Prévue 5octobre prochain, la réunion des membres de l’OPEP+, regroupant les 13 membres de l’OPEP et leurs alliés dont la Russie et le Mexique, s’annonce décisive pour les pays exportateurs du pétrole dont le but est de se prémunir de tout éventuel effondrement des prix. Ce qui permettra à ces derniers de protéger leurs revenus, à l’instar de l’Algérie qui mise sur des recettes pétrolières de l’ordre de 50 milliards de dollars à la fin 2022.
Par Mohamed Naïli
Au moment où le prix du baril évolue sous la barre des 85 dollars, son niveau le plus bas depuis mars dernier, après avoir atteint les 125 dollars, la décision phare attendue des membres de l’OPEP+, dont la réunion se tiendra au niveau ministériel dans la capitale autrichienne Vienne, selon son communiqué rendu public dans la soirée de samedi, est de trancher sur une réduction de la production pour empêcher les cours de se replier davantage.
Toutefois, si cette réduction de la production semble éminente dans un contexte où le marché observe une fébrilité manifeste, c’est le volume de celle-ci qui retient l’attention dans les milieux économiques et financiers. En effet, vue l’ampleur des tensions que subissent les cours du brut ces derniers mois, d’aucuns misent d’ores et déjà sur une réduction entre 500 000 et un million de barils/j.
Face au ralentissement de l’économie mondiale, le raffermissement du dollar américain face aux autres devises internationales, ainsi que la contraction de l’économie chinoise, ce qui constitue des facteurs plombant la demande en or noir, les membres de l’Organisation et leurs alliés hors OPEP n’ont donc d’autres choix que d’éponger le surplus de l’offre sur le marché afin de protéger les prix.
Au début septembre dernier, les membres de l’OPEP+ avaient déjà décidé d’une réduction de 100 000 bj à partir du début octobre courant, mais ce volume semble insuffisant pour produire l’impact escompté sur les prix, compte tenu de l’importance de l’offre actuellement sur le marché.
En effet, durant le mois de septembre, la production totale des pays membres de l’OPEP a été de 29,81 mbj, soit une hausse de pas moins de 210 000 bj par rapport au mois d’août, mais aussi la hausse la plus importante pour les membres de l’Organisation depuis 2020.
Ces deux dernières années, le marché pétrolier a connu des perturbations inédites, dues dans un premiers temps aux effets de la pandémie de Covid-19 sur l’économie mondiale ayant contraint les membres de l’OPEP+ à réduire la production d’une ampleur de plus de 5 mbj, lequel déficit que les mêmes pays réinjectaient progressivement depuis juillet 2021 jusqu’à la dernière hausse de 100 000 bj décidée en août dernier. Depuis mars 2022, le marché est chamboulé à nouveau par l’éclatement de la guerre en Ukraine, ayant eu un impact immédiat sur le marché des matières premières dans leur ensemble, y compris donc le pétrole.
Quel impact pour l’Algérie ?
En tout cas, dans le contexte actuel, tous les bureaux et agences d’expertise ainsi que de nombreux spécialistes du marché pétrolier s’accordent sur la nécessité d’une coupe de grande ampleur dans la production mondiale du pétrole pour permettre aux prix de se redresser. C’est le cas de la banque d’affaire européenne UBS qui, dans une note d’analyse publiée en fin de semaine, estime que « la production pétrolière devrait être réduite d’au moins un demi-million de barils par jour », tout en mettant en garde contre « l’absence de toute initiative de l’alliance OPEP + dans la période à venir, (ce qui) entraînera une baisse significative des cours du pétrole brut. » C’est pourquoi donc, estiment les rédacteurs de la note d’analyse d’UBS, « l’alliance OPEP + devra peut-être annoncer une réduction de la production d’au moins un demi-million de barils par jour dans les prochains jours ». En se penchant sur les raisons de l’instabilité des cours du pétrole dans la conjoncture actuelle, ces derniers évoquent « les craintes d’une récession aux Etats-Unis et dans l’économie mondiale (qui) pourraient entraîner une réduction de la demande du pétrole brut et ses dérivés, et par conséquent, le retour à une situation excédentaire telle qu’on en a vu il y a des années. »
De son côté, le groupe financier américain Bloomberg LP, faisant référence à des déclarations recueillies auprès de délégués qui prendront part à la réunion de Vienne, n’écarte pas une réduction d’ampleur, pouvant atteindre un million de barils/jour, pour parvenir à absorber le surplus de la production sur le marché, tout en affirmant qu’aucune décision sur le volume exact de la réduction ne sera prise avant la réunion de l’OPEP+ mercredi prochain.
En conséquence, si la décision d’une réduction d’un demi-million ou d’un million de barils/jour sera entérinée mercredi prochain dans la capitale autrichienne, la production de l’Algérie, qui est actuellement d’un peu plus de 1,05 million de barils, pourrait passer à nouveau sous la barre d’un million b/j, comme cela a été le cas durant les années marquées par la pandémie de Covid-19. Cette réduction n’aura toutefois pas d’incidence sur les prévisions d’exportations en hydrocarbures, compte tenu de la nette amélioration des exportations en gaz, que ce soit en volume ou en valeur, ce qui compenserait aisément donc tout effet de la baisse de la production du pétrole.
En plus de la hausse des volumes exportés en gaz depuis le début de l’année en cours, notamment vers l’Europe, le groupe Sonatrach, selon son PDG, Toufik Hekkar, est parvenu la semaine dernière en effet à un accord avec 6 sur 11 de ses clients pour une révision à la hausse du prix du gaz algérien dont ils sont approvisionnés, tout en poursuivant les négociations avec les 5 clients restants pour des accords similaires. Tout impact d’une réduction de la production sur les recettes des exportations en hydrocarbures, qui pourraient dépasser les 50 milliards de dollars d’ici à la fin de l’année, déclarait la semaine dernière le vice-président de Sonatrach, Rachid Zerdani, est donc à écarter.
M. N.