L’Ambassadeur de l’Union européenne en Algérie, Diego Mellado, a réaffirmé hier à Alger que les relations entre l’Algérie et l’UE sont fondamentales et indispensables. S’exprimant lors d’une conférence placée sous le thème : « Les zones économiques spéciales comme outil d’attraction des investissements en Algérie », le diplomate européen a indiqué que « l’année 2025 sera une bonne occasion de les approfondir et de les consolider», sur la base d’un partenariat gagnant-gagnant.
Par Akrem R.
Après 20 ans de mise en œuvre de l’Accord d’association, le moment est venu pour sa révision. L’Algérie avait manifesté à maintes reprises la nécessité de revisiter cet accord de partenariat avec l’UE, notamment dans le chapitre économique et les échanges commerciaux. Tout au long de cette période, l’Algérie a été perçue comme un simple marché, où les marchandises du Vieux Continent accédaient sans restriction ni taxes douanières.
D’ailleurs, ce démantèlement tarifaire a entraîné un déficit chronique de la balance commerciale de l’Algérie avec l’UE depuis l’entrée en vigueur de l’accord en 2005.
Selon des chiffres dévoilés par le ministre des Affaires étrangères en septembre 2024, le volume des échanges commerciaux entre l’Algérie et l’UE a atteint 1000 milliards de dollars, tandis que les investissements européens en Algérie n’ont pas dépassé 13 milliards de dollars, majoritairement dans le secteur des hydrocarbures, et que 12 milliards de dollars ont été transférés sous forme de dividendes entre 2005 et 2020 !
Ces chiffres témoignent de la nécessité de revoir cet accord, d’autant plus que l’Algérie est aujourd’hui productrice et même exportatrice de plusieurs produits hors hydrocarbures. Un message que les Européens commencent à comprendre, acceptant ainsi de revoir l’Accord d’association tout en augmentant leurs investissements en Algérie.
Lors de cet événement organisé par la Délégation de l’Union européenne en Algérie, en collaboration avec l’Ambassade de Pologne et l’Agence Algérienne de Promotion de l’Investissement (AAPI), l’Ambassadeur Diego Mellado a souligné que «le moment est venu pour revisiter notre partenariat et examiner nos relations dans leur globalité, notamment dans le cadre du nouveau Pacte pour la Méditerranée».
Possibilité d’attirer plus d’investissements européens
Le même responsable a affirmé qu’«il est possible d’attirer plus d’investissements européens en Algérie, de développer et de faciliter nos échanges commerciaux et d’intégrer nos économies», précisant que «la démarche de l’Algérie visant à diversifier son économie est légitime».
À noter que les consultations techniques entre les deux parties ont été lancées début février. La délégation européenne, qui a rencontré plusieurs hauts responsables algériens, avait souligné que les discussions sur ce dossier crucial, en cours depuis plusieurs mois, se déroulent dans un climat de bonne foi et de coopération. L’Ambassadeur de l’UE en Algérie a annoncé le lancement d’un projet ambitieux : le « Pacte pour la Méditerranée».
Selon lui, ce pacte pourrait marquer un tournant décisif dans la coopération entre l’Algérie et l’UE, en instaurant un cadre de partenariat mieux adapté aux défis actuels et aux priorités stratégiques des deux parties.
Ce pacte pourrait bien être la clé d’un renouvellement en profondeur des relations entre l’Algérie et l’Union européenne, qui célèbrera en 2025 le 20ᵉ anniversaire de l’Accord d’association signé en 2005.
Le Pacte Méditerranéen représente ainsi une opportunité de revisiter cette coopération en alignant davantage les intérêts économiques, politiques et industriels des deux parties.
Ce cadre renouvelé devrait permettre de rééquilibrer les échanges commerciaux et de stimuler les investissements européens en Algérie, tout en contribuant à la création de chaînes de valeur locales et au renforcement du tissu productif national.
C’est l’une des revendications majeures de l’Algérie, qui affiche son ambition de renforcer sa coopération avec les pays de l’UE afin de diversifier son économie.
Création de zones économiques spéciales
L’un des axes centraux du Pacte Méditerranéen concerne la création de Zones Économiques Spéciales (ZES), un modèle déjà expérimenté en Europe, notamment à Katowice en Pologne, et qui pourrait être adapté à la réalité algérienne.
Les ZES, qui favorisent les investissements étrangers en offrant des conditions fiscales et administratives avantageuses, pourraient constituer un levier important pour l’Algérie, à condition qu’elles soient conçues pour renforcer son tissu industriel local et non pour permettre une simple délocalisation des investissements européens.
Au-delà des ZES, le Pacte Méditerranéen vise aussi à repenser les modèles de coopération dans les secteurs stratégiques tels que les échanges commerciaux, la transition énergétique, le transfert de technologies et l’industrialisation.
L’Algérie, avec sa position géographique privilégiée et ses richesses naturelles, peut offrir à l’Europe un partenariat gagnant-gagnant, où l’UE profite des opportunités d’un marché dynamique et diversifié, tout en soutenant les projets de développement et d’industrialisation du pays.
A. R.