L’Algérie se prépare activement au lancement d’un nouvel appel d’offres dans le domaine des hydrocarbures. Selon le président de l’Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH), Rachid Nadil, ce nouvel appel d’offres international sera lancé le 17 juin courant par l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (ALNAFT).
Par Akrem R.
En effet, des sociétés étrangères, notamment américaines, saoudiennes et d’autres nationalités, arriveront prochainement sur le marché algérien. Cela permettra d’accroître la production nationale, en ligne avec les objectifs ambitieux fixés par les hautes autorités du pays. Il s’agit notamment d’augmenter la production de gaz à 200 milliards de mètres cubes d’ici cinq ans, contre les 137 milliards m³/an actuellement produits.
Il s’agit, d’une part, de répondre à la hausse de la demande locale en carburant, dans un contexte de lancement de plus de 1 400 nouvelles usines ces derniers mois. Une dynamique appelée à se poursuivre, d’autant que le gouvernement est également engagé dans un vaste programme de construction de logements.
D’autre part, cela s’inscrit dans la stratégie d’exportation de Sonatrach, qui ambitionne d’atteindre 100 milliards m³/an.
Pour concrétiser ces ambitions, l’Algérie mise sur la conclusion de nouveaux contrats de partenariat avec des compagnies internationales, dans le but d’intensifier l’exploration pétrolière et gazière.
Ce nouvel appel d’offres s’inscrit donc pleinement dans cette stratégie nationale, ainsi que dans le cadre de l’appel à la concurrence 2024 : «Algeria Bid Round 2024».
«ALNAFT informe les candidats intéressés que le délai de dépôt des offres, dans le cadre de l’appel à concurrence 2024 « Algeria Bid Round 2024 », initialement fixé au 15 avril 2025, est reporté au 17 juin 2025», avait indiqué ANAFT dans un communiqué.
L’agence explique ce report par la nécessité d’accorder aux compagnies pétrolières un délai supplémentaire pour examiner les données qui leur ont été communiquées. Il s’agit également de permettre la participation des entreprises ayant manifesté tardivement leur intérêt, de promouvoir davantage l’appel à concurrence, et d’attirer de nouveaux candidats, dans le but d’assurer les conditions optimales de réussite de cette opération.
Pour rappel, l’appel à l’investissement dans le secteur pétrolier et gazier concerne six zones d’exploration à savoir El M’zaïd El Kébir (Ouargla, Ghardaïa, El Ménéa), Ahara (Illizi), Reggane (Adrar), Zerafa (Adrar et In Salah), Toual (Ouargla et Illizi), Guern El Guessa (Béchar, Béni Abbès, El Bayadh et Timimoun).
Ces projets visent à renforcer les capacités de renouvellement des réserves et augmenter la production à court et moyen termes, confortant ainsi le rôle de l’Algérie dans l’approvisionnement des marchés énergétiques mondiaux.
Dans une déclaration à la radio nationale Chaîne II, le président de l’ARH a affirmé que son autorité accompagnera les investisseurs étrangers en leur accordant toutes les facilitations nécessaires. «Cet appel d’offres attirera de nombreux investisseurs, notamment des Américains, des Chinois, des Russes, des Saoudiens, et bien d’autres», a-t-il souligné.
Il a rappelé que des mémorandums d’entente ont été signés entre le groupe Sonatrach et des sociétés étrangères, telles que Chevron, ExxonMobil, la Saoudienne Midad Energy North Africa, et la Chinoise Sinopec, conformément à la nouvelle loi sur les hydrocarbures n° 19-13.
«Il y a un élément important dans cet appel d’offres : des compagnies étrangères viendront investir en Algérie. L’ARH les accompagnera en facilitant leurs procédures d’investissement», a-t-il ajouté, en annonçant la création de trois antennes régionales de l’autorité.
«Face à l’élargissement de ses missions, l’Autorité de régulation des hydrocarbures ouvrira bientôt trois antennes à Skikda, Hassi Messaoud et Arzew, pour optimiser la gestion sur site et renforcer l’efficacité administrative», a-t-il précisé.
Sept projets pétrochimiques en cours de réalisation
Dans le domaine de la pétrochimie, M. Nadil a révélé l’existence de six à sept projets en cours. Il s’agit d’un secteur porteur, créateur de richesse et de valeur ajoutée.
Selon lui, il est nécessaire d’investir davantage dans la pétrochimie, car cela permet à l’Algérie de valoriser ses ressources naturelles, de répondre aux besoins du marché local en mutation, et de conquérir des parts de marché à l’international, notamment en Afrique.
«Il est dans notre intérêt de créer davantage de projets dans la pétrochimie», a-t-il affirmé.
Actuellement, les besoins nationaux en produits raffinés, notamment en carburant, sont couverts par la production locale, qui génère même des excédents, d’où la nécessité de s’orienter vers l’exportation.
Consommation pétrolière et perspectives à l’export
Selon les chiffres présentés par Rachid Nadil, environ 15 millions de tonnes de produits pétroliers ont été consommées en 2024. Le gasoil arrive en tête avec 11 millions de tonnes, sans aucune importation depuis quatre ans.
Concernant l’essence, la consommation est estimée à 3,4 à 3,5 millions de tonnes, pour une capacité de production de 4 millions de tonnes, ce qui génère un excédent.
Pour le gaz butane et propane, la consommation est de 1,1 million de tonnes. Bien que ce gaz soit disponible localement, l’exploitation totale reste limitée, même si l’Algérie est productrice et exportatrice.
En ce qui concerne le Sirgaz (carburant automobile), la consommation nationale atteint environ 2 millions de tonnes, contre 30 à 40 mille tonnes dans les années 1980, illustrant une forte évolution.
Le kérosène pour les avions représente une consommation de 800 000 tonnes, intégralement couverte par la production locale. Les carburants pour navires enregistrent environ 400 000 tonnes de consommation, également disponibles localement.
En matière de production d’huiles, l’Algérie compte 5 à 6 producteurs majeurs, avec une capacité de 500 000 tonnes, pour une consommation de 160 000 tonnes.
«Nous nous orientons aujourd’hui vers le marché africain. L’exportation concerne essentiellement les huiles et les excédents de certaines ressources», a souligné M. Nadil.
Il a précisé que ces indicateurs démontrent une tendance vers l’autosuffisance, tout en maintenant une politique d’exportation en cas d’excédent. Il a également annoncé une révision profonde de la législation, notamment concernant l’investissement dans le recyclage des huiles usagées.
Actuellement considérée comme une activité de la pétrochimie relevant de Sonatrach, cette activité fera bientôt l’objet d’une loi distincte, actuellement à l’étude au Secrétariat général du gouvernement.
Une fois en vigueur, cette loi permettra la création d’usines spécialisées dans le recyclage des huiles usagées, représentant un potentiel économique significatif tout en contribuant à la protection de l’environnement.
A.R.







