Le développement du partenariat public-privé (PPP) est plus que nécessaire, notamment durant cette période où l’Algérie affiche de grandes ambitions pour doubler son PIB à 400 milliards de dollars d’ici 2027 et intégrer le giron des pays émergents. Ainsi, l’ouverture à l’investissement dans divers domaines et le lancement de grands projets contraignent le pays à trouver des partenaires afin d’alléger la pression sur le budget de l’État et d’améliorer la qualité de réalisation et de gestion.
Par Akrem R.
Des responsables et des experts ont souligné, sur ce point, que le PPP, qui est un mode de financement et de gestion des grands projets d’infrastructures socio-économiques, doit, non seulement alléger le budget de l’État, mais aussi, favoriser l’émergence de sociétés « championnes » dans ce secteur.
En effet, des intervenants ont mis en évidence, lors d’une rencontre organisée, vendredi soir à Alger, par l’Union nationale des entrepreneurs publics (Unep) sous le thème : « Le rôle de l’entreprise dans l’émergence de l’économie algérienne », l’importance « cruciale » du PPP, dont un projet de loi est en cours de finalisation.
Ce projet devrait stimuler l’investissement, particulièrement dans les infrastructures de base telles que les routes, les ports, le rail, les hôpitaux et les services publics.
Dans le cadre du PPP, une entreprise privée est chargée de financer, concevoir, construire, exploiter et entretenir une infrastructure en échange d’une rémunération, généralement sur une longue période, à la demande de l’État. Bien que l’État reste propriétaire de l’ouvrage, il en délègue la gestion et l’exploitation à un acteur privé pour une durée déterminée, pouvant aller jusqu’à 30 ans.
L’Algérie avait déjà adopté ce modèle pour certaines infrastructures socio-économiques dans les années 2000, mais dans le cadre de lois sectorielles, a rappelé le DG de la Caisse nationale d’équipement pour le développement (Cned), Salim Telidji, précisant qu’une nouvelle loi est en préparation.
Ce nouveau cadre réglementaire «vise à combler un vide juridique et à permettre au secteur économique dans son ensemble de participer pleinement aux grands projets d’infrastructure», affirme-t-il.
Favoriser l’outil national
Détaillant les avantages du PPP, Telidji a souligné que ce modèle permet de soulager le budget de l’État en mobilisant des financements privés pour des projets publics, tout en améliorant la gestion de ces projets et en favorisant l’outil national de réalisation.
«De nombreux pays dans le monde utilisent ce modèle pour faire émerger des champions nationaux», a-t-il insisté, ajoutant que l’Algérie dispose d’un grand nombre de sociétés dans divers secteurs susceptibles de tirer parti du PPP une fois qu’un cadre juridique sera mis en place.
Il a également précisé que le projet de loi régissant le PPP vise à «clarifier son champ d’application, établir un cadre organisationnel et institutionnel, et définir de manière précise les procédures d’attribution des contrats ainsi que les modalités de rémunération».
Abondant dans le même sens, Boubekeur Aït Abdellah, expert en infrastructures et logistique, a souligné que le projet de loi sur le PPP «apportera une sécurité juridique, notamment pour le secteur privé, en encadrant cette activité et en clarifiant les concepts».
Il a également insisté sur l’importance de mener des actions de communication pour vulgariser ce mode de gestion de projets, notamment auprès des opérateurs économiques publics et privés, tout en appelant à l’élaboration de guides de bonnes pratiques « à mettre à la disposition des gestionnaires, afin de rendre les notions du PPP accessibles ». De nombreux projets peuvent donc être lancés en Algérie dans les mois à venir, une fois le cadre réglementaire du PPP finalisé et en vigueur.
Pour sa part, le président de la Confédération Algérienne du Patronat Citoyen (CAPC), Souheil Guessoum, a estimé que le Partenariat Public-Privé se positionne comme un levier stratégique incontournable, capable d’allier innovation, efficience et croissance au service du développement économique de l’Algérie.
Outre une optimisation des dépenses publiques à travers des sources de financement alternatives, l’intervenant affirme que le PPP favorise une répartition des risques entre partenaires, garantissant une gestion plus équilibrée des projets. «Le PPP offre également des gains en innovation et en technologie car le secteur privé introduit de nouvelles solutions technologiques et des méthodes de gestion plus efficaces», dirat-il.
En somme, le PPP constitue un outil pour le développement du secteur privé algérien, notamment dans le domaine de la réalisation de grands projets. À travers ce nouveau mode de partenariat, l’Algérie œuvre à réduire le recours à l’expertise étrangère, en renforçant l’intégration nationale. Cela permettrait de réduire les dépenses en devises.
Ainsi, une législation régissant le PPP en Algérie est nécessaire pour attirer davantage d’investisseurs étrangers. Un tel cadre juridique permettrait de donner une vision et une assurance aux investisseurs étrangers ainsi qu’aux bailleurs de fonds internationaux, dans le cas d’un éventuel recours aux financements extérieurs.
L’encadrement juridique de la relation entre les deux secteurs est à même de hisser l’efficacité de ce partenariat et d’augmenter le rendement des entreprises des deux secteurs.
Les lois sur les PPP ont contribué à concrétiser de grands projets de partenariat entre les secteurs public et privé dans les pays développés ainsi que dans les pays émergents. À titre d’exemple, le partenariat entre les secteurs public et privé a permis à la Chine de construire une énorme base industrielle et technologique et d’entrer en force sur les marchés mondiaux.
L’Algérie pourrait donc s’inspirer du modèle chinois, qui lui a permis, en l’espace de 20 ans, de passer d’un pays en développement à un acteur majeur sur la scène économique mondiale. 2025, une année décisive pour l’Algérie
Lors de cette rencontre, le président de l’Unep, Charaf Eddine Amara, a affirmé que 2025 représente une «année décisive» pour l’Algérie, marquée par une «accélération économique» visant à atteindre un PIB de 400 milliards de dollars d’ici 2027. Il a également souligné la contribution de l’Unep, fondée il y a 35 ans, en tant que «force de proposition» dans la sphère socio-économique nationale.
«L’idée d’une économie forte est indissociable de la notion de sécurité nationale. Une économie solide contribue non seulement à la création d’emplois et à la réduction des inégalités sociales, mais elle renforce également la capacité du pays à faire face aux chocs externes», a-t-il ajouté.
Amara a rappelé, à cet égard, la création d’un think tank au sein de l’Unep, un espace de réflexion animé par des experts, chercheurs et managers nationaux, dont les travaux serviront à formuler des propositions économiques concrètes.
A. R.
