Le remaniement ministériel du gouvernement tant attendu a été enfin opéré. Sans trop chamboulé l’exécutif de Aïmene Benabderhamane, maintenu, quant à lui, à la tête du gouvernement, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a opté pour un léger lifting en attendant les grands changements dès janvier 2023.
Par Akrem R.
Le remaniement n’a, en effet, touché que cinq départements ministériels, à savoir, les ministères de l’Intérieur et des collectivités locales, la Santé, l’industrie pharmaceutique, l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, et celui des startups et micro-entreprises. Ainsi, un changement de poste pour Kamel Beldjoud qui vient de quitter le département de l’intérieur pour rejoindre celui des Transports. La nouveauté dans ce remaniement c’est la fusion et regroupement de certains départements ministériels.
C’est le cas d’ailleurs, des ministères des travaux publics et des ressources en eau qui deviennent désormais ministère des Travaux publics, de l’Hydraulique et des Infrastructures de base. Cette lourde mission a été accordée à un homme du terrain, à savoir le Pdg du Groupe public Cosider pionner dans le bâtiment, travaux publics et hydrauliques, en l’occurrence, Lakhdar Rakhroukh.
L’expérience à l’honneur
Un choix bien étudié pour le chef de l’Etat, qui avait déclaré lors d’une rencontre avec des représentants de la presse nationale qu’il est à la recherche de ministres ayant de l’expérience dans la gestion des affaires de leurs départements et la concrétisation des objectifs fixés dans le plan d’action du gouvernement.
Lakhdar Rakhroukh qui occupait également la présidence de l’Union nationale des entrepreneurs publics (UNEP), aura la rude mission de la gestion des affaires de ce département, englobant à la fois, trois domaines intimement liés à savoir les travaux publics, Hydraulique et Infrastructures.
Il s’agit, notamment, de l’achèvement des projets routiers (Autoroute Est-Ouest), des ouvrages d’arts, et autres infrastructures de base et également de poursuivre les efforts pour garantir une sécurité hydrique pour les populations. Actuellement, des perturbations dans la distribution d’eau sont enregistrées dans plusieurs localités à travers le pays. Lors de la prise de ses nouvelles fonctions, Rakhroukh a affiché sa détermination à «insuffler une nouvelle dynamique et conférer un nouvel esprit au secteur».
Dans le domaine de l’industrie pharmaceutique, le président Tebboune a fait appel, également, à un autre ancien PDG du groupe «Saïdal» pour la période de 1995-2008 et DG de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH). Il s’agit de Ali Aoun qui vient de succéder à Abderrahmene Djamel Lotfi Benbahmed, qui occupait ce poste depuis janvier 2020. La feuille de route du secteur est déjà tracée et des avancées importantes ont été réalisées. En clair, sa principale mission sera de poursuivre les efforts pour le développement de l’industrie pharmaceutique algérienne, à travers la concrétisation de nouveaux projets d’investissements dans le domaine, en particulier pour la fabrication de médicaments innovants. Ainsi, il aura la mission de remédier à quelques lacunes, particulièrement la rareté de certains médicaments. Pour lui, le marché des médicaments en Algérie doit être couvert par des médicaments produits localement. «C’est l’unique solution», a-t-il dit. C’est un message clair aux producteurs et aux laboratoires nationaux et étrangers pour consentir plus d’efforts afin de répondre à la demande locale et aller conquérir des parts sur le marché africain. Aoun s’est engagé, dans ce sens, à «multiplier les investissements dans le secteur de l’Industrie pharmaceutique» à travers la facilitation de l’accès à l’investissement.
En outre, Abdelhak Saihi (Secrétaire général du ministère de la Santé) s’est vu confier le portefeuille de ce département ministériel, en remplacement de M. Abderrahmane Benbouzid, appelé à d’autres fonctions.
Vers une nouvelle politique entrepreneuriale
L’autre nouveauté dans ce remaniement, c’est la fusion entre les deux ministères délégués des startups et de l’économie de la connaissance et celui de la micro entreprise. Un ministère à part entière a été créé: « le ministère de l’Economie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises», confié à Yacine El-Mahdi Oualid.
Il a affirmé qu’il œuvrera à adopter une nouvelle politique entrepreneuriale basée sur des mécanismes modernes. La promotion des start-up se poursuivra affirmant qu’elles seront soutenues, continuellement, par «des mesures incitatives et davantage de réformes». Il a assuré qu’il s’emploiera également à «promouvoir l’entrepreneuriat dans toutes ses formes par la mise en place de mécanismes modernes basés sur des critères économiques étudiés». Suite à ce remaniement, le département de l’Environnement, occupé par Mme Samia Moualfi, s’est vu confier également les Energies renouvelables. Le nouveau portefeuille ministériel constitue «l’avenir du pays et du monde entier à la lumière des défis environnementaux actuels», a-t-elle souligné, en assurant qu’elle ne ménagera aucun effort pour poursuivre le parcours entamé et mettre en valeur les acquis du secteur.
Donner un nouvel élan au développement local
Par ailleurs, le chef de l’Etat a décidé d’effectuer un changement à la tête du ministère de l’Intérieur et des collectivités locales, le premier remaniement depuis 2020, en faisant appel à une personnalité chevronnée, à savoir, Brahim Merad, qui avait occupé le poste du Médiateur de la République.
Des chantiers importants attendent Merad qui avait réussi, dans un court laps de temps, à la levée du gel de près de 1000 projets d’investissements finalisés et bloqués pour divers raisons administratives notamment, dont plus de 500 projets sont en phase de production, outre, la création de plusieurs postes d’emploi.
En effet, Brahim Merad a réussi la résolution d’une situation plus au moins difficile et compliquée à la fois. Grâce à son expérience, il est venu à bout d’une bureaucratie qui avait bloqué des centaines de projets d’investissements et également la résolution et la prise en charges des préoccupations des citoyens en relation avec les différentes administrations et institutions publiques.
En somme, l’arrivée de Brahim Merad à la tête du ministère de l’Intérieur donnera certainement un nouvel élan au développement local et l’amélioration de la situation des citoyens, notamment dans les zones enclavées. Ce dernier avait déclaré que chaque région de notre pays est riche de son potentiel. Il suffit juste de les valoriser et de mettre les stratégies idoines pour atteindre les objectifs escomptés. Il est à noter qu’un nouveau Code des collectivités locales sera présenté lors de cette session parlementaire. Il sera une occasion pour le nouveau ministre de l’Intérieur d’y apposer son empreinte. Ainsi, Brahim Merad aura la mission de préparer la rentrée sociale et la rentrée scolaire prévue à partir du 21 septembre prochain.
L’autre nouveau ministre qui vient de renforcer l’équipe de Aïmene Benabderhamane, est Kamel Bidari (Recteur de l’université de M’sila) nommé ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Un véritable connaisseur du secteur de l’enseignement supérieur et également homme de terrain. Ce dernier aura comme mission principale la réforme de l’enseignement supérieur, tout en mettant des passerelles entre le domaine de la recherche et celui de l’économie.
Les quatre mois restant de l’année en cours seront déterminants pour l’achèvement des chantiers de réformes économiques et la préparation du terrain pour une relance économique dès 2023. Plusieurs projets de lois, à l’instar de celle de la monnaie et du crédit, Code des collectivités locales, lois de finances 2023, code des Douanes et fiscales et autres, seront d’ailleurs débattus lors de cette session parlementaire.
A. R.