Face à une maladie aussi redoutable que le cancer, les pouvoirs publics ont dégagé d’importantes enveloppes budgétaires (63 milliards de DA en 2020). Pourtant la prise en charge pour ce type de maladie est souvent remise en question par les spécialistes et les patients. Une épreuve avant tout mentale, souvent ponctuée par des contraintes objectives et d’autres qui le sont moins, et rendant au final, ardue, toute bonne prise en charge. «Un plan Cancer a bien été établie en 2012, mais après son évaluation» dit le Pr. Mourad Abid, président de la Société algérienne de chirurgie digestive et hépatobiliaire (AACDHB), à nos confrères de la chaine 3, affirmant que «nous sommes toujours en attente d’un vrai plan Cancer» avant d’avouer que ««le véritable problème du plan cancer actuellement c’est sa mise en œuvre». Il faut savoir que traiter un cancer, revient à 12 millions de dinars environ, par patient!
Par Réda Hadi
Selon des estimations du registre national du cancer, l’Algérie dénombrera à partir de 2025, plus de 60 000 nouveaux cas, contre 42 000 en 2018. Selon les estimations du registre national du cancer, il est attendu que l’Algérie commence à dénombrer à partir de 2025 entre 60 000 et 61 000 nouveaux cas de cancer, ce qui laisse supposer que la mortalité va augmenter, et met en exergue la nécessité d’une meilleure prise en charge. Une problématique qui se pose avec acuité, et ce d’autant plus que le Plan national anticancer 2015-2019 n’a visiblement pas atteint les objectifs qui lui ont été assignés.
Le poids financier pour traiter cette maladie est aussi lourd pour les finances publiques que pour les patients, dont une grande majorité se soigne chez le privé, tant la prise en charge dans les hôpitaux est devenue lamentable.
Le déficit budgétaire médical en Algérie affecte grandement les patients qui se retrouvent impuissants face à la pénurie de médicaments et des traitements du cancer et le problème ne fait que s’accentuer.
Iniquité dans le traitement
Le plus criard dans la course contre cette maladie, c’est l’inégalité dans le traitement prodigué.
Traiter un cancer revient excessivement cher, avec les différentes radios, les soins de radiothérapie et chimiothérapie, en sus de médicaments qui se font rares et qui sont souvent achetés, sous le manteau, à des prix irraisonnés.
La mauvaise implantation et le nombre des centres anticancers et des accélérateurs pour la radiothérapie à travers les différentes wilayas du pays, ajoutent au désarroi et oblige alors à se tourner vers le privé, au risque de s’endetter. A titre d’exemple: «Alger ne compte que 3 accélérateurs pour une population de plus de 3 millions d’habitants, alors qu’une wilaya comme Béchar qui compte 600 mille personnes, dispose également de 3 accélérateurs. Or, l’OMS préconise un accélérateur pour 500 mille habitants», explique le Dr. Pr. Abid.
Pour sa part, le ministre de la Santé, affirme que «concernant les mesures prises pour améliorer la prise en charge, 41 services et 77 unités de chimiothérapie ont été créés et ouverts sur tout le territoire, ainsi que 20 centres de cancérologie, dont 6 sont du secteur privé, et un budget a été alloué pour l’acquisition des médicaments et consommables nécessaires au niveau de la Pharmacie centrale des hôpitaux»
Un personnel médical dépassé
«Il faut savoir que le CPMC ( Centre pierre et marie Curie), est destiné depuis 1959 à l’oncologie, incluant toutes les spécialités médicales, en recevant un flux ininterrompu de malades, en provenance des quatre coins du pays. Y sont assurées les urgences oncologiques, en général en cas de complications ou d’effets secondaires. Une pression quotidienne gérée par les praticiens et le personnel paramédical», nous a précisé le Dr. Yahiaoui Abdelwahab, médecin assermenté, dont l’expérience dépasse les 40 ans. Et de continuer: «Cette pression n’enlève en rien l’exigence des malades à être mieux traités. Rien qu’une seule séance de radiothérapie revient à 12000 DA. Il faudrait sans doute penser à obliger les citoyens à activer leur carte Chiffa qui leur ouvrira droit à des soins dans le privé, grâce à la contractualisation avec la Sécurité sociale». Et de suggérer aussi, «plus de sensibilisation pour un dépistage précoce de cette maladie, à travers une campagne de communication qui ciblerait les personnes à risque»
R. H.