L’Algérie affiche de grandes ambitions à l’international. De nombreux efforts sont, en effet, déployés pour diversifier l’économie nationale, notamment en promouvant les exportations d’hydrocarbures. Une feuille de route a, ainsi, été tracée par les hautes autorités du pays pour atteindre l’objectif de 30 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures d’ici 2030.
Par Akrem R.
En effet, tous les moyens sont mobilisés à cet effet, notamment en renforçant la production nationale dans divers secteurs et en incitant les entreprises algériennes à se développer à l’international.
Les premières expériences ont donné satisfaction, mais beaucoup d’efforts restent à consentir encore pour la promotion davantage les IDE algériens à l’étranger, notamment en Afrique, où le gouvernement compte renforcer ses échanges avec les pays de ce continent.
Selon les chiffres de la Banque d’Algérie portant sur l’évolution économique et monétaire pour 2023, les flux nets sortants des investissements directs algériens à l’étranger avaient totalisé 84 millions de dollars, en 2023, contre 71 millions de dollars durant l’année précédente.
Cela montre une amélioration qui reste néanmoins timide. Donc de grands efforts sont à consentir en matière d’accompagnement des entreprises afin de s’implanter à l’étranger.
C’est dans ce cadre que s’inscrit l’initiative de la Compagnie algérienne d’assurance et de garantie de l’exportation (Cagex), qui prévoit de se lancer, cette année, dans l’assurance des risques liés aux investissements algériens à l’étranger.
Le lancement de ce nouveau produit en 2025 s’inscrit dans le cadre d’un programme de déploiement et de diversification des produits et services de Cagex.
«Nous sommes en phase de développement d’un produit que nous comptons lancer en 2025, offrant une couverture appropriée pour prendre en charge les risques liés à l’installation des investisseurs algériens à l’étranger», a déclaré le PDG de cette compagnie publique, Zohir Laïche.
Premier du genre en Algérie, ce nouveau produit intervient après l’augmentation substantielle, en 2024, du capital social de la compagnie, passé de 3 à 10 milliards de DA, avec l’introduction du Trésor public comme actionnaire majoritaire.
Cette hausse permet à Cagex d’assurer «une meilleure présence sur son marché, en se déployant dans les différentes régions du pays et en proposant une offre plus diversifiée», souligne le même responsable dans une déclaration à l’APS.
Selon M. Laïche, l’assurance des investissements nationaux à l’étranger viendra renforcer et diversifier la gamme de produits de Cagex, qui se concentre jusque là sur l’assurance-crédit à l’exportation, couvrant les exportateurs contre les risques d’insolvabilité des acheteurs.
L’investissement à l’étranger, un impératif
En effet, le lancement de ce produit d’assurance pour les IDE algériens, cette année, aura certainement un effet positif et inciterait les entreprises, notamment celles opérant dans les secteurs saturés en Algérie, à conquérir des parts de marché ciblées à l’étranger en s’y implantant. D’ailleurs, c’est le seul moyen de pérenniser leur développement et de contribuer au développement économique de notre pays.
L’investissement algérien à l’étranger, dont la promotion constitue une des priorités du gouvernement, est porteur d’une série d’avantages pour les opérateurs, notamment l’extension de l’investissement, la rentabilité des fonds injectés, ainsi que l’acquisition de technologies et de savoir-faire.
L’économie nationale en tirera également profit grâce à l’augmentation des recettes en devises, la consolidation de la balance des paiements et le renforcement des liens de coopération commerciale avec les autres pays.
Des experts affirment à ce sujet qu’il ne faut pas percevoir les pays cibles comme de simples marchés, mais plutôt comme des terrains d’investissement et d’affaires.
Sur ce point, l’expert et ex-président de l’Association des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri avait déclaré à la presse qu’«il est clair que l’investissement à l’étranger est devenu impératif si nous voulons développer nos exportations, notamment vers l’Afrique, où on a besoin de construire un réseau commercial, à l’instar des autres pays, comme la Chine», insistant sur le fait que «ce sont les entreprises qui sont en mesure de le faire parce qu’elles maitrisent la création de réseaux pour vendre leurs produits et maitrisant le service après-vente».
Il est rappelé que la Banque d’Algérie avait mis en place, en 2024, un Comité de réflexion à l’objet d’amender le règlement de change 14/04, en vigueur depuis 2004, et celui de 2002, à l’objet de mettre en place des textes fondamentaux qui doivent ouvrir de nouvelles perspectives à l’export.
L’objectif de cette réforme est d’amender tous les articles, dont les articles 02 et 03 notamment qui mettaient sur le même pied d’égalité l’investissement et les bureaux de représentation des entreprises à l’étranger.
«Les nouvelles dispositions devront nous amener à atteindre l’ambition d’exporter pour 29 milliards de dollars à l’horizon 2030», avait ajouté Nasri en Août 2024.
En somme, la mise en place d’une stratégie bien définie pour la promotion de l’investissement algérien à l’étranger est plus que nécessaire pour un pays comme l’Algérie, qui ambitionne de figurer parmi les pays émergents dès 2027.
L’objectif est également d’augmenter les exportations hors hydrocarbures à 15 milliards de dollars à court terme (2027) et à 29 milliards de dollars à partir de 2030.
A. R.