Vulgarisation et communication en milieu rural : Levier majeur du développement agricole

Vulgarisation et communication en milieu rural : Levier majeur du développement agricole

L’opération de recensement général de l’agriculture- lancée le 19 mai dernier et qui s’achèvera le 17 juillet prochain-, la vaccination des bovins contre la dermatose nodulaire contagieuse, la sensibilisation des agriculteurs aux feux de récolte et à l’assurance agricole, l’intégration des éleveurs et des agriculteurs dans la stratégie de développement et d’extension du Barrage vert, sont des missions qui requièrent des efforts de communication de la part de l’administration agricole, de chambres de l’agriculture, des services des forêts et des collectivités locales.

Par Amar Naït Messaoud

La communication à développer en milieu rural est d’une certaine complexité. Pour la mener de manière appropriée, avec des résultats espérés percutants et efficaces, des agents et cadres de terrain, particulièrement ceux relevant du secteur de l’agriculture et des forêts, avaient été amenés, au début des années 2000, à bénéficier de formations idoines, ici, en Algérie et à l’étranger, au sein des universités et instituts spécialisés.

Sur le plan institutionnel, l’Algérie dispose d’un institut spécialisé en vulgarisation agricole (INVA) qui forme des agents et techniciens en la matière, organise des sorties sur le terrain, y compris pour mener élaborer des spots d’annonces et d’orientations diffusées par la télévision nationale en direction des agriculteurs.

La mise en œuvre de la politique agricole a hérité des difficultés des anciennes orientations du pays en matière de politique de développement, comme elle a tiré les leçons des erreurs et des inconséquences qui ont grevé le secteur dans ce qu’il a de plus précieux, à savoir sa ressource humaine, une ancienne paysannerie sans terre qui est en train d’évoluer dans un contexte des plus austères face aux nouveaux défis qui s’expriment en termes de changements climatiques et de sécurité alimentaire pour le pays.

Depuis la nationalisation des terres agricoles héritées des anciennes fermes coloniales, jusqu’à la loi de 2010 portant sur le remembrement des exploitations agricoles, une multitude d’expériences ont été menées par les pouvoirs publics afin d’asseoir la formule idéale d’organisation des unités agricoles.

En février 2011, une instruction (n°108) du ministère de l’Agriculture tendant à « élargir la base productive » de l’agriculture était venue pour inciter les propriétaires de terres en friche ou abandonnées à les travailler moyennant des crédits bonifiés à concurrence de 1 million de dinars l’hectare.

TACT ET SENSDE LA COMMUNICATION

Au cours de ces derniers mois, une opération de mise en conformité des terres, relevant de la propriété domaniale (domaine privé de l’État), mises en valeur par des particuliers, mais sans titre de concession, a été menée à l’échelle du territoire national afin de conforter les agriculteurs concernés dans leurs activités.

C’est là aussi une opération qui a exigé un grand tact et un sens de la communication bien aiguisé tant sont nombreux les imbroglios et les déclarations douteuses.

Le constat fait il y a quelques années sur la main-d’œuvre agricole fait état du vieillissement de celle-ci et de la préfé- rence des jeunes pour le secteur du tertiaire (services).

Si l’intérêt pour l’activité agricole a décru d’une manière aussi manifeste, c’est que d’autres créneaux se sont montrés plus attractifs dans une économie qui était rongée par l’informel.

Dans une large mesure, la rente pétrolière a joué un rôle déterminant dans une équation qui continue qui a défié le bon sens, censé devoir régir la rationalité économique.

Dans tous les cas de figure, la base sociale de l’agriculture algérienne est en cours de stabilisation. Le phénomène de l’exode rural et les déplacements en masse dictés par des raisons d’insécurité pendant les années 1990 ont davantage éloigné une population naturellement agricole et rurale de sa terre et de ses repères.

L’ENJEU DU MILIEU HUMAIN

Un mouvement de retour vers les bourgades et villages d’origine a été enregistré au cours de ces dernières années, suite à la crise économique qui étouffe les villes et aux incitations de l’État tendant à repeupler les campagnes et à revitaliser les territoires ruraux par la diversification des activités agricoles et artisanales.

Un grand nombre de bourgades et de hameaux concernés ont été classés dans la rubrique des « Zones d’ombre » pour bénéficier de services publics plus appropriés (infrastructures de desserte, équipements publics (écoles, électrification, AEP, assainissement, centres de santé,…).

Au cours de la mise en œuvre de ces projets où l’État, avec ses différentes représentations, intervient massivement sur le terrain, des questions légitimes et rationnelles n’ont pas manqué de surgir dans l’esprit des agents de développement (cadres agronomes et forestiers, agents techniques, autorités locales, représentants d’associations,…).

Il s’agit de la conduite à tenir avec les populations rurales et de la typologie de relation qu’il y a lieu d’entretenir pour espérer réussir la mise en œuvre des projets sur le terrain.

La problématique qui se pose dans ce milieu spécifique est celle de la communication entre les intervenants institutionnels et techniques (administration, bureaux d’étude, techniciens, bailleurs de fonds) avec les paysans et les agriculteurs de façon à mieux appréhender les enjeux de ce milieu spécifique et, par conséquent, imaginer les solutions les plus appropriées aux problèmes diagnostiqués conjointement avec les concernés dans une dynamique de participation active.

La nouvelle communication en direction du monde rural englobe et fait imbriquer un grand nombre de moyens et d’intervenants.

Ce qui relevait jadis, comme milieu de rencontre des agriculteurs, de la quasi exclusivité des chambres de l’agriculture, en tant que réceptacles des différentes filières agricoles, a pris une autre dimension et bénéficie de plusieurs méthodes d’intervention pour assurer la communication en milieu rural.

L’on sait déjà qu’un certain nombre d’agriculteurs ne sont pas adhérents à la chambre d’agriculture pour des raisons de modestie de leurs patrimoine foncier, lequel, particulièrement dans les zones de montagne, est grevé par l’indivision et l’absence des actes de propriété.

En direction de ces agriculteurs-là, des éleveurs éloignés ou enclavés dans la vastitude de la steppe, des jeunes auto-entrepreneurs intéressés par une activité agricole, la communication devrait s’adapter continuellement, associant le communiqué et son affichage, l’enquête de terrain ou l’enquête-ménage avec questionnaires directifs ou semi-directifs, des regroupement en focus-groups, du brainstorming, de la vulgarisation par démonstration sur parcelle, des fiches techniques déclinées sur data-show,…etc.

Dans tous les cas de figure, ce sont des rapports de communication interactifs où la place de l’agriculteur ou de l’éleveur demeure capitale.

Amar Naït Messaoud

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