XBM Studio est bien plus qu’un simple espace de création : c’est une agence créative innovante qui développe des concepts disruptifs à travers cinq départements complémentaires. Avec ses activités variées, allant de la production audiovisuelle à la formation culturelle, en passant par la galerie d’art, la marque d’objets lifestyle et le concept store, XBM réunit différentes facettes de la culture et de l’art dans une approche dynamique et intégrée. Inès Megrad, Mohic et Fwad, les trois créateurs de XBM, ont su tisser des liens entre leurs compétences respectives pour offrir un espace où chaque département soutient et nourrit les autres. Leurs initiatives vont bien au-delà de la simple production artistique : elles visent à créer des ponts entre les artistes, le public et le monde professionnel, tout en contribuant activement à la transformation de la scène culturelle en Algérie.
- Ecotimes : Pouvez-vous chacun vous présenter en quelques mots et nous parler de votre parcours avant XBM ?
Inès Megrad : Je suis Inès Megrad, je vis à Alger et je suis financière de profession. J’ai eu un parcours académique plutôt atypique entre finance en école de commerce et scénographie à l’Ecole du Louvre. Avant XBM Studio, j’ai travaillé dans des entreprises dans le département d’analyse financière et j’ai également eu l’opportunité d’explorer les métiers de la production audiovisuelle et de l’événementiel.
Ce qui me semblait n’avoir pas de lien, prend tout son sens aujourd’hui puisque mon métier allie plusieurs des compétences que j’ai pu acquérir auparavant. Mes deux associés dans l’aventure XBM Studio sont Fwad et Mohic qui sont tous deux issus de l’Ecole Nationale des Beaux Art d’Alger, où ils ont évolué dans des formations de design d’intérieur. Fwad, passionné par l’image a développé son expertise en l’audiovisuel dans différentes entreprises de production ou il a occupé plusieurs postes qui lui ont permis de comprendre l’image derrière sous toutes ses formes. Mohic, passionné par le street art, a développé son expertise et son réseau en réalisant des projets d’illustrations, de performances et de fresques pour différentes enseignes commerciales.
- Inès, après des études en finance et en scénographie à l’École du Louvre, qu’est-ce qui vous a motivée à revenir en Algérie et à lancer Exhibimm, l’événement précurseur de XBM ?
Inès Megrad : Ce qui m’a motivée à revenir en Algérie est avant tout l’Algérie. La question se place plutôt sur le moment où j’allais rentrer, parce qu’en réalité cela a toujours été dans mes plans. Mon plus grand rêve a toujours été de pouvoir mettre mes compétences au profit de mon pays et j’œuvre tous les jours à le faire. Mais effectivement, je suis rentrée assez précipitamment, parce qu’il me semble que la vie est faite d’opportunités et qu’une opportunité de faire de l’art dans mon pays se présentait à moi.
J’ai toujours été fascinée par le pouvoir de la culture, le pouvoir de son cercle vertueux et de son impact sur le quotidien, après exhib.imm, je crois que j’ai ressenti que j’en été cette fois ci partie prenante. C’était le moment ou jamais pour moi, même si j’aime à croire que les choses ne sont pas figées que je peux décider d’évoluer dans un autre secteur si j’en ressens le besoin.
- Mohic et Fwad, comment s’est faite votre rencontre avec Inès et qu’est-ce qui vous a incité à vous associer pour fonder XBM ?
Mohic et Fwad : Notre première rencontre s’est faite dans le cadre de la présentation du projet Exhib.imm, un projet qui nous a beaucoup fasciné et auquel nous avons spontané- ment souhaité prendre part. Au-delà d’exposer notre art, nous avons voulu contribuer à l’organisation qui n’était pas une mince à faire ! L’ambiance respirait notre vision de l’art et de la culture, toujours plus inclusive et où chacun a sa place. Après exhib.imm il est certain que nous avions vu le potentiel d’une collaboration, toutefois il est assez différent de contribuer pour à événement ponctuel et d’en faire sa carrière.
La prise de risque se faisait plutôt au niveau du business model que nous allions choisir, mais de nous associer sonner comme une évidence, nous pensons que ça ne s’explique pas. Ça peut sonner cliché, mais je pense qu’on sait quand c’est les bonnes personnes et nous étions nos bonnes personnes.
- Pourquoi avoir choisi le nom « XBM » pour votre entreprise ? Comment ce nom reflète-t-il la vision et les ambitions de votre entreprise ?
Ines, Fwad et Mohic : En réalité, ce n’était pas un choix facile parce qu’en partant du naming exhib.imm on voulait faire au plus simple pour que ce soit vite compris. Nous ne sommes pas sûr d’avoir fait au mieux mais on a gardé les 3 lettres principales de l’ancien naming puisque nous sommes trois associés et cette combinaison semblait le mieux fonctionner.
Toutefois, avec le temps ces lettres ont pris un tout autre sens. Le X correspond à la collaboration entre nos trois âmes créatives, le B correspond à la bienveillance qui est le maître mot de la médiation culturelle, représentée elle par le M. La signification du début n’est pas du tout la même mais je pense que lorsque le naming prend un sens avec le temps il prend aussi de la valeur à nos yeux, c’est le sens du vécu.
- Pourquoi avoir choisi de vous installer dans le quartier du marché Meissonnier à Alger centre. Qu’est-ce qui a motivé ce choix et comment cette localisation influence-t-elle votre interaction avec le public ?
Ines, Fwad et Mohic : Nous avons choisi de nous installer dans le quartier du marché Meissonnier à Alger Centre pour plusieurs raisons. D’abord, c’est un lieu emblématique, vivant et très fréquenté, ce qui en fait un point stratégique pour être au plus proche d’un public large et varié.
Ce quartier est aussi un carrefour où tradition et modernité cohabitent, ce qui correspond parfaitement à l’esprit de notre projet. Être ici facilite une interaction directe, spontanée et authentique avec le public. Ce quartier regroupe parfaitement nos deux conditions principales, d’inclusivité et d’accessibilité.
- Comment décririez-vous l’évolution de XBM depuis sa création, notamment en termes de reconnaissance et d’impact sur la scène artistique algérienne ?
Ines, Fwad et Mohic : C’est difficile à dire en réalité, nous travaillons beaucoup et avons assez de recul sur l’impact de nos actions mais nous espérons avoir pu faire passer de bons moments à nos publics lors de nos expositions ou nos formations, nous espérons également avoir pu satisfaire tous nos clients dans la gestion de leur image, et nous espérons enfin donner plus envie à ceux qui ne sont pas familier à l’art de venir passer un moment avec nous et aux artistes de toujours se sentir safe de créer avec nous.
Autrement, depuis sa création, XBM a connu une évolution que l’on décrirait d’organique, portée par une volonté constante de valoriser la création locale et de créer des ponts entre les artistes et le public mais également d’améliorer notre offre en communication et en audiovisuel.
- XBM est structuré en cinq départements : production audiovisuelle, formations artistiques, galerie d’art, marque XBM et concept store. Comment ces différentes branches interagissent-elles et se complètent-elles au sein de votre structure ?
Ines, Fwad et Mohic : XBM Studio est une agence créative centrée sur l’idéation de concepts disruptifs à travers ses 5 départements. Le département de production et de communication, la marque d’objets lifestyle, les formations culturelles, la galerie artistique ainsi que le concept store.
Ces départements distincts présentent toutefois des complémentarités et des synergies notamment par exemple, notre département de production audiovisuelle soutien en communication nos autres départements.
Aussi, le département de formations nous permet de repérer des talents notamment dans l’acting pour nos prestations audiovisuelles. La marque sert d’appel pour la médiation culturelle et encourage les publics à venir à la galerie, au départ pour le store et à l’issue pour voir des œuvres d’art.
Le concept store est également porté par la marque puisqu’ils sont régis par les mêmes processus de conception. Aussi, les artistes qui bénéficient de la résidence dans le cadre de leur exposition font des workshops post exposition. Tout cela dans l’objectif de créer toujours plus de complémentarités.
- La production audiovisuelle représente la majorité de votre activité et sert à financer d’autres projets artistiques. Quels sont les défis que vous rencontrez pour équilibrer ces différentes activités et assurer la viabilité financière de XBM ?
Ines, Fwad et Mohic : Effectivement, la communication et la production audiovisuelle sont aujourd’hui au cœur de notre activité et nous permettent de générer des revenus pour financer des projets comme des expositions ou des résidences artistiques.
L’un de nos principaux défis, c’est de maintenir cet équilibre pour créer toujours plus. Cela étant dit, nous avons la chance d’avoir des clients qui sont ravis de faire partie de ce cercle vertueux de création et nous encourage dans notre démarche.
Pour pallier aux différentes contraintes nous essayons de structurer notre organisation de façon agile, avec des temps dédiés à la recherche artistique, et d’autres à la production pure.
Assurer la viabilité de XBM est donc un jeu d’équilibriste permanent, mais c’est aussi ce qui rend l’aventure passionnante : trouver des modèles hybrides, inventer de nouvelles formes de production, et garder notre liberté de création.
- Vous proposez des formations artistiques pour initier à des pratiques artistiques ou encore professionnaliser le secteur culturel en Algérie. Quels sont les principaux besoins que vous avez identifiés chez les artistes locaux et comment vos programmes y répondent-ils ?
Ines, Fwad et Mohic : Forts de leur créativité, de leur expertise et de leur talent, les artistes algériens nous apprennent beaucoup sur l’écosystème dans lequel nous évoluons. En contrepartie, nous souhaitons leur offrir des formations accessibles et adaptées à la professionnalisation de ce secteur. Ils allient pratique, théorie et échanges d’expériences, dans un format horizontal, où chacun peut apprendre à son rythme et selon son projet. On privilégie les formats collaboratifs comme les ateliers créatifs ou les workshops et surtout, une approche ancrée dans la réalité locale. Nous avons d’autres formats comme les master-classes qui ont vocation d’être dédiées à un public plus professionnel pour approfondir son expertise. L’idée, c’est de transmettre des outils durables, qui permettent aux artistes de gagner en autonomie et en confiance, tout en renforçant la scène artistique locale.
- Quelle est votre vision pour l’avenir de XBM et comment envisagez-vous son rôle dans le développement de la scène artistique contemporaine en Algérie ?
Ines, Fwad et Mohic : Notre vision pour l’avenir de XBM est de consolider notre rôle en tant que plateforme créative indépendante, capable de faire le lien entre production artistique, transmission de savoirs et transformation sociale. On veut continuer à explorer, expérimenter, mais aussi à structurer et professionnaliser ce que nous faisons. On imagine XBM comme un acteur moteur dans le développement de la scène artistique contemporaine en Algérie — un espace où les artistes peuvent créer librement, se former, se connecter et diffuser leurs travaux dans de bonnes conditions. On veut aussi contribuer à faire émerger de nouveaux récits, portés par des voix locales, mais avec une portée universelle.
Dans les années à venir, on ambitionne d’élargir nos partenariats, de renforcer nos capacités de production. L’idée, c’est de faire de XBM un laboratoire vivant, un lieu de possibles, qui évolue avec et pour la scène artistique algérienne.
- Quels conseils donneriezvous aux jeunes artistes algériens qui souhaitent se professionnaliser ?
Ines, Fwad et Mohic : Le premier conseil qu’on donnerait, c’est : croyez en votre démarche et croyez en vous. Partagez ce que vous faites, c’est toujours assez, c’est déjà superbe, vous avez une place et des choses nouvelles à proposer.
Ensuite, formez-vous autant que possible, soyez curieux·ses, et ne restez pas isolé·e·s. Cherchez les espaces de partage, de formation, de critique constructive. Être artiste aujourd’hui, ce n’est pas seulement créer, c’est aussi apprendre à structurer son projet, à se raconter, à collaborer, à défendre sa vision. Il est aussi important d’être patient·e, de comprendre que la professionnalisation est un processus, pas une ligne d’arrivée.
Entourez-vous des bonnes personnes, soyez ouverts aux retours, mais ne perdez pas votre singularité. Et enfin : Osez. Osez expérimenter, vous planter, recommencer. C’est comme ça qu’on grandit — artistiquement et humainement.
H. M.