Après la révision profonde de la politique régissant la création d’entreprises économiques, à travers, notamment, la promulgation de la nouvelle loi relative à l’investissement et la modification de l’ordonnance de 2008, relative aux conditions et modalités de concession des terrains relevant du domaine privé de l’Etat destinés à la réalisation des projets d’investissement, le cap est désormais mis sur l’assainissement de l’épineux dossier des zones industrielles.
Par Mohamed Naïli
Lors du conseil des ministres de ce dimanche, ce dossier a en effet été au centre des débats à l’issue desquels le chef de l’Etat a donné de nouvelles orientations et instructions visant à mettre en place une nouvelle démarche dans la gestion de ces espaces dédiés à l’activité industrielle.
Les principales nouveautés prévues dans les prochains mois dans ce domaine sont ainsi l’autorisation des opérateurs privés à créer des zones industrielles, le recensement de l’ensemble des zones à travers le territoire national, mais aussi la création de zones d’activités au niveau de chaque commune destinées aux jeunes chômeurs et le développement de petits métiers au niveau local.
Selon le communiqué du conseil des ministres, en ordonnant « au ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales d’instituer dans l’immédiat une fiche technique sur la situation de toutes les zones industrielles dans les wilayas en termes d’activité et de propriété foncière », la vision du chef de l’Etat est plutôt de privilégier l’efficacité de ces zones et leur rôle dans la dynamique du secteur industriel plutôt que la seule multiplication de leur nombre.
« L’intérêt ne résidait pas dans la multitude des zones industrielles créées, mais dans leur utilité économique en termes de création d’emplois et de relance de l’économie nationale pour drainer les véritables investissements productifs, et non pas par des décisions administratives » a affirmé le président Tebboune devant les membres de l’Exécutif, tout en précisant que « seule une réflexion profonde autour d’un nouveau régime était susceptible de relancer l’économie nationale, où l’Etat accompagne les porteurs d’idées et d’initiatives loin des précédentes expériences basées sur la rente et le gain rapide ».
Des milliers d’hectares récupérés
Toutefois, bien qu’une volonté politique soit affichée quant à la consolidation du réseau des zones industrielles dédiées à l’activité économique, il n’en demeure pas moins que l’accent doit être mis les dispositifs de contrôle à mettre en place afin de garantir une exploitation réelle et une gestion rationnelle de ces espaces.
C’est dans ce sens que, à titre indicatif, l’économiste Hamza Boughadi estime que « le problème se pose au niveau du suivi », parce que, s’interroge-t-il, « comment expliquer que l’on accorde du foncier à un investisseur, 3 ans après, sans aucun contrôle et suivi ? Pourtant, la loi est très claire, autant l’actuelle que l’ancienne : si un bénéficiaire du foncier, dans le cadre d’une concession, ne réalise pas son projet dans un délai de deux ans, il doit être tout simplement exproprié ». C’est donc cette politique de fermeté que le chef de l’Etat compte instaurer pour plus d’efficacité.
En outre, en mai dernier, le ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar, a révélé que « Les commissions locales présidées par les walis, chargées de l’assainissement du foncier industriel, ont récupéré plus de 2 000 hectares, dont des terres agricoles accordées précédemment dans un cadre illégal, alors que d’autres ont été affectées à des projets fictifs ». Peu avant, lors d’une visite de travail dans la wilaya de Bejaïa en avril, le ministre a fait état de la récupération de pas moins de 60 hectares de foncier industriel inexploité dans cette wilaya pour le redistribuer à de « véritables investisseurs porteurs de projets concrets et ayant une réelle volonté d’investir ». Enfin, une multitude d’opérations de récupération de lots de terrain destinés initialement à l’investissement industriel ont eu lieu à travers plusieurs wilayas depuis le début de l’année en cours.
M. N.