La prochaine conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 29) se déroulera du 11 au 22 novembre à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan. Depuis la tenue, en 1995, de la première Conférence à Berlin, dans le sillage du Sommet de la Terre de Rio (1990), des avancées institutionnelles ont été réalisées, mais avec des « couacs » sur le plan de la projection sur le terrain.
Par Amar Naït Messaoud
Les appels à la réduction des gaz à effet de serre (GES), qui sont à l’origine du réchauffement climatique avec toutes les perturbations subséquentes, rencontrent toujours des résistances de la part des grandes industries pollueuses.
En effet, la transition énergétique (abandon des énergies fossiles au profit des énergies propres) et les économies d’énergie, supposées être les deux béquilles de la réduction des GES dans l’atmosphère, marquent le pas sur le terrain, si bien que les ambitions fixées par les experts du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC, crée en 1988) de limiter la hausse des températures à 1,5 °C à la fin du 21e siècle paraissent difficiles à réaliser.
Le GIEC juge que l’atteinte d’un tel objectif est lié à « la condition expresse de diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 43% en 2030 par rapport à 2019 et de parvenir à la neutralité carbone (c’est-à-dire à un équilibre au niveau mondial entre émissions et absorptions de CO2) en 2050 ».
Après avoir été- dès le début des années 80’ du siècle dernier- un concept restreint aux cercles académiques, la notion de « changements climatiques » a envahi tous les médias et les institutions à l’échelle de la planète, et pour cause.
Ce phénomène a dépassé son statut de thème d’études et de prospective pour s’installer dans la quotidienneté des populations et des pays, constituant ainsi un enjeu majeur à même de bouleverser le cadre de vie des populations ainsi que l’économie et les politiques publiques des États.
La réduction des gaz à effets de serre est un objectif poursuivi depuis plusieurs décennies par les ONG, les scientifiques et certains gouvernements, afin d’éviter à la planète des réchauffements catastrophiques et d’autres dérèglements climatiques, à l’image de la multiplication des ouragans, des pluies torrentielles et des sécheresses cycliques.
En partie, le mal est déjà fait. Les recommandations du sommet de la Terre à Rio de Janeiro en juin 1990 et leur reconduction, vingt ans plus tard, dans le second sommet appelé « Rio+20 » en 2010, n’ont été prises en considération que de façon très relative.
Malgré des ébauches d’alternatives qui se dessinent un peu partout dans le monde pour les énergies renouvelables, non polluantes (solaire, éolien, thermique,…), les énergies fossiles continuent à être hégémoniques dans le mode de consommation mondiale.
À la COP 21 de Paris en 2015- l’une des étapes les plus importantes de la recherche du consensus au tour de la réduction des GES-, l’Algérie avait plaidé pour un accord « juste et équitable » devant prendre en compte la « responsabilité historique des pays industrialisés dans le réchauffement climatique, les circonstances spécifiques des parties contractantes ainsi que leurs capacités respectives ».
La lutte contre les changements climatiques participe aussi de la grande problématique du développement durable à l’échelle de la planète.
Il s’agit, à travers la conjonction des efforts de tous les pays du monde de concrétiser les objectifs de développement durable » (ODD) fixés par les Nations Unies : consécration des droits économiques et sociaux, comme le droit à l’alimentation, à la santé, à l’éducation, le droit à l’eau potable et à l’assainissement; la nécessité de la protection sociale pour tous; l’implication de la société civile dans les problématiques du développement durable; le travail pour l’instauration d’un tourisme durable.
Des « dommages collatéraux » incommensurables
Sans être des pays fortement industrialisés, et par une sorte de « dommage collatéral », l’Algérie et les pays africains reçoivent néanmoins la colère du ciel, déréglé par un réchauffement qui commence à devenir de plus en plus sensible.
Depuis l’ère préindustrielle, les records de chaleur commencent à être battus en 2015. En effet, l’année 2015 a été classée la plus chaude depuis le début de la révolution industrielle.
Par la suite, au cours de la dernière décennie, o enregistré des mois et des saisons jugées les plus chauds depuis qu’il existe des relevés de température.
À cela s’ajoutent les sécheresses et les inondations qui affectent plusieurs parties de la planète au cours des ces dernières années. Sur l’ensemble des émissions à effet de serre, le continent africain ne prendrait que 4 % de part.
Pourtant, Dieu sait que ce continent subit les aléas climatiques les plus extrêmes, allant de la sécheresse la plus calamiteuse aux inondations les plus destructrices.
En considérant l’ampleur des dégâts en Afrique et dans certains pays asiatique, le dommage n’est plus collatéral ; il est principal.
L’on sait que les premières populations auxquelles le nouveau concept de « migrations climatiques » a été appliqué, ce sont bien les populations africaines du Sahel et de la Corne de l’Afrique.
Séquestration de carbone et décarbonation : La Sonatrach à la rescousse
En Algérie, la donne environnementale demeure encore mal appréhendée, malgré toute la « littérature » administrative, journalistique et même académique qui a été produite au cours de ces dernières années.
Le ministère de l’Environnement et des Énergies renouvelables souligne, sur son site web : « Le climat change et est devenu de plus en plus imprévisible. Il est aujourd’hui reconnu que les activités humaines sont à l’origine de ce dérèglement climatique et de l’augmentation de la fréquence de ces manifestations violentes. L’Algérie est située en région méditerranéenne, région considérée par le GIEC comme l’un des 24 « Hot Spots » les plus vulnérables au changement climatique. Touchée par les phénomènes extrêmes climatiques récurrents (inondations, sécheresses, incendies de forêts, etc.), l’Algérie a, très tôt, engagé des actions d’adaptation pour protéger les populations et les infrastructures ».
Adaptation, le maître mot, ceci, particulièrement dans le domaine de l’agriculture, des forêts, des ressources en eau et de l’alimentation, en développant des méthodes innovantes tendues vers le choix des espèces et des variétés résilientes et des procédés économiseurs d’eau.
À cela s’ajoutent les procédés d’économie d’énergie (dans le domaine de la construction et de l’architecture, de l’urbanisme,…).
Il s’agit également de développer les moyens de prévention des inondations, aussi bien par le traitement des bassins versants que par des méthodes rationnelles d’occupation du sol et des techniques urbanistiques.
Notre pays est également appelé à développer l’économie verte, un thème en vogue, mais qui n’arrive pas à encore à emballer outre mesure les entreprises. Pourtant, les métiers de l’environnement commencent à prendre une place honorable dans le paysage économique de plusieurs pays émergents.
Avec le projet de réhabilitation du Barrage vert, l’Algérie intègre la problématique des changements climatiques dans ses dimensions d’adaptation à ces derniers et d’atténuation de leurs effets, ceci par la diversification des espèces de plantation, en optant pour les plus résistantes à la sécheresse et l’extension de la superficie boisée en créant ainsi des puits d’absorption de carbone (séquestration de carbone).
De son côté, la compagnie publique Sonatrach financera, à hauteur d’un milliard de dollars, un programme de plantation de 420 millions d’arbres (soit une superficie de 56 000 ha) sur une période de dix ans à partir de 2025.
A. N. M.