Le ministère du Commerce veut mettre de l’ordre dans l’activité commerciale. Les services de Kamel Rezig envisagent d’imposer l’usage de la facture ou du bon de livraison. Un nouveau décret sera, d’ailleurs, incessamment publié dans le journal officiel identifiant les produits concernés par ce système de facturation, a annoncé lundi dernier le directeur général de la régulation et de l’organisation des marchés au ministère du Commerce, Sami Kolli.
Par Akrem R.
Ces deux documents commerciaux, garantissant la traçabilité des produits, sont boudés jusqu’à présent par les agriculteurs et éleveurs, notamment. Des dispositions réglementaires seront prises, selon le même responsable, pour les obliger, ainsi, que les artisans et les pêcheurs à établir des factures. «Nous allons imposer ce document d’abord pour garantir l’innocuité des produits et leur qualité», insiste le responsable, qui affirme que la bataille contre les mauvaises pratiques commerciales sera rude. «Nous allons mener la vie dure à ceux qui pratiquent le fardage par exemple, ou ceux qui vendent la pomme de terre avec de la terre. Un arrêté ministériel sera publié dans les jours à venir sur la catégorisation des produits», a-t-il révélé dans une déclaration à la radio nationale.
En effet, ces deux documents sont plus que nécessaires pour la maitrise et le contrôle du marché. Actuellement, les services de contrôle éprouvent d’énormes difficultés dans leur mission, notamment en ce qui concerne les produits agricoles. Dans un marché prédominé par l’informel, les prix de certains produits connaissent des hausses injustifiées, dérogeant même à la règle de l’offre et la demande. C’est un scénario qui revient à chaque fête religieuse ou nationale. Les spéculateurs imposent leur diktat. A titre d’exemple, durant cette fête de l’Aïd El Adha, la courgette dont le prix ne dépassait pas les 60 DA a été cédé à 220 DA/kg ! Même chose pour les navets dont le prix d’un kilogramme est de près de 300 DA, soit une hausse de près de 200% par rapport à la période de l’avant Aïd.
Résistances en vue
Toutefois, la mise en application de cette nouvelle réglementation peut créer des tensions et résistances de la part des commerçants. La tentative des services du commerce d’imposer l’usage de la facture pour la commercialisation de l’huile de table a été vouée à l’échec. Les détaillants ont tout simplement boycotté ce produit, dont le prix est plafonné. Les services du ministère du Commerce sont conscients de la difficulté de la tâche, mais sont déterminés à la réorganisation et à la moralisation de l’activité commerciale dans notre pays. Un grand travail doit être effectué sur les différents plans, notamment en matière de la sensibilisation et de mesures d’incitation. La réforme du système fiscal est recommandée plus que jamais. Les taxes imposées aux commerçants sont jugés élevés. Ainsi, il est recommandé également de moderniser le secteur commercial. Dans ce cadre, Hamza Boughadi, expert en économie a souligné l’urgence de passer d’une gestion ancienne et obsolète d’un secteur économique pivot, à un système de management moderne, performant et efficace.
La numérisation et la grande distribution pour la maitrise des prix
«La nécessité de cette transformation vers un commerce numérisé, branché et favorisant le développement, implique de grands changements, notamment sur les infrastructures, les équipements et les ressources humaines», a-t-il souligné.
Outre la numérisation des activités commerciales, un autre texte de loi est en cours d’élaboration, annonce Kolli, pour l’encadrement de la grande distribution par spécialité, des marchés de gros de fruits et légumes mais aussi des marchés de gros pour d’autres produits, par exemple, d’habillement et de maroquinerie. Deux marchés de ce type seront réalisés à Tlemcen et à Médéa. Plusieurs projets de marchés d’agroalimentaire, ajoute-t-il, sont en cours de réalisation également. «Nous allons tout mettre en œuvre pour avoir des marchés qui répondent aux normes, le premier a été inauguré au mois de Ramadhan, à Ouargla et le deuxième à Bechar, en attendant ceux de khenchela, de Batna et de Tiaret », annonce Sami Kolli, qui affirme que «de nombreux opérateurs nationaux sont intéressés par ce type de projet».
A. R.







