Un remaniement ministériel sera opéré prochainement par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. L’annonce a été faite par le chef de l’État lors de son entrevue périodique avec les représentants de la presse nationale diffusée, hier, dimanche soir, sur les chaînes de la radio algérienne et de la télévision publique et la chaîne AL24 news ainsi que sur les différentes chaînes privées.
Par Akrem R.
« Il y aura un remaniement ministériel », dit-il, le qualifiant de «normal ce qui se fait partout dans le monde». Un remaniement, a-t-il dit, qui s’inscrit dans le cadre de «la mise en œuvre de nos engagements».
Ce qui signifierait que le président aaurait constaté des insuffisances et manquements dans la gestion des affaires de certains départements ministériels et juge nécessaire de procéder à des changements afin de donner du sang neuf à ces derniers, notamment durant cette conjoncture mondiale difficile. En effet, des défis importants sont à relever dans divers domaines, en particulier, l’Agriculture, l’Energie, l’industrie et le commerce.
D’ailleurs, en avril dernier, le président Tebboune avait affirmé que certains ministres ont « failli » dans l’exercice de leurs fonctions. La norme dans l’évaluation de chaque ministre était le taux d’application des décisions des Conseils des ministres. En effet, tout remaniement ministériel doit répondre au critère de l’efficacité afin de parvenir à une mise en œuvre rapide des décisions prises en Conseil des ministres.
Dans ce cadre, l’expert en économie, Ishak Kherchi a estimé que des secteurs sont dans le besoin d’un nouveau souffle, susceptible d’apporter une nouvelle dynamique dans la gestion de ces départements et d’atteindre les objectifs tracés par le Président Tebboune. « Auparavant les ministres sont évalués selon le taux d’application des décisions des Conseils des ministres, maintenant le président a ajouté un autre critère, à savoir, les exigences de la conjoncture actuelle », a-t-il souligné.
Un ministère pour la Diplomatie économique ?
Les perturbations que connait le marché mondial des matières premières, notamment, exigent une présence en force de l’Algérie sur le plan diplomatique afin de parvenir à s’approvisionner régulièrement auprès des fournisseurs mondiaux. Pour cela, estime Kherchi, un nouveau ministère dédié à la diplomatie économique doit être créé. Ce département serait un moyen de plus pour exercer du lobbying et surtout se positionner sur les marchés mondiaux. L’autre secteur qui doit être scindé en deux c’est celui de l’Energie et des Mines.
«La volonté du gouvernement quant à la valorisation des mines impose la création d’un département spécialement pour les Mines et la désignation d’un ministre qui connait parfaitement ce domaine afin d’atteindre les objectifs escomptés, à savoir, l’exploitation dans les meilleurs délais des gisements miniers à l’instar de Gara Djebilet, Zinc et plomb de Bejaïa et du phosphate à Tébessa», prévoit-il.
Même chose pour l’industrie pharmaceutique. Ce secteur qui a répondu présent lors de la période de la pandémie de Covid-19, il est, aujourd’hui, appelé à répondre à d’autres exigences et défis. Une nouvelle feuille de route doit être mise en place pour répondre aux besoins du marché local et s’orienter vers l’exportation.
L’automobile, la «tâche noire» de l’Industrie
Indiquant que le remaniement est du ressort exclusif du chef de l’Etat, l’enseignant universitaire a estimé que le secteur du Commerce a besoin d’une régulation rigoureuse et d’application des décisions du Conseil des ministres. Beaucoup de choses restent à faire dans ce domaine, dira-t-il.
Evoquant le secteur de l’Industrie, notre interlocuteur a indiqué qu’en dépit de la promulgation du nouveau Code de l’investissement, des dossiers restent en suspens et ne sont toujours pas réglés. Le dossier de l’automobile, en l’occurrence, demeure toujours la «tâche noire» de ce département.
Les différents ministres qui se sont succédé à ce poste, y compris, Ahmed Zeghdar n’arrivent pas à trouver une solution à ce dossier épineux. Un nouveau cahier des charges a été annoncé pour fin juillet passé, mais rien de concret.
Les observateurs estiment que la nomination d’un nouveau ministre est nécessaire pour la mise en œuvre de la nouvelle feuille route du président Tebboune, visant à la réalisation d’une véritable industrie en local avec des taux d’intégration appréciables.
Outre tous ces ministères, l’intervenant a plaidé pour l’injection de sang neuf au sein des ministères délégués. Ces deux départements n’ont pas connu de changement depuis leur création. « Il faut donner de la fraicheur à ces deux départements pour améliorer le mode de gestion», préconise-t-il.
Pour sa part, l’expert en développement local et questions économiques, Abderrahmane Hadef a indiqué que la relance économique est intimement liée et surtout conditionnée par la modernisation de la Gouvernance. À cet effet, dia-t-il, « il est important et urgent de passer à un niveau supérieur en matière de management ». En somme, les ministres doivent êtres soumis à une évaluation périodique et à des objectifs chiffrés. A. R