(1ere partie)
Nous explorons dans cet article la notion de souveraineté numérique à travers l’initiative de l’Algérie pour encourager le développement de réseaux sociaux dans le pays. Il est essentiel de préciser que l’intention n’est pas de promouvoir un réseau social étatique pouvant conduire à un contrôle administratif ni de soutenir une quelconque forme de limitation de la liberté d’expression.
PAR : Ali Kahlane (*)
Au contraire, nous nous concentrons sur l’importance de la souveraineté numérique, de la liberté d’expression, et de la lutte contre la désinformation et les fake news.
Dans une ère où les réseaux sociaux internationaux dominent largement, cette initiative algérienne vise à offrir une alternative qui respecte les valeurs culturelles et sociales algériennes, tout en étant consciente des risques de censure et de restriction des libertés individuelles.
L’objectif est de trouver un équilibre entre l’autonomie numérique et le respect des droits fondamentaux des utilisateurs.
Impact sur la Souveraineté Numérique et l’Économie
L’initiative algérienne pour développer des réseaux sociaux locaux présente des avantages significatifs en termes de souveraineté numérique et d’impact économique.
En promouvant des plateformes nationales, l’Algérie vise à renforcer son autonomie dans le cyberespace tout en stimulant l’économie locale. Cette démarche encourage l’acquisition de compétences numériques et favorise le développement d’infrastructures technologiques robustes.
Cela fera évoluer son paysage numérique, en cherchant l’équilibre et la préservation de l’identité culturelle avec les impératifs de la mondialisation, tout en visant une intégration économique accrue.
Avec près de 60% de la population connectée, majoritairement jeune, l’Algérie reconnaît l’importance vitale des réseaux sociaux pour informer et influencer positivement l’opinion publique et ainsi contrecarrer les conflits idéologiques qui nous ont fait tant de mal par le passé.
Nous nous devons de trouver des parades face aux tentatives étrangères de manipulation médiatique, comme celles observées durant les événements de Gaza.
Nous constatons jour après jour et heure après heure que des canaux, qui nous sont étrangers, distillent des informations largement biaisées favorisant une partie spécifique, qui n’est pas celle de l’Algérie.
Cela met en évidence les défis de la désinformation et la nécessité d’une approche équilibrée et représentative dans les réseaux sociaux qui sont les canaux privilégiés des Algériens actuellement, près de 70% d’entre eux, s’informe sur le fil d’actualité de Facebook, par exemple. (Voir figure n°1)
Réseaux sociaux et souveraineté numérique
La souveraineté numérique de l’Algérie s’appuie sur sept piliers fondamentaux : les infrastructures, la gestion des données, l’industrie numérique, la cybersécurité, la réglementation, les ressources humaines et compétences numériques, ainsi que la coopération internationale. Ces piliers forment la base sur laquelle le pays construit et maintient son autonomie dans le cyberespace.
Parmi ces piliers, plusieurs sont directement pertinents pour le rôle et l’impact des réseaux sociaux. Les infrastructures, par exemple, sont essentielles puisque la localisation des serveurs et du matériel réseau détermine le contrôle de l’Algérie sur ces plateformes.
La gestion des données est clé, car les réseaux sociaux génèrent et stockent de grandes quantités de données utilisateur. La manière dont ces données sont gérées et utilisées, en termes de stockage et de protection, reflète la souveraineté numérique du pays, particulièrement quand nos lois exigent que les données soient conservées au sein du pays.
La cybersécurité est un autre pilier fondamental. Les mesures de sécurité, qu’elles soient logicielles ou matérielles, appliquées aux réseaux sociaux, sont vitales pour protéger les informations contre les menaces numériques.
Enfin, la réglementation influence directement la manière dont les réseaux sociaux fonctionnent au sein des frontières algériennes, notamment en ce qui concerne la liberté d’expression, la protection des données personnelles, et la lutte contre la désinformation.
Réseaux Sociaux Algériens et Comparaison Internationale
La volonté de développer un écosystème numérique algérien se trouve au cœur de cette initiative, promettant de déclencher une vague d’innovation, d’entreprenariat, et de nouvelles opportunités économiques. Inspirée par des succès internationaux, l’Algérie devrait chercher à tirer des leçons pour la mise en place de ses propres plateformes.
Un exemple de tentative algérienne dans cette direction est ce réseau social, développé par une startup, actuellement en phase bêta qui a déjà attiré plus de 200,000 téléchargements sur les plateformes Android et iOS. (Voir tableau N°1)
Défis, opportunités et impacts dans le monde des affaires
L’adoption de réseaux sociaux algériens présente des défis et des opportunités pour les entreprises locales. Le principal défi réside dans la concurrence avec les géants mondiaux des médias sociaux et l’adaptation des stratégies de marketing aux plateformes nationales.
Cependant, cela offre une chance unique de se concentrer sur un public jeune et connecté, en utilisant des médias qui reflètent l’identité nationale. Les entreprises doivent s’adapter pour saisir ces nouvelles opportunités, tirant parti des données spécifiques à la région pour cibler efficacement leur audience.
Les stratégies de marketing vont être redessinées pour s’harmoniser avec toutes les nuances de plateformes domestiques naissantes. Les entreprises devront réaligner leurs budgets publicitaires et en créer de nouveaux, pour d’autres, qui doivent viser à capturer l’attention d’une population majoritairement jeune et hyper connectée, mais cette fois, à travers un médium qui parle directement à leur identité nationale et, surtout dans une monnaie directement disponible quand il s’agirait d’en utiliser les capacités marketing en mode “sponsoring”.
La suite dans notre édition de demain
(*) Vice-Président du Think Tank CARE
Consultant-formateur en transformation numérique Cybersécurité, IoT et Intelligence artificielle
Ancien Professeur à l’Ecole militaire polytechnique
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