Université-Entreprise : Les nouveaux vases communicants

Promouvoir l’entrepreneuriat au sein de l’Université algérienne, faire établir des passerelles de recherche développement (R&D) entre cette dernière et les entreprises économiques, publiques et privées, renforcer et créer de nouveaux laboratoires de contrôle et de normalisation pour tous les secteurs d’activités avec le concours de l’Université, sont les axes majeurs autour desquels est en train de s’édifier la nouvelle vision relative au rapport de l’enseignement universitaire à l’ensemble des activités de la nation.

Par Amar Nait Messaoud

Les incubateurs pourle lancement des start-up, particulièrement dans les domaines innovants (informatiques, cybernétique, biotechnologies,…) et bénéficiant de soutiens financiers publics, sont en train de se multiplier à l’échelle de plusieurs universités.

Rien qu’au cours de l’année universitaire 2023/2024, quelques 117 incubateurs sont placés à l’échelle du territoire national destinés à promouvoir les startup.

En outre, 51 centres d’intelligence artificielle ont aussi été installés pour la promotion de projets de recherche dans ce domaine de pointe.

Les incubateurs, appelés aussi « Centres de développement de l’entrepreneuriat », sont destinés, à titre d’encadrement et d’accompagnement, aux jeunes porteurs de projets.

Parmi ce nombre, 500 projets ont acquis le label de qualité, ce qui renseigne sur leur viabilité et sur le caractère innovant. Les start-up tendent à consacrer le principe d’auto-entreprenariat dans les domaines de l’innovation technologique.

En d’autres termes, un universitaire diplômé n’a pas pour destin exclusif de devenir salarié, après des années de chômage et de recherche de l’emploi, si, entretemps, l’aventure de la sortie à l’étranger ne le tente pas.

Créer sa propre entreprise est possible. Mieux, cette entreprise, dans sa phase de croissance, créera des emplois directs et indirects.

En tous cas, la place de l’Université dans la société et dans l’économie, avec près de 300 000 diplômés sortis en graduation chaque année, est en train de se reconfigurer en proportion de la reconfiguration des grands principes de l’économie nationale.

IMMERSION DANS LE CHAMP ÉCONOMIQUE

Le temps est-il venu pour que l’Université et l’économie nationale se mettent à bâtir de solides passerelles dans le cadre d’un partenariat stratégique tendu vers la promotion du dépeuplement de notre pays dans tous les domaines ? La réponse ne peut être qu’affirmative.

L’Université ne peut pas faire l’économie d’une immersion dans…l’économie. De même, l’économie nationale, dans tout l’éventail de ses activités, ne peut guère se passer de l’apport et du soutien de l’Université.

Ce système de vases communicants, n’a pas eu l’heur, pendant les années de l’ «embellie financière» du début des années 2000, où les investissements publics avaient consommé plusieurs centaines de milliards de dollars, de fonctionner de façon optimale, ni même se rapprocher de certains objectifs qui étaient pourtant à portée de main.

La communication entre ces deux grands blocs-la recherche scientifique et le champ économique- n’a commencé à dessiner ses premiers linéaments qu’au cours de ces dernières années.

Le mouvement, aussi modeste soit-il, est d’abord dû à l’impérieuse nécessité pour un grand nombre d’entreprises de s’ouvrir de nouvelles perspectives de croissance et d’innovation au moment où les pouvoirs publics ont impulsé une politique de rationalisation des importation au profit de la production nationale.

BOOSTER LA PRODUCTION LOCALE EN QUANTITÉ ET EN QUALITÉ

Cette dernière ne peut réellement s’imposer sur le marché national et ambitionner de conquérir des marchés à l’étranger qu’en acquérant plus de performance, en matière de productivité, et de meilleurs résultats sur le plan de la qualité et du design.

Ce sont là des performances et des avancées qui ne peuvent être acquises exnihilo. L’aile marchande de l’économie et de l’entreprise demeure, sans conteste, la recherche scientifique et, plus précisément dans le cas des économies des pays du Sud, la recherche-développement (R&D), qui se distingue quelque peu de la recherche fondamentale.

Cette dernière, lorsque le niveau scientifique de nos universités le permettra, aura des retombées autrement plus importantes sur l’économie nationale et sur la place de notre pays dans le concert des nations.

Le mouvement de rapprochement Université-champ économique est également dicté par la nécessité, pour l’Université, de donner un prolongement pratique aux travaux théoriques et académiques menés par les professeurs chercheurs et les étudiants.

En termes pratiques et opérationnels, l’Université établira, par ce segment de la recherche, sa « justification » sociale, d’autant plus que, dans notre pays, l’enseignement universitaire, dans son écrasante majorité, relève du secteur public, payé sur le budget de l’État dans ses volets inhérents à la réalisation des infrastructures, aux salaires des enseignants, au budget de fonctionnement et aux œuvres sociales (hébergement, bourses, restauration, transport).

A.N.M

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