Protection des terres agricoles: La création d’un marché foncier recommandée

Le rétrécissement des terres agricoles est considéré comme l’un des problèmes les plus importants dont souffre l’Algérie, à l’heure actuelle, en raison de nombreux facteurs. Le phénomène des constructions anarchiques en est la plus importante des raisons, ce qui explique la priorité absolue que constitue la préservation et la protection de ces terres. 

Par Akrem R.

D’ailleurs, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune n’a pas cessé d’appeler à la mise en place de mécanismes nécessaires pour en finir avec ce phénomène, notamment dans le Nord du pays. La Mitdja qui était le grenier de l’Algérie et même de l’Europe durant les années 70 et 80, subit la pire des la situations, aujourd’hui: des terres fertiles ont été, tout simplement, transformées en agglomérations urbaines !

En effet, si notre pays est sur la bonne voie pour assurer sa sécurité alimentaire, un problème se pose à lui, cependant, à savoir, protéger les terres agricoles qui restent  de toute intrusion hors agriculture. Un problème qui préoccupe le président de la Chambre nationale de l’Agriculture (CNA), pour qui  la préservation des terres agricoles passe par la création d’un marché foncier.

S’exprimant chez des confrères, celui-ci estime que la priorité pour l’Etat est la préservation et la protection des terres agricoles en tant que première ressource pour la réalisation de la sécurité alimentaire du pays.

Pour le président de la CNA , on peut en limiter les effets par une application stricte de la loi ( car elle existe) , avec en parallèle la création d’un « marché du foncier » pour contrôler toutes les transactions foncières opérées.

Il faut aussi, ajoute-t-il, l’adoption de méthodes scientifiques et la généralisation des bonnes pratiques culturales pour la préservation de cette ressource relevant, on ne peut plus clairement, de la souveraineté nationale.

Une préservation double, car elle doit aussi intégrer le volet juridique et réglementaire. Pour lui, les textes actuels n’englobent pas encore la notion de préservation dans sa dimension « développement durable ».

Aussi, dans son rôle de protection, l’Etat ne doit pas faire la différence entre le domaine privé de l’Etat et les terres « melk » (propriété privée). 

Les pouvoirs publics se disent conscients de cette problématique, et le ministre en charge de ce secteur affirme que revoir l’exploitation du foncier agricole, est une priorité pour le secteur en 2023.

Et d’insister que son département œuvrera cette année (2023) à la mise en place d’un plan d’action pour l’organisation de l’exploitation du foncier agricole en général et du foncier agricole relevant des domaines d’Etat en particulier, en sus des terres agricoles non exploitées, et ce, dans le cadre de la mise en œuvre des instructions du président de la République.

Un appel largement appuyé par les agriculteurs, pour qui un marché du foncier agricole devrait néanmoins obéir à des règles strictes et non  à celles de la spéculation.

Pour un ingénieur agronome, s’il n’est possible de récupérer des terres dejà construites, «nous pouvons largement protéger celles qui restent, et  veiller à ce que ce marché obéisse à  des règles spécifiques à cette filière, sous l’autorité de l’Etat qui restera le seul garant de toute occupation des sols».

Par ailleurs cet agronome explique aussi que les  parcelles morcelées issues d’héritage ou autres, tout aussi privées qu’elles soient, doivent être inscrites dans les registres de l’Etat, pour échapper à la spéculation.

Dans cet ordre  d’idées, cet agronome estime que le foncier agricole est un bien complexe à multiples facettes. Pour assurer la maîtrise du marché foncier, selon lui, outre un marché du foncier agricole, il faut créer une instance d’intérêt général qui s’assimile à une délégation de mission de service public.

Ces structures auront pour mission, entre autres, de veiller à améliorer les structures agraires, travailler pour faciliter la mise en culture des sols, augmenter la superficie de certaines exploitations et, enfin, favoriser l’installation des jeunes agriculteurs. 

Pour atteindre leurs objectifs ces structures  doivent pouvoir acheter des terres librement mises en vente, le cas échéant, en exerçant un «droit de préemption». Mais pour cela,  il faut légiférer. «Les solutions existent, reste à les concrétiser et les appliquer » dit-il.

A. R.

Quitter la version mobile