L’Algérie affiche de grandes ambitions pour le développement de son agriculture, en s’orientant progressivement vers des filières stratégiques à forte valeur ajoutée, à l’image de la culture du safran, dont le prix d’un gramme de ce produit varie entre 2000 et 3000 DA. C’est en effet un véritable trésor pour le pays.
Par Akrem R.
D’ailleurs, certains experts le qualifient d’or rouge et l’investissement massif dans cette filière permettra à l’Algérie d’engranger des devises importantes, tout en consolidant la place de l’agriculture dans l’économie nationale. Elle arrive à la seconde place après celle des hydrocarbures avec une production de 37 milliards de dollars en 2025, soit une contribution de 15 % au PIB.
Dans son plan d’action, issu des engagements du Président de la République, le gouvernement veut développer davantage les cultures stratégiques pour réduire la dépendance du pays aux marchés internationaux et se positionner sur des marchés à forte valeur ajoutée.
C’est dans ce cadre que s’inscrit le lancement, hier, d’une stratégie nationale dédiée à l’organisation, au développement et à la généralisation de la culture du safran en Algérie. Lancée pour la première fois en 2009 à Khenchela, cette filière est en pleine expansion et s’étend aujourd’hui à plus de 40 wilayas.
Toutefois, un grand travail reste encore à faire pour sa généralisation et le lancement d’une véritable filière adaptée aux spécificités de l’Algérie. L’objectif des pouvoirs publics est donc clair : développer une culture du safran « made in bladi ».
En effet, cette stratégie constitue un modèle avancé de coopération dans des domaines vitaux, tout en représentant une valorisation concrète des résultats de la recherche scientifique et du développement technologique, traduits en projets économiques prometteurs. La démarche adoptée allie ambition scientifique appliquée et réalisme économique.
À cette occasion, le ministre de l’Enseignement supérieur, Kamel Baddari, a affirmé que cette stratégie «constitue l’un des volets du programme du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, relatif à une agriculture diversifiée fondée sur la valorisation des résultats de la recherche scientifique et à forte valeur pour l’économie et la société», annonçant le lancement officiel d’une campagne de plantation du safran, considéré comme un produit à haute valeur sociale et économique.
Mobilisation de tous les moyens nécessaires
Il a ajouté que cette stratégie vise à atteindre quatre objectifs majeurs. Il s’agit en particulier de la valorisation des résultats de la recherche dans le domaine agricole et de l’amélioration de la production et de la productivité, du développement de nouvelles variétés de semences, de la promotion des industries de transformation du safran et, enfin, de la génération d’une valeur ajoutée pour l’économie nationale à travers la commercialisation locale, régionale, continentale et internationale de ce produit stratégique.
M. Baddari a également salué «les efforts des cadres et chercheurs des secteurs de l’Enseignement supérieur et de l’Agriculture et les résultats remarquables obtenus dans ce domaine», précisant qu’en valorisant et en appliquant les résultats de la recherche agricole en coopération avec le ministère de l’Agriculture, «l’objectif est de créer un label algérien pour le safran, permettant de conquérir les marchés et de renforcer le prestige économique de l’État algérien».
Pour sa part, le ministre de l’Agriculture, Youcef Cherfa, a indiqué que cette initiative constitue «une première étape dans le processus de relance de cette filière à forte valeur ajoutée», soulignant «les efforts de l’ensemble des acteurs dans l’élaboration de cette stratégie nationale, en concrétisation des orientations des hautes autorités du pays» qui accordent une importance particulière à cette culture en mobilisant tous les moyens nécessaires pour l’accompagner et la soutenir.
Il a, par ailleurs, salué «le travail considérable réalisé par les institutions de recherche et de formation relevant de son secteur, notamment l’Institut national de recherches forestières, pour relancer cette filière à travers la mise en place du parcours technique spécifique à cette culture, la conduite d’expériences d’adaptation du safran aux différents climats du pays, ainsi que la formation de dizaines de producteurs issus de toutes les wilayas, sans oublier le rôle important des producteurs qui ont relevé le défi en finançant et en promouvant cette culture».
Le ministre a réaffirmé l’engagement de l’État à mettre tous les moyens nécessaires pour le développement de cette culture qui attire de plus en plus de jeunes et de femmes rurales notamment.
Signature d’une convention de coopération
À cette même occasion, une convention de coopération a été signée entre le secteur de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, représenté par l’École nationale supérieure d’agronomie et le Centre de recherche scientifique et technique sur les régions arides, et le secteur de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche maritime, représenté par le Centre national de recherches forestières et le Centre national de contrôle et de certification des semences et plants.
Cette convention vise à homologuer le parcours technique de la culture du safran, en vue de permettre sa production et son exportation, tout en assurant la formation des acteurs de la filière.
Elle vise à organiser, développer et généraliser la filière du safran en Algérie, en mobilisant des institutions scientifiques et de recherche issues des deux secteurs.
En effet, les institutions des deux départements vont travailler en synergie à travers l’organisation technique de la filière safran, selon un guide technique élaboré pour garantir une production à la fois qualitative et quantitative ; la mise en place d’un plan d’agrément participatif entre les deux ministères pour la production de bulbes de safran conformes aux normes reconnues ; l’établissement de dispositifs de traçabilité des bulbes sur plusieurs générations et l’accompagnement des structures concernées afin d’obtenir les accréditations et certifications conformément aux standards internationaux.
Cette démarche collaborative contribuera à renforcer la position de l’Algérie sur la scène scientifique et technologique mondiale, tout en ouvrant la voie à des initiatives similaires dans d’autres filières agricoles dans lesquelles le pays bénéficie d’un avantage compétitif.
Des experts ont affirmé qu’avec des conditions climatiques favorables et des coûts de production peu élevés, cette culture offre des opportunités de revenus supplémentaires pour les agriculteurs locaux, en particulier les femmes, tout en valorisant des produits dérivés tels que les huiles, les savons et les confitures. La plante de safran a besoin d’une quantité modérée d’eau et de méthodes traditionnelles de cueillette, de tri et de séchage qui n’exigent pas d’équipements coûteux.
En somme, tous les ingrédients sont réunis pour le développement de cette culture qualifiée d’or rouge, qui représente la perspective économique future du pays.
A.R.
