Le secteur des assurances a enregistré un taux de croissance appréciable durant l’exercice en cours, variant entre 5 à 6%, en réalisant un chiffre d’affaires de 150 milliards de DA, soit l’équivalant d’un milliard de dollars. C’est la deuxième fois consécutive que les Assurances réalisent une croissance positive après deux années difficiles (2019 et 2020).
Par Akrem R.
Une période, rappelons-le, marquée par la propagation de la pandémie Covid-19. Cette crise sanitaire a d’ailleurs impacté tous les secteurs d’activité économiques, dont le chiffre d’affaires des compagnies d’Assurances a connu un fléchissement de 6%, dira le vice-président de l’Union algérienne des sociétés d’assurance et de réassurance (UAR) et également, le Pdg d’Alliance Assurance, Hassen Khelifati.
Cette croissance s’explique, selon Khelifati, par la hausse des prix de réassurance, notamment sur le marché international, dont les réassurances des grandes compagnies (Sonatrach et Sonelgaz) ont tiré vers le haut le chiffre d’affaires du secteur.
Le deuxième facteur ayant contribué à cette croissance, ajoute-t-il, c’est le début de l’application du protocole de plafonnement des réductions sur les polices d’assurances durant la période de 2021-2022. Ainsi, la relance de la machine économique du pays, à travers la levée du gel sur un nombre important de projets dans le secteur de l’Habitat et des infrastructures a contribué positivement à cette dynamique, précise également le Pdg d’Alliance Assurance qui s’exprimait, hier, sur un plateau de TV « Echorouk News». Cette tendance haussière en matière du chiffre d’affaires du secteur devrait se maintenir en 2023.
Vers une hausse de 10% du chiffre d’affaires en 2023
D’ailleurs, les assureurs tablent sur une augmentation de 10% sur leur chiffre d’affaires, notamment avec le retour de l’activité d’importation et du montage de véhicules à partir de janvier 2023. «Nous prévoyons une hausse de 10% de nos activités en 2023, soit, la réalisation d’un chiffre d’affaires supplémentaire de 12 milliards de DA, l’équivalant de 100 millions de dollars», a-t-il estimé, en affirmant que le retour de l’activité de l’industrie et de concessionnaires est, certes, une bouffée d’oxygène pour le secteur des Assurances.
Mais, affirme-t-il, sans l’engagement de réformes adéquates et l’instauration d’un contrôle rigoureux sur les prix des assurances, en mettant un terme à la politique des prix bas (concurrence déloyale), le secteur ne tirera pas profit de son potentiel. Au contraire, les compagnies d’assurances seront impactées négativement et ne seront pas en mesure d’honorer l’indemnisation des sinistrés. Et les chiffres de l’UAR font foi.
En effet, pas moins d’un million et 400 000 sinistrés sont dans l’attente d’une indemnisation ! Ceci interpelle sur les mesures à prendre afin d’assainir ce segement important.
La solution, estime Khelifati, passe par le lancement de véritables réformes dans le secteur des assurances, un contrôle rigoureux et le respect des tarifications. Sans cela, « nous sommes en train de poursuivre notre fuite en avant», résume-t-il.
Bientôt une autorité de régulation indépendante
Le PDG d’Alliance Assurance a fait savoir qu’un projet de réforme est sur la table du gouvernement (au niveau du secrétariat du gouvernement), visant à la création d’une autorité de régulation indépendante du ministère des Finances. Cette dernière aura la mission de contrôler le marché, en y mettant de l’ordre. L’autre point important dans ce projet de réformes, c’est la mise en place de mécanismes pour en finir avec le crédit à l’assurance. « Nous sommes, d’ailleurs, le seul pays au monde qui est obligé d’indemniser un sinistré sans être assuré ! Nous voulons êtres en adéquation avec le règlement mondial non payé- non couvert», souligne-t-il.
Dans ce cadre, Hassen Khelifati a fait savoir que des compagnies d’assurances avaient accordé des facilitations pour des opérateurs, mais cette décision a engendré une situation d’impayés, dont des dizaines de milliards de DA qui ne sont pas couvertes à ce jour. Ceci a créé un énorme déséquilibre financier pour les compagnies d’assurances. C’est pour cela, indique Khelifati, qu’il y a lieu de mettre un terme à ces pratiques dans la nouvelle loi.
En somme, prédit-il, ces réformes vont booster le secteur des assurances, tout en élargissant le marché algérien. Il (le marché) est évalué actuellement à un milliard de dollars/an, soit, le même marché de notre voisin direct, la Tunisie ! Un pays qui a réalisé 3 fois moins le PIB algérien, entermes d’habitants et de voitures ! Selon les estimations des experts dans ce domaine, «le marché algérien des assurances avoisine les 7 milliards de dollars/an et nous n’en réalisons qu’un milliard de dollars». En clair, un grand travail reste à faire dans ce domaine afin d’atteindre les objectifs escomptés, tout en hissant le secteur des assurances à un niveau supérieur, permettant de participer à la diversification de l’économie nationale.
A. R.