Valorisation et traitement des déchets : L’Etat adopte une nouvelle stratégie 

L’Etat accorde un intérêt particulier au traitement et à la valorisation des déchets. Une nouvelle stratégie est en place pour passer d’une gestion classique, en vertu de laquelle les déchets sont jetés dans des décharges ou dans des centres d’enfouissement technique (CET) à une gestion économique. 

Par Akrem R. 

L’ambition de l’Algérie est de parvenir au recyclage de 30% des déchets générés annuellement à l’horizon 2035, a indiqué la ministre de l’Environnement et des Energies renouvelables, Fazia Dahleb, à l’ouverture de la 7ème édition du Salon International de la récupération et la valorisation des déchets (REVADE). 

Elle a relevé, qu’actuellement, seuls 10% des déchets recyclables sont valorisés. Un taux infime loin des potentialités que recèle l’Algérie. Selon les chiffres dévoilés à cette occasion, 34 millions de tonnes de déchets sont générés chaque année, prévoyant une augmentation à 73 millions de tonnes en 2035.

La ministre a expliqué que cette augmentation est due non seulement à la croissance démographique, mais aussi au développement des capacités économiques qui entraîneront une augmentation des déchets.

Elle a, en outre, fait savoir que sur les 13,5 millions de déchets ménagers, seulement 10% sont recyclés, soit 80% de pertes sèches pour l’économie nationale et une menace pour l’environnement.  «C’est un véritable gisement économique à valoriser. Actuellement, 10% seulement de ces déchets sont recyclés», indique la ministre.

Un gisement à exploiter 

En termes clairs, un énorme travail reste encore à faire, notamment, en matière de sensibilisation pour inciter les gens, d’abord, au tri sélectif et, également, capter des investissements dans ce domaine porteur.

Selon les estimations de l’Agence nationale des déchets (AND), la valeur des déchets produits en Algérie est passée de 92 milliards de DA en 2020 à 151 milliards de DA en 2023.

La récupération du plastique peut générer plus de 60 milliards de DA et, au moins, 7600 emplois directs. Dans ce cadre, la ministre a assuré que les portes de son département sont ouvertes aux investisseurs désirants  investir dans ce créneau porteur.

Pour sa part le ministre du Commerce et de la promotion des exportations, Tayeb Zitouni, a appelé à l’exploitation économique optimale de ce gisement, permettant à l’Algérie d’engranger des devises en plus. Il a ainsi souligné que ces dernières années, les opérateurs économiques s’intéressent à l’investissement dans ce domaine du recyclage et valorisation des déchets. 

Pas moins de 714 entreprises activant dans le recyclage des déchets sont enregistrés au Centre national du registre du Commerce (CNRC), à fin mai 2023. Dans le détail, 550 d’entreprises sont des personnes physiques et 164 personnes morales. Cette nouvelle statistique fait suite à un processus de nettoyage et de mise à jour du registre des activités économiques soumises à l’enregistrement commercial, entrepris par le ministère du Commerce et de la Promotion des Exportations. 

Dans le domaine de la gestion des déchets et de leur valorisation, 16 nouvelles activités commerciales ont été codifiées, concernant la production, les services, l’exportation, et dans le même contexte, 25 activités commerciales ont été supprimées et remplacées par de nouveaux codes.

636 sociétés exportatrices en activité 

Le ministre du Commerce a fait savoir également que 636 opérateurs activent dans le domaine de l’exportation des déchets. «L’activité d’exportation des déchets est réglementée et soumise à une réglementation spécifique qui nécessite une licence délivrée par le ministère de l’Environnement et des Énergies Renouvelables. Le nombre d’opérateurs économiques autorisés à exporter, selon le code commercial spécifique à cette activité, est de 636, dont 166 personnes physiques et 470 personnes morales », détaille-t-il, en appelant à l’association des start-up  dans la gestion des déchets.

Ces dernières proposent de nouvelles solutions pour la collecte des déchets et pour les valoriser en local. La transformation des produits recyclés est peu développée dans notre pays.

Les déchets récupérés, qu’ils soient plastiques ou ferreux, sont exportés en brut. Ceci réduit la valeur de cette richesse, nécessitant le développement d’une véritable industrie pour les valoriser en réduisant la facture d’importation des produits en plastique importés de Chine en particulier.

Des efforts à consentir … 

Toutefois, et en dépit des efforts consentis par l’Etat, en allouant des budgets importants pour la collecte des ordures ménagères, la gestion des déchets fait encore défaut. Des points noirs perdurent encore dans plusieurs coins à travers le pays et les centres d’enfouissement techniques sont en phase de saturation. Donc, le développement d’une nouvelle stratégie pour la gestion des déchets est plus que nécessaire pour faire face à la double problématique environnementale et économique.

«L’Etat poursuivra ses efforts et ses investissements dans la lutte contre les décharges anarchiques, en s’orientant résolument vers une économie circulaire », indique la ministre, en relevant que le traitement de la décharge de Smar (Bab Ezzaour) a nécessité l’investissement de 7 milliards de DA pour sa transformation en parc, dont son ouverture au grand public sera pour bientôt.

«Ce projet nous a permis d’acquérir une grande expérience en la matière d’éradication de décharges», ajoute-t-elle, en annonçant que de nombreuses autres décharges à travers le pays seront transformées en parcs de loisir.

Il est à noter que cette 7ème édition du Salon REVADE qui a été placée sous le thème «Transformer la gestion des déchets en opportunités commerciales» a réuni un total de 70 exposants, dont 40 entreprises économiques, 7 associations, 15 start-up, 7 clubs scientifiques, et la participation d’un représentant de la Tanzanie.

A. R.

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