À la lumière des derniers indicateurs enregistrés, le secteur de l’agriculture est plus que jamais en phase d’amorcer une nouvelle trajectoire dans son processus de développement et retrouve, depuis la mise en œuvre de la feuille de route 2021-2025, une dynamique qui signe une rupture effective avec le climat qui y prévalait durant les périodes antérieures.
Avec un taux de croissance de 31% durant la seule saison 2021-2022 et un taux de couverture des besoins exprimés par le marché national en produits agricoles à hauteur de 75%, tel que vient de l’affirmer le premier responsable du secteur, Mohamed Abdelhafidh Henni, lors de l’ouverture des travaux de la rencontre gouvernement – walis, c’est le nouvel essor des différentes filières agricoles, celles de produits de large consommation notamment, qui se confirme.
Néanmoins, des écueils et facteurs de blocages persistent encore à certains niveaux, tant en amont qu’en aval de la production, et leur éradication est plus qu’une nécessité pour que le secteur de l’agriculture et du développement rural dans son ensemble parvienne à jouer son rôle d’alternative à la dépendance des importations agricoles et de pivot de la sécurité alimentaire du pays.
Concernant les réalisations du secteur, le ministre de tutelle a affirmé ainsi que « le secteur contribue aujourd’hui avec plus de 14,7% du Produit intérieur brut (PIB) et emploie le quart de la main d’œuvre active, soit 2,7 millions de personnes, avec un taux de couverture des besoins nationaux de la production nationale de 75% », alors que « le taux de croissance de la production agricole pour cette saison a atteint 31% », a précisé M. Henni dans son intervention devant les membres du gouvernement et les walis.
Tout en concentrant tous les efforts au niveau des différents démembrements du secteur, que ce soit les filières, les organismes sous tutelle, les instituts de recherche, les coopératives agricoles et autres, sur le développement effectif des filières stratégiques, en premier lieu les céréales, les oléagineux, la production fourragère, l’élevage intensif, à travers notamment le développement des cultures industrielles en terres sahariennes, le secteur a enregistré d’importantes réalisation ces deux dernières années, permettant ainsi de donner un nouveau souffle à la production locale.
Dans ce cadre, le cap a été mis par exemple sur l’électrification agricole, l’extension des périmètres d’irrigation et la dotation des exploitations en zones pluviales de dispositifs d’irrigation complémentaire afin de compenser les déficits pluviométriques et les aléas du changement climatique.
A cet égard, rappelant les principaux résultats qui ressortent du bilan relatif aux programmes de raccordement des périmètres agricoles au réseau électrique, Mohamed Abdelhafidh Henni a fait savoir que le programme d’électrification agricole, lancé il y a deux années, a touché pas moins de 9 500 exploitations cette année, pour une extension globale du réseau d’une longueur de 6 100 KM, ce qui a nécessité la mobilisation d’une enveloppe financière de 17 milliards de dinars. Avec ce résultat, le nombre total des exploitations ayant bénéficié du programme d’électrification agricole depuis 2020 a atteint les 30 000, a ajouté encore le ministre.
Des lacunes persistent
Pour ce qui est de l’irrigation, l’objectif est de doubler le total de près de 1,5 million d’hectares de périmètres irrigués actuellement à la faveur du programme actuel qui s’étale sur la période 2021-2025, tandis que des mesures ont été prise dès la saison agricole 2022-2023 qui s’apprête à s’ouvrir pour assurer un accompagnement matériel et financier aux exploitants agricoles pour s’équiper de kits d’irrigation complémentaire leur permettant de parer aux insuffisances pluviométriques.
Cependant, il est utile de noter que, en termes d’investissements agricoles dans la période actuelle, les réalisations enregistrées, notamment depuis le début de l’année en cours, ont été favorisées par d’importantes mesures prises en faveur des agriculteurs et des éleveurs, dont l’amélioration du système des subventions, des exonérations fiscales multiples et d’autres facilités pour l’accès au crédit.
En revanche, au chapitre des contraintes qui plombent encore certains segments du secteur, un important travail reste encore à faire. Il est question en premier lieur du défi de l’amélioration des rendements, notamment pour la production céréalière. En effet, la persistance du niveau de rendements moyens à 20 quintaux/hectare est loin d’être un signe positif pour la filière céréalière. Certes, l’augmentation des prix d’achat de céréales par l’OAIC a été perçue comme un signe encourageant par les agriculteurs, ce qui a permis d’ailleurs d’augmenter la production de la saison 2021-2022 de 48%, selon le ministre de tutelle, mais l’amélioration des rendements, pour atteindre au moins le niveau des 30 à 35 quintaux/ha, comme l’a demandé le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune lors de l’un des derniers Conseils des ministres, demeure un objectif non encore atteint.
L’amélioration de la qualité des semences et la disponibilité des intrants, engrais et produits de traitement à des prix avantageux pour les agriculteurs est l’autre handicap auxquels sont encore confrontés les agriculteurs.
En aval, la régulation des circuits de distribution et la mise en place de mécanismes de lutte contre la spéculation et les fluctuations des prix est aussi une question qui nécessite d’être prise en charge afin d’éviter les flambées des prix qui mettent à mal le budget des ménages, notamment ceux à faible revenu, mais aussi endiguer l’effondrement de ces prix qui entraine les producteurs dans des situations périlleuses. C’est ce qui a été observé durant cet été avec la filière avicole, lorsque les prix des viandes blanches ont connu des chutes brusques ayant provoqué la faillite de milliers de petits éleveurs.
M. N.