Valorisation du savoir-faire traditionnel : Un supplément d’âme à la culture et l’économie

Artisanat algérien

La recherche de la diversification des recettes extérieures- projetées par le gouvernement à 30 milliards de dollars/an pour les produits hors hydrocarbures à l’horizon 2030-, ne peut se passer de son socle économique qui est la diversification optimale des activités, comprenant les secteurs primaire, secondaire et tertiaire.

Par Amar Naït Messaoud

Ce dernier, avec le segment digital et de la numérisation acquerra sans doute plus de dynamisme et d’attractivités auprès des jeunes.

Néanmoins, les activités d’extraction des matières primaires (secteur primaire), destinés à la transformation (secteur secondaire) peuvent servir de rampe de lancement à plusieurs unités de production versées dans l’artisanat.

Laine, peaux de bêtes abattues, teinturerie, tissage, fabrication d’effets ou d’objets à base d’alfa, d’oseille et de sparte, pierres taillées, herboristerie, fruits des bois, dinanderie, constituent des créneaux encore presque en friche pour lesquels il faudra lancer des études (d’identification/recensement, de mode d’exploitation et de mise en œuvre, de marché, de crédits bancaires, de mode de médiatisation,…).

Longtemps confiné dans les limites du folklore, ravalé au rang d’une « coquetterie » sans lendemain à l’ombre de la rente, concurrencé par les ersatz de produits provenant de Chine et d’Europe, abandonné à son peu enviable sort, l’artisanat et les produits du terroir sont aujourd’hui sollicités pour participer à la diversification économique.

Comment passer d’une simple politique de prestige, qui se déploie pendant un mois- celui du patrimoine matériel et immatériel (du 18 avril au 18 mai de chaque année)- à une stratégie de production, de soutien- en amont et en aval- des vrais producteurs et de la valorisation de la culture et de la personnalité algérienne à travers la redynamisation du segment de l’artisanat et des produits du terroir ?

Les nouvelles ambitions arrêtées pour le créneau de l’artisanat projettent la création de plus de deux millions d’emplois à l’horizon 2030 dans les différentes activités de ce secteur, faisant partie du département, du Tourisme, avec un produit intérieur brut de 860 milliards de dinars, tel qu’évalué par ce département ministériel

Depuis les assises nationales du tourisme tenues en 2009, il semble que la croissance du secteur de l’artisanat était à la peine. Il chercher à se frayer un chemin et une visibilité dans une ambiance générale faite de « résidus » de l’économie rentière et de recherche de nouvelles alternatives économiques.

Le peu de producteurs et de créateurs- car dans ce domaine, il y a bien création et dimension artistique- qui ont défié les contraintes et la morosité du climat d’investissement, l’on fait d’abord par amour du métier.

Vannier, dinandier, bijoutier, tapissier, potier- hommes et femmes- tiennent surtout à perpétuer un métier de père en fils, une mémoire culturelle et professionnelle et une activité autrefois inscrite dans les tablettes de l’économie locale.

Il en est de même des produits du terroir, un segment très proche de l’artisanat, nourri aux mêmes valeurs patrimoniales et culturelles, en plus, pour lui, de relever majoritairement de l’activité agricole de type familial, mais qui, à la faveur d’une politique d’incitation intelligente, peut prendre la dimension d’une activité professionnelle et économique de grande importance.

La courte expérience menée dans les projets de proximités de développement rurale intégrés (PPDRI), entre 2003 et 2014, avait montré les grandes possibilités de segments de la vie et des activités en milieu rural ont été regroupés dans ce qui était appelé les « thèmes fédérateurs ».

Un de ces axes concerne justement la promotion des produits du terroir sous le label générique : « Protection et valorisation du patrimoine matériel et immatériel », comprenant les produits du terroir, le tourisme rural, l’artisanat, la préservation des sites et des produits historiques et culturels, la valorisation des sites culturels et des manifestations traditionnelles…etc.

TRUFFE, HUILE D’ARGAN ET SYSTÈME HYDRAULIQUE TRADITIONNEL

Un thème fédérateur, dans une localité ou région, est l’activité qui peut être, par la pratique commune au sein d’une population, par le souvenir collectif de cette activité et de ses ressorts dans le passé, peut, une nouvelle fois, rassembler les familles et les ménages dans un cadre de renouveau économique et de réhabilitation de la mémoire populaire.

Des projets de haute importance ont pu être réalisés, dans une combinaison d’actions diversifiées : artisanat, produits du terroir, opérations de désenclavement, amélioration du cadre de vie général et des services publics, de façon à conférer aux objectifs ciblés un cadre optimal de réalisation et de réussite.

On avait conçu des projets de ce genre dans le cadre du développement rural intégré, mais qui, pour des raisons de manque de coordination entre les acteurs institutionnels concernés étaient restés en suspens.

Il en est ainsi d’un projet portant sur le thème fédérateur du développement et de l’amélioration de l’activité des tailleurs de pierres dans certaines régions du pays, des fabricants illicites de charbon de bois dans des localités forestières et tant d’autres créneaux à même de générer des revenus, de régulariser et de normaliser l’activité dans le cadre du développement durable.

Pour le cas, par exemple, de la culture et de l’exploitation de la truffe des régions sahariennes, il est possible de l’intégrer dans des projets de ce genre. Il s’agit d’en moderniser la culture et, en raison de sa courte saison, lui associer des activités rentables en élevage camelin (y compris le lait de chameau), en métiers artisanaux propres au Sahara.

Plus spécifiquement, dans la région de Tindouf, la culture et l’exploitation de l’arganier peut être un filon de haute importance d’autant plus que l’Algérie et le Maroc ont l’insigne privilège d’abriter seuls à l’échelle mondiale, une telle espèce d’arbre.

L’expérience en plantation est en train d’avancer à petits pas, y compris au Nord algérien, mais il faut lui associer des pépinières, de la formation, des méthodes d’exploitation du fruit et de son traitement en atelier de transformation.

À terme, l’huile d’argan, très chère (la deuxième, après celle du figuier de Barbarie) peut même être exportée, comme l’est actuellement le produit issu de la caroube exporté aux États-Unis par l’entreprise Boublenza à partir de Tlemcen.

Au cours de cette semaine, on a annoncé la mise en place d’un ré- seau de recherche pour le développement de la production de l’huile d’argan. Ce réseau est l’œuvre de l’Agence thématique de recherche en sciences de la santé et de la vie.

On a également fait état de la maturation du projet de restauration et de valorisation du système d’irrigation spécifique à la vallée du Mzab. Il a été conçu et initié suite à sa forte détérioration induite par les inondations exceptionnelles d’octobre 2008 lesquelles avaient causé plus d’une centaine de morts et des dégâts matériels considérables.

Ce dispositif traditionnel, qui a nourri l’économie locale pendant plusieurs siècles, est un système qui stocke et distribue les eaux de pluie et les eaux de crue de l’Oued Mzab afin d’irriguer les palmeraies et les jardins maraîcher et fruitiers en sous-étage.

La Vallée du Mzab, avec tout ce ses équipement traditionnels d’habitat et d’économie locale, est classée patrimoine mondiale de l’Unesco.

A. N. M.

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