La percée de l’Algérie sur le marché africain se précise. Une zone de libre -échange sera créée aux frontières algéro-mauritaniennes. La décision a été prise à l’issue des travaux de la 1ère session du Comité bilatéral frontalier entre les deux pays, tenue mardi dernier à Alger.
Par Akrem R.
En effet, à travers cette nouvelle vision, l’Algérie affiche clairement ses ambitions pour aller à la conquête, entre autres, du marché de l’Afrique de l’Ouest, estimé à des centaines de milliards de dollars. Le renforcement de la coopération avec le voisin mauritanien ne peut être que bénéfique pour les deux pays, notamment à l’Algérie, en phase de diversification de son économie.
Outre la création d’une zone de libre échange, Alger et Nouakchott ont décidé, également, lors de cette 1ère session du Comité bilatéral frontalier algéro-mauritanien, l’organisation permanente des foires économiques et commerciales à Nouakchott et de l’encouragement des opérateurs économiques des deux pays à vendre leurs produits dans les marchés algérien et mauritanien.
Ainsi, les experts ont recommandé d’ «examiner les opportunités de coopération et de partenariat dans les domaines de prospection, d’exploration et de production des hydrocarbures, à travers l’exploitation des potentialités d’investissement disponibles et de réactiver la convention relative à la pêche par l’exploitation des autorisations accordées à ce sujet dans les eaux territoriales mauritaniennes», ont-ils fait savoir. Le ministre de l’Intérieur a également fait part de la relance d’un projet de réalisation d’une route reliant Tindouf et Zouerate. Aux plans économique et commercial, les experts des deux pays ont convenu de l’importance de «réaliser une route reliant Tindouf et Zouerate, en mobilisant les ressources financières à cet effet, avec la possibilité de procéder à l’actualisation de l’étude réalisée», a-t-il précisé.
De son côté, le ministre mauritanien de l’Intérieur et de la Décentralisation, Mohamed Salem Ould Merzoug, a souligné, l’importance d’«atteindre la complémentarité économique et commerciale à la faveur d’une vision de développement global au service de la sécurité et de la stabilité des deux pays». L’expert en question sécuritaire et chef d’un parti en cours de constitution, Abdelhamid Larbi Cherif, a estimé, quant à lui, que l’Algérie est appelée, plus que jamais, à renforcer son économie et également sa présence dans les pays voisins. Ce dernier a fait savoir, en marge d’une conférence à Alger, que « nous devons construire une économie forte afin de s’imposer dans la région et également, faire face aux différents plans de déstabilisation». Pour lui, la préservation des intérêts de l’Algérie passe, inéluctablement, par le renforcement de notre présence dans notre voisinage, à l’instar de la Libye, le Niger, le Mali et la Mauritanie. Des orientations, rappelle-t-on, ont été données dans ce sens par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune à son Exécutif afin d’activer les relais de notre diplomatie économique, notamment, dans les pays de la région. D’ailleurs, après la création de zone de libre échange avec la Mauritanie, l’Algérie est en pourparlers avec le Niger, un autre pays stratégique, pour renforcer nos relations économiques et la création d’une autre zone de libre échange. Idem avec la Libye et le Mali.
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Abderrahmane Hadef, expert en développement local
« Créer des zones de libre échange pour pénétrer le marché africain»
L’expert en économie et en développement local, Abderrahmane Hadef a indiqué que la décision prise par l’Algérie et la Mauritanie pour la création d’une zone de libre échange, s’inscrit déjà dans la vision de l’Algérie pour s’intégrer dans le marché régional et surtout le marché africain, à travers la partie Ouest qui reste une des régions les plus importantes dans le continent africain.
Pour cela, dira-t-il, l’Algérie à besoin de mettre en place toutes les conditions juridique, technique et surtout logistique, pour donner une nouvelle dynamique et un nouvel élan aux échanges avec les pays voisins, et pour un prolongement dans la région de l’Afrique de l’Ouest.
Une région à forte densité de population et surtout une région, dont les échanges économique et commerciaux, sont les plus importantes en Afrique.
Ainsi, recommande Hadef, il faut mettre en place les mécanismes, déjà, pour assurer une meilleure fluidité des échanges et une meilleure mobilité des biens et personnes et, surtout, sécuriser cet axe qui devient stratégique pour l’Algérie.
« Je pense qu’aujourd’hui, la relation politique entre l’Algérie et la Mauritanie augure de belles perspectives dans les relations bilatérales. La Mauritanie comme partenaire est considéré comme une plateforme pour accéder à d’autre marchés. Aussi, il est important de faire le choix des secteurs à mettre dans la première locomotive pour en faire des secteurs et filières qui vont drainer et entrainer tout cette dynamique», a souligné Hadef, dans une déclaration à Eco Times.
Toutefois, notre interlocuteur a estimé nécessaire de faire une évaluation de ce qui a été déjà fait, notamment, l’inauguration du passage frontalier entre l’Algérie et la Mauritanie et, également, avoir un retour d’expérience des opérateurs économiques. « Un retour d’expérience sur les contraintes mais aussi et surtout, les perspectives, de telle sorte à ce que les pouvoirs publics mettent en place une organisation qui va être favorable à cette démarche pour la promotion des produits «made in algeria» dans ces marchés», a-t-il dit.
Questionné sur l’importance de passer à la création de nouvelles zones avec les autres pays limitrophes, Hadef est catégorique : «L’Algérie doit aussi penser à mettre en place des zones de libre échange, organiser les échanges commerciaux et aller vers la prospective économique et créer des projets de partenariats dans divers domaines».
Et d’ajouter : « C’est une région qui a besoin de beaucoup d’investissements et de développement sur des secteurs où l’Algérie peut être compétitive à l’exemple de l’énergie, de l’industrie pharmaceutique et des travaux publics, à l’exemple de la réalisation des infrastructures de base routières, et aussi, dans le domaine des services où l’Algérie peut également jouer un rôle important dans la région. Donc, faire la même chose avec le Niger et le Mali, est très important à mon sens afin d’aller ensemble vers d’autres marchés dans le continent africain».
Enfin, l’expert a insisté sur la nécessité de faire participer les opérateurs économiques, en les écoutants pour que «cette nouvelle dynamique soit opérationnelle et durable dans le temps, parce que nous ne sommes plus dans les effets d’annonces et les déclarations. Aujourd’hui, nous avons plus besoin d’action sur le terrain et de projets qui aboutiront et surtout de prendre sa place dans un marché qui devient de plus en plus convoité par les grandes puissances internationales».
Propos recueillis par A. R.