Les ports algériens se mettent au diapason de la numérisation. Une plate-forme communautaire d’échange de données numériques couvrant l’ensemble des ports de commerce a été lancée, hier, à Alger par le Groupe Serport.
Par Akram R
Selon le PDG de ce Groupe, en l’occurrence Achour Djelloul, ladite plate-forme a été réalisée et développé en local, à 100%, par une équipe d’informaticiens algériens. Une démarche qui s’inscrit dans la nouvelle politique du gouvernement visant l’optimisation des dépenses, notamment en devises. Sa conception localement a permis au Trésor public d’économiser 25 millions de dollars.
Ainsi, cette plate-forme permettra d’optimiser la gestion et permettre une meilleure planification en vue d’améliorer la compétitivité des ports ainsi que les services offerts aux clients. «Cette plateforme numérique (APCS) a été créée dans le cadre du programme de modernisation des ports algériens et de la digitalisation des processus de la chaîne logistique portuaire. Elle permettra l’échange de données numériques aux acteurs de la chaîne logistique portuaire (agent maritime, consignataire, transitaire, garde cote, PAF, clients, douane, etc.)», a précisé M. Djelloul.
Cette plateforme numérique permet, ajoute-t-il, la possibilité de soumettre, en un point unique et en une seule fois, l’ensemble des informations et documents demandés à toutes les administrations publiques qui interviennent dans les formalités liées au commerce d’importation, d’exportation ou de transit des cargaisons dans les ports.
Réduire les délais, les coûts et surestaries
Le P-dg de Serport fait remarquer que la création d’APCS a pour objectif de consolider la chaine logistique portuaire, maillon très sensible dans une chaine logistique globale, d’autant que le secteur des ports en Algérie et dans le monde est devenu un levier important du développement et de la compétitivité.
Le gain est important, et à tous les niveaux, en plus de faire économiser à l’Etat des devises pour l’acquisition, la gestion et la maintenance de cette plateforme auprès d’un fournisseur étranger, la mise en place d’APCS va permettre grâce à l’automatisation des processus de gestion, la réduction des délais, des coûts, des surestaries… Ces dernières avaient coûtées aux Trésor Public 9,7 milliards de DA en 2019, au moment où les importations étaient faibles.
Autre avantage, et non des moindres, cette plateforme va incontestablement améliorer l’indice de performance logistique (IPL) de l’Algérie et par-delà son classement. Pour rappel, en 2018 l’Algérie s’est classée à la 117éme place sur 160 pays, selon la Banque Mondiale. «Le groupe Serport travaille à la création d’un environnement portuaire compétitif, à même de favoriser un développement équitable et durable caractérisé par une concurrence saine par l’efficacité de la transparence et la bonne gouvernance», a précisé le Pdg de Seport.
L’APCS constitue un portail électronique pour les institutions, les administrations et les organismes publics, les opérateurs économiques et les autres intervenants concernés de la chaîne logistique. A ce titre, il permet d’assurer, l’échange électronique d’informations, de données, de messages et de documents liés à l’accomplissement de toutes les formalités requises lors de l’importation, de l’exportation et du transit. La facilitation et la régulation des échanges commerciaux transfrontaliers par voie maritime conformément aux usages, règles et aux engagements internationaux de l’Algérie.
Bouab Abdeslem, Pdg du port de «Djen Djen» : «Réduire les coûts de la logistique de 30 à 10%»
Le Pdg du port de Jijel « Djen Djen», Bouab Abdeslem, s’est félicité, hier, du lancement officiel de la plateforme numérique (APCS), visant la facilitation des procédures portuaires, la réduction des délais du traitement de marchandises et, également, la suppression d’un bon nombre de documents exigés par les services portuaires et Douanes. M. Bouab a précisé, en marge de la cérémonie d’inauguration, que la numérisation des ces différentes opérations ne sera que bénéfique pour les opérateurs économiques, qui enregistreront des gains financiers énormes ce qui impactera positivement le consommateur. Actuellement, les coûts logistiques pèsent lourdement sur les prix des produits importés. Ils (les coûts) représentent 30% de la marchandise importée. Un taux jugé non compétitif par les opérateurs économiques, contribuant, ainsi, à la hausse des prix de ces produits. « À travers cette plateforme, nous souhaitons réduire les coûts de la logistique qui sont de l’ordre de 30% actuellement à 10%, conformément à la moyenne mondiale. Nous allons déployer tous nos efforts pour atteindre cet objectif», a-t-il affirmé. Ainsi, ajoute-t-il, l’APCS garantira la facilitation des opérations de contrôle des marchandises par les services compétents de l’Etat, en la matière. L’accélération et la fluidification des échanges d’informations, de données, de messages et de documents entre les institutions, les administrations et les organismes publics, les opérateurs économiques et les autres intervenants concernés, de la chaîne logistique.
La mise à la disposition des institutions, des administrations et des organismes publics, des opérateurs économiques et des autres intervenants concernés de la chaîne logistique, des informations et des données requises, en vue de l’accomplissement des formalités liées aux opérations d’importation, d’exportation et de transit des marchandises, notamment, avec le système d’information de l’administration des douanes.
L’évaluation des performances de la chaîne logistique portuaire. S’agissant des résultats enregistrés par le port Djen Djen, le même responsable a affirmé qu’il a enregistré une augmentation dans son activité de 67%, dont 50% pour l’importation et 50% pour l’exportation. « Nous avons enregistré une dynamique en matière d’exportation hors hydrocarbures, notamment en matériaux de construction et ciment. Nos activités ont été tirées vers le haut par l’entrée en exportation du complexe sidérurgique de Balara. Des opérations sont déjà engagées et d’autres sont prévues dans les prochains mois. La première a vu l’exportation de 17 000 tonnes, la deuxième de 5 000 tonnes, la troisième de 30 000 tonnes et enfin, 50 000 tonnes», a-t-il révélé, en annonçant que l’Algérie qui était un importateur d’acier depuis la Chine, va exporter des quantités importantes prochainement.
Par ailleurs, le pdg de Djen Djen a indiqué que son administration est fin prête pour la réception des premiers lots de voitures neuves que l’Algérie va importer. « Nous allons axer nos efforts sur la réduction des coûts de la logistique afin de contribuer à la baisse des prix des voitures pour les consommateurs», a-t-il conclu.
A.R.