Le développement de l’agriculture en Algérie passe inéluctablement par la mise en place d’une nouvelle stratégie, dont la problématique du dérèglement climatique doit être prise en considération.
Par Akrem R.
Sans cela, les efforts de l’Etat qui injecte annuellement des sommes colossales pour le développement de l’agriculture algérienne et surtout assurer la sécurité alimentaire de la population, risquent de tomber à l’eau.
En effet, la baisse continue des précipitations conjuguées au réchauffement des températures moyennes stimule davantage l’aridité. Cette double réalité est « probablement l’une des menaces les plus importantes pour l’agriculture algérienne», indique Brahimi Zitouni, agro-économique, lors de la présentation d’un document de synthèse sur la sécurité et la souveraineté alimentaire en Algérie « Agriculture.DZ 2022». Autrement dit, il faudra que les stratégies de développement agricole tiennent compte de cette menace d’augmentation sévère de l’aridité. Cela rendra le pays inévitablement plus vulnérable au stress hydrique et à la désertification.
Par ailleurs, la recrudescence d’accidents climatiques extrêmes (tempêtes, vagues de chaleur, inondations, etc) est un autre reflet de l’impact des changements climatiques sur l’Algérie. Il convient aussi de rappeler que plus de 99% des zones boisées de l’Algérie sont affectées par un risque d’incendie moyen ou élevé.
Les experts prévoient une hausse des températures dépassant 1,5 degré Celsius dès 2035 et la possibilité, si des mesures radicales ne sont pas entreprises d’ici là, que cette hausse atteigne 2,2 degrés en 2050.
Ces experts soulignent aussi le fait que l’Algérie se trouve sur un point chaud où les risques de réchauffement sont plus grands que la moyenne mondiale, mettent ainsi l’Algérie face à un important défi climatique qui impactera inévitablement sa production agricole. A ce sujet, indique l’intervenant, « il faut garder à l’esprit que la production céréalière algérienne connait déjà des variations importantes. Les récoltes des années 2014-2016 et 2020-2021 ont été sévèrement impactées par sécheresse, à l’inverse des campagnes 2018-2020 qui ont été aidée par un climat favorable».
En effet, pour soutenir une agriculture durable et féconde, il est impératif de résoudre cette tension de sorte à trouver un équilibre raisonnable entre les besoins économiques (création de richesses, souveraineté alimentaire, exportations), les besoins sociaux (disponibilité dses alimentes, nutrition de qualité et équitable, une ruralité fière et active) et les besoins environnementaux.
Sans cet équilibre, l’Algérie risque sérieusement de compromettre l’avenir de son agriculture dans le temps long. Pour favoriser cet équilibre, le groupe de chercheurs ayant participés à l’élaboration du document de synthèses « comment faire pour assurer une sécurité alimentaire en Algérie ?», a identifié une série d’orientations stratégiques.
Il s’agit de mette sur pied une politique nationale d’accompagnement des agriculteurs, notamment les plus petits, pour les former à la réalité des changements climatiques.
L’objectif, détaille Brahime Zitouni, sera de les amener à adapter leurs pratiques graduellement afin de minimiser les pertes qui pourrait affecter des millions d’Algériens.
Ainsi, il ya nécessité d’investir dans la recherche fondamentale et appliquée sur les impacts des changements climatiques sur l’agriculture algérienne, en misant notamment sur la prolifération possible d’insectes ravageurs, le développement de maladies de cultures fruitières, la baisse d’efficacité des herbicides et pesticide, et tout autre impact pouvant sérieusement mettre en péril la production nationale et la souveraineté nationale du pays.
En lien avec ces travaux, recommande-t-il, les réponses naturelles devront être privilégiées et enseignées aux agriculteurs. A tous s’ajoutent, la nécessité d’encourager la recherche et le développement dans le domaine des semences afin de revenir vers des types plus rustiques et adaptés aux réalités agro-climatiques de l’Algérie. Cela rendra l’agriculture plus robuste et moins dépendante des produits chimiques qui, par ailleurs, contribuent à affaiblir les sols et génèrent, de ce fait, un cercle vicieux de dépendance vis-à-vis des multinationales.
A. R.