Le monde est faux, cruel, imperméable et impénétrable. L’homme a besoin de mentir, pour vivre et assouvir ses désirs. Il est prêt à tout, y compris le sacrifice, pour s’accomplir et se réaliser. C’est ce monde-là qui nous guide, qui nous gouverne et qui constitue la réalité aujourd’hui?
C’est un amer constat? Le faux est partout.
Les scandales alimentaires sont nombreux. Ils touchent tous les pays et constituent un réel danger pour les êtres humains. La cupidité, ce désir excessif du gain et de la richesse amène des individus à la faute coupable. La logique économique l’emporte sur la logique sanitaire, sur le respect de la vie humaine.
La vache folle, le lait maternel frelaté, l’huile de caniveau, le porc ou le cheval à la place du bœuf, le poulet à la dioxine, sont autant de scandales alimentaires, révélés au grand jour par les médias. La liste est loin d’être exhaustive.
Prenons l’exemple de la vache folle. Cette affaire retentissante, des années 1990, a soulevé l’indignation de l’opinion publique. Les autorités sanitaires anglaises décèlent chez les bovins l’encéphalopathie spongiforme. Cette maladie infectieuse générative, affecte le système nerveux de l’animal. La cause: l’utilisation de farines obtenues à partir de carcasses animales infectées. Pire encore, cette maladie est transmissible à l’homme. Plusieurs milliers de victimes plus tard, on continue à subir le diktat des marchands de la mort, au nom de l’éternelle logique économique.
N’aurait on pas pu éviter tout cela, au nom du principe de précaution ou de prévention?
Pourquoi le faux est érigé en règle, en dogme, en feuille de route de la mort. La raison est simple: la logique économique est là pour nous le rappeler. Le profit est supérieur à tout. Peu importe que la maladie soit transmissible à l’humain et aux animaux, peu importe les effets de tels actes sur l’homme; surtout que la période d’incubation, période entre l’infection et les premiers signes de la maladie, entrainant des troubles de l’équilibre et de la sensibilité, est mal connue. Les victimes qui se comptent par milliers, dans le cas de la vache folle, peut s’avérer plus lourd à l’avenir. Peu importe les sanctions juridiques, car elles sont le plus souvent pécuniaires: infraction non délibérée, négligence, maladresse et autres termes connexes sont les plus usités par les tribunaux. La sanction est fréquemment civile (dommages et intérêts). Elle est rarement pénale.
Et les conséquences de tout cela?
Elles sont dures, elles sont douloureuses, elles sont tragiques et dramatiques. Elles sont sociales et économiques. Bref, elles sont surtout humaines.
Dès les premiers signes de la maladie au Royaume Uni, les consommateurs réagissent promptement, en consommant moins de viande bovine. En France, c’est toute la filière bovine (éleveurs, négociants, abatteurs, tripiers, …) qui est touchée, compte tenu de l’arrêt des exportations. La liste des intervenants est trop longue. La filière constitue un processus qui va de la fabrication au produit final. Les petites et moyennes entreprises et les professionnels de la filière bovine ont eu recours à différents modes de sortie de crise, pas toujours heureux: regroupements, restructurations et reconversions, cessations d’activité pour les cas désespérés.
Encore une fois, c’est l’Homme qui est la victime dans les scandales sanitaires.
Aujourd’hui, c’est la vache folle, demain c’est notre alimentation qui risque d’être folle. Aucun individu ne pourra contrôler les aliments et les ingrédients qui composent notre assiette. Il faudra une armée d’experts pour lire la composition chimique ou nutritive d’un produit: lipides, glucides, protides, vitamines, éléments minéraux, sont autant d’expressions inconnues de la pauvre ménagère, pressée et stressée. L’acte d’achat doit être rapide et déterminé. Il est souvent, d’ailleurs, routinier.
L’information nous dit-on est importante: informer c’est prévenir. Quel beau slogan?
Faut-il pour nous rassurer, pour se dédouaner de leurs responsabilités (les opérateurs économiques), inscrire sur les emballages de certains produits que «tel aliment peut produire des effets indésirables» à l’instar des médicaments? Et pourquoi pas d’expliquer dans une notice, qui accompagnera l’achat d’un fruit ou d’un pot de yaourt, que l’état actuel de la recherche ne nous permet pas de vous dire, avec certitude, que le produit est consommable ou pas. Allons donc?
Nous vivons dans un monde de peur et d’angoisse, de doute et d’incertitude?
L’humanité est désarmée face à la sempiternelle et perpétuelle logique économique: le gain, le profit, la rentabilité sont les maitres mots, dans cette chaine de la cupidité, de l’avidité, du pouvoir et de la domination. On veut toujours plus, au détriment des autres et de la santé du consommateur. Hélas!
Lies HAMIDI
Docteur en droit
Directeur de l’Institut de Développement
de l’Entreprise et de Gestion (IDEG)