Le ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar, lors de sa visite de travail à Jijel a annoncé la reprise en main par l’Etat de l’usine Nutris de trituration des graines oléagineuses, située dans la commune Taher dans la wilaya de Jijel, appartenant aux frères Kouninef. L’usine, en cours de réalisation et dont le taux d’avancement des travaux est estimé à 70 %, relève désormais du Groupe public Holding Madar. Cette «nationalisation» au-delà même de l’intérêt qu’elle peut apporter à la région et l’économie nationale, remet en lumière le sort réservé aux entreprises dont les patrons sont emprisonnés.
Par Réda Hadi
Si le sort de cette entreprise est définitivement scellé avec cette prise en main de l’Etat pour sa pérennité, selon le vœu du Président de la république, qu’en sera-t-il, des autes entités de même acabit, dont les Etrhb, Sovac, , Condor, Tahkout ?
Contrairement à l’usine de Jijel, les entreprises précitées plus haut sont opérationnelles, et leur acquisition ou reprise en main, pose problème, selon des observateurs, particulièrement pour leur gestion, durant une période transitoire,
Des milliers de travailleurs ont vu leur vie se compliquer, car la gestion de ces entreprises, a connu moult « tribulations ». ll faut préciser que la Justice a décidé de relever de leurs fonctions des experts financiers dont l’échec de leur gestion était avéré.
Relevés, ces experts financiers ont été remplacés par des administrateurs judiciaires. La question est si sensible et délicate, que certains de ces administrateurs ont renoncé à cette fonction, jugeant que sans feuille de route ni directives claires ils auraient été livrés à eux-mêmes sans grande possibilités de manœuvre.
L’exemple le plus frappant est celui de L’Etrhb de Ali Haddad, dont le versement des salaires a été tributaire d’une décision de justice pour la levée des saisies-arrêts à l’origine du blocage des comptes de l’entreprise.
En résumé, les verdicts d’emprisonnement et de saisie de biens prononcés contre les patrons d’entreprises, impliqués dans des affaires de corruption, ont laissé derrière eux des milliers de travailleurs dans une situation incertaine, le moins que l’on puisse dire.
Pour M. Haddad Mohamed, économiste, «cet imbroglio juridico-politique «amène deux questions ? Faut-il nationaliser ces entreprises et le peut-on juridiquement ? » Question à laquelle M. Billel Aouali, économiste agréé, estime que «le président Tebboune a été clair dans ce sens. Il faut gérer ces entreprises, qui ont été créées à l’aide de crédits du Trésor public. Le problème se pose pour des entreprises avec des associés, qui dans ce cas précis, ont leur mot à dire. Quand le patron est l’unique détenteur du capital, la question est résolue d’une manière juridique »
«La réponse» pour Nabil Djemaa , expert en économie «est claire , et la loi en Algérie l’est d’autant plus, pour peu que la décision juridique soit appliquée et vite. C’est à la justice de décider du sort de ces entreprises, et selon ses statuts, faire participer d’éventuels actionnaires, sinon les rembourser à hauteur de leur participation au capital. Quant à la vente de ces entreprises, l’administrateur désigné par la justice en évaluera les biens, et l’Etat décidera alors de sa vente ou de la continuité des activités. Reste que la gestion de cette période transitoire est délicate, et qui a posé problème, pour le versement des salaires et le paiement des factures » a-t-il conclu.
R.H.