Le chantier de réforme et de modernisation de l’agriculture est lancé. Une nouvelle vision sera donc tracée au cours des travaux de la Conférence nationale sur la modernisation de l’Agriculture, de deux jours, lancés hier par le ministre Yacine Oualid, en présence de membres du gouvernement et des experts nationaux et internationaux.
Par Akrem R.
En effet, ce congrès représente un tournant majeur dans le développement de l’agriculture nationale. Il permettra de poser, dira le ministre dans son discours d’ouverture, les premières pierres d’une transformation qualitative du secteur, redonnant ainsi à la terre sa valeur, à l’agriculteur sa dignité et à la nation sa souveraineté alimentaire. Le message du ministre est clair, reflétant la détermination des pouvoirs publics à assurer la sécurité alimentaire du pays et à se positionner même sur les marchés à l’étranger.
En effet, cette rencontre a été une occasion pour le ministre d’exposer une vision ambitieuse pour le secteur agricole algérien et d’annoncer une série de réformes et de projets destinés à assurer la sécurité alimentaire du pays et à transformer l’Algérie en un acteur majeur de l’agriculture en Afrique et au niveau régional.
Dans son discours d’ouverture de cette conférence qui se poursuivra aujourd’hui, Yacine Oualid a souligné que son département vise à répondre aux besoins alimentaires des Algériens.
«Notre ambition n’est pas seulement d’assurer la sécurité alimentaire pour l’Algérie actuelle de 40 millions d’habitants, mais pour l’Algérie de demain, avec 65 millions de citoyens», a-t-il déclaré.
Le ministre a affirmé que cette vision reposait sur des capacités réelles et des objectifs stratégiques de grande envergure, qui incluent la diversification des productions agricoles et l’utilisation de technologies modernes pour améliorer l’efficacité du secteur.
Pour lui, l’Algérie a la capacité de devenir un leader dans l’agriculture de précision, les cultures stratégiques et la transformation des produits agricoles.
«Nous voulons faire de l’Algérie non seulement un pays autosuffisant en matière alimentaire, mais aussi un pays exportateur net de produits agricoles. Nous voulons que l’Algérie devienne un modèle d’agriculture durable et intelligente, capable de faire face aux défis mondiaux du climat», a-t-il affirmé.
La modernisation du secteur : un levier pour la croissance
Le ministre a insisté sur la nécessité de moderniser le secteur agricole par l’introduction de nouvelles technologies et la rationalisation des ressources naturelles, notamment l’eau. Il a également évoqué les initiatives entreprises pour améliorer la productivité dans le sud du pays, en mettant l’accent sur l’exploitation de l’immense réservoir d’eau souterraine dans le Sahara, notamment la nappe albienne, qui contient environ 60 000 milliards de mètres cubes d’eau, soit l’une des plus grandes au monde. « e réservoir, sous les sols des deux grands déserts, est une véritable mine d’or pour l’agriculture, et il peut jouer un rôle clé dans le développement du sud du pays», a déclaré Yacine Oualid, insistant sur l’importance de diversifier les sources d’eau pour l’agriculture en recourant à cette ressource souterraine, tout en prenant soin de la gérer de manière durable.
Le ministre a également souligné la nécessité d’élargir les superficies cultivées, en affirmant que «l’Algérie dispose de vastes potentialités dans le domaine agricole, mais que la surface exploitée reste encore limitée. Des études ont montré que le sud de l’Algérie dispose d’un million d’hectares exploitables pour des cultures stratégiques».
Productivité record dans le sud : le modèle de l’agriculture moderne
D’ailleurs, les premières expériences dans l’agriculture saharienne ont porté leurs fruits. Le ministre a fait état des progrès notables réalisés dans le sud, où des investissements importants ont permis d’atteindre des rendements exceptionnels, notamment dans la culture des céréales.
Yacine Oualid a précisé que des agriculteurs et des investisseurs algériens, ainsi que des partenaires étrangers, avaient atteint des rendements dépassant les 50 quintaux par hectare, un chiffre impressionnant qui montre le potentiel de cette région désertique, une fois les bonnes conditions et technologies mises en place.
«Grâce aux investissements et à la modernisation du secteur, nous assistons aujourd’hui à une véritable révolution agricole dans le sud de l’Algérie», a ajouté le ministre.
En conséquence, plusieurs objectifs stratégiques ont été atteints, notamment dans la production de céréales, mais aussi dans les secteurs de la viande bovine, du lait, des graines oléagineuses et des cultures stratégiques.
Le rôle clé de la recherche et de la numérisation
Dans cette transformation, l’Algérie mise sur la recherche scientifique et la numérisation pour amorcer cette transition en passant d’une agriculture paysanne à une agriculture moderne. Oualid a également salué le rôle central des chercheurs et des universités dans l’innovation et la mise en œuvre de solutions technologiques adaptées aux spécificités agricoles de l’Algérie.
Il a annoncé la création d’un Conseil scientifique national pour la sécurité alimentaire, qui réunira des experts en biotechnologie, en génétique végétale et en gestion des ressources en eau, pour accompagner la modernisation du secteur.
«Nous devons exploiter pleinement le potentiel scientifique du pays pour atteindre nos objectifs de productivité, et ce n’est qu’avec l’implication des chercheurs que nous pourrons trouver des solutions durables aux défis agricoles», a-t-il précisé.
Concernant la numérisation, celle-ci est au cœur de la vision du ministre, qui a annoncé le lancement d’un projet ambitieux visant à créer un système d’information unifié pour le secteur agricole, qui permettra d’obtenir des informations en temps réel sur la surface cultivée, la productivité, la production et les flux commerciaux.
Ce système permettra également de suivre l’impact des programmes de soutien de l’État, afin de garantir que l’aide parvienne réellement à ceux qui en ont besoin et que les investissements publics soient efficaces. «Ce projet est essentiel pour une gestion optimale de nos ressources et pour prendre des décisions éclairées qui auront un impact direct sur la productivité agricole et la sécurité alimentaire du pays», a-t-il précisé, mettant l’accent sur la nécessité de revoir «nos politiques publiques pour qu’elles soient plus adaptées à la réalité actuelle», en annonçant que les résultats d’une étude visant à évaluer l’efficacité des politiques publiques dans le secteur agricole seront dévoilés à la fin du mois de novembre 2025.
Outre la numérisation et la modernisation agricole, la stratégie de l’État mise également sur l’implication de la jeunesse dans cette transformation, en tant qu’acteur clé pour le renouveau de l’agriculture. «Les jeunes représentent l’énergie renouvelable de l’agriculture. Ils sont l’espoir de demain», a-t-il déclaré, appelant à une mobilisation générale pour garantir la réussite des politiques agricoles.
Réduire les pertes après récolte grâce à la technologie
Un autre enjeu majeur soulevé par le ministre est la question des pertes après récolte, un problème commun dans l’agriculture mondiale, mais particulièrement pertinent pour l’Algérie. Selon le ministre, ces pertes sont élevées et freinent l’optimisation de la production agricole. Pour y remédier, Yacine Oualid a insisté sur l’importance de recourir à la technologie.
«La technologie est aujourd’hui un impératif pour le secteur agricole. Nous avons lancé plusieurs initiatives pour réduire ces pertes après récolte, en utilisant des drones pour surveiller les champs, ainsi que l’intelligence artificielle pour analyser les données et optimiser les processus de récolte et de transformation», a-t-il détaillé, précisant qu’un atelier spécialisé sur ce sujet avait été mis en place pour former les agriculteurs et les acteurs du secteur à ces nouvelles technologies.
Il a précisé que l’objectif était d’améliorer l’efficacité de la chaîne de valeur agricole et de réduire le gaspillage. Yacine Oualid a également souligné que la coopération entre le ministère, les agriculteurs, les investisseurs et les autres acteurs économiques du secteur était essentielle pour réussir cette transformation.
«L’administration ne peut pas prendre de bonnes décisions en restant derrière un bureau. Il faut être proche des professionnels du secteur pour élaborer des politiques publiques efficaces», a affirmé le ministre.
Ainsi, il a mis en avant la collaboration renforcée entre le ministère, l’Union nationale des agriculteurs algériens et la Chambre nationale des agriculteurs, afin de faire en sorte que les politiques publiques soient adaptées aux besoins réels du terrain.
A.R.







