise de conscience chez les responsables du secteur de l’Industrie, lesquels ont même décidé de mettre la main à la poche en débloquant, sur le compte du contribuable, près de 10 milliards de dinars, on pourrait dire qu’enfin les «choses» vont commencer à bouger à ce niveau. Mais, force est de constater que quels que soient les travaux de réhabilitation à engager, ils ne peuvent constituer une solution durable aux énormes problèmes de ces zones laissées pour compte depuis déjà de longues années. Lorsqu’on va dans le détail, on saura que les travaux de réhabilitation prévus, doivent, logiquement porter sur l’aménagement des allées, l’électrification, l’éclairage public ou encore, l’assainissement ; or tous ces travaux ne peuvent durer pour l’éternité. Ce qui signifie que la démarche du ministre, aussi louable qu’elle soit, ne peut être classée, au final, que dans le registre du «replâtrage». Explication : lorsqu’on engage les travaux d’aménagement des chaussées dans une zone industrielle, sachant qu’elle est fréquentée généralement par les gros tonnages, on comprend facilement que l’usure est un élément à ne pas négliger. Ceci dit, injecter de l’argent juste pour réhabiliter des biens publics laissés en désuétude durant plusieurs années – et pour s’en convaincre il suffirait de voir l’état de délabrement des grandes zones industrielles du pays, dont notamment, celles de Rouiba et de Réghaïa dans la capitale – , ne servira pas à grand-chose, si ce n’est qu’à donner l’impression d’une certaine amélioration avant un retour certain à la case de départ, au bout de quelques mois seulement. Ainsi, donc, c’est le volet inhérent à la gestion de ces espaces qui se pose avec acuité. Sur ce volet, le ministre de l’Industrie propose «un projet de décret exécutif pour la création d’un organisme unique à caractère national pour prendre en charge la problématique du foncier industriel, tous aspects confondus, appelé Office national du foncier industriel (ONFI)». Voilà qui mérite vraiment de l’intérêt. Car, sans une vraie politique de management de ces espaces, et une planification qui tiendrait compte des spécificités locales et des besoins de l’économie nationale, on ne pourrait espérer une vraie relance de l’activité industrielle dans le pays, encore moins une gestion efficiente des zones industrielles et d’activité. L’expérience passée, qui fait que plusieurs intervenants, souvent avec des visions ou plutôt des visées diamétralement opposées, prouve amplement que cette façon de faire est infructueuse. Du coup, un changement de méthode et une gestion déconcentrée de ces zones ne sera que d’un meilleur apport à l’économie du pays.
L. K.