Un nouveau système de cotation en ligne dès 2024 : La bourse d’Alger se modernise

La Bourse d’Alger veut dynamiser ses activités et sortir de sa longue léthargie. Jusqu’à présent, seulement quatre entreprises sont cotées ! Un nombre qui renseigne sur la situation d’un marché peu développé, nécessitant un grand travail en matière de digitalisation et de vulgarisation. Face à cette réalité, la place financière d’Algérie s’est lancée dans un vaste programme de modernisation, de digitalisation et de communication. 

Par Akrem R.

Ainsi, elle compte lancer, à partir de 2024, un nouveau système de cotation. Baptisé « Trading en ligne», ce nouveau système  a été conçu selon les normes internationales, dira le directeur général de la Bourse d’Alger, Yazid Benmouhoub. 

« Nous sommes sur un dispositif similaire à ce qui se fait partout dans le monde. D’ici 2024, la Bourse d’Algérie aura un nouveau système de cotation de trading en ligne. Il va permettre, dans un premier temps, aux intermédiaires que sont les banques, de pouvoir traiter directement avec la Bourse et permettre, à terme, au grand public d’utiliser la technologie pour pouvoir acheter et vendre via cette plateforme», a-t-il indiqué lors d’un panel portant sur la thématique : «Le financement de l’entreprise en Algérie» organisé, jeudi dernier, en marge du Salon sur le e-commerce et les services en ligne qui se poursuit au Palais des expositions de la Safex, à Alger. 

Précisant que le projet en question est à sa phase finale, le DG de la bourse d’Alger a affirmé que ce dispositif permettra une meilleure inclusion financière et générera plus d’activités de la Bourse avec une plus grande liquidité du marché. 

Ainsi, les opérations de vente et d’achat des titres financiers se feront à travers un clic sur smartphone. Ceci représentera un gain en matière de temps et possibilité d’effectuer des opérations à tout moment (H24), contrairement au système classique actuel. 

Il est à noter que grâce à la nouvelle stratégie de communication, la valeur des transactions à la Bourse d’Alger a augmenté de 187% en juin dernier (2023) par rapport au mois de mai, avait indiqué le rapport mensuel de la Société de gestion de la bourse des valeurs (SGBV).

Selon ce rapport, récemment publié, l’activité de la salle des marchés de la Bourse d’Alger a connu une hausse au cours du mois de juin, avec un montant de transactions de 26,67 millions DA, contre 9,27 millions DA en mai. Le volume des échanges a également augmenté, passant de 9.089 actions en mai à 12.977 actions en juin, enregistrant ainsi une augmentation de 42%, selon la même source.

Et de préciser que la Bourse d’Alger a enregistré les plus fortes hausses de performance parmi les bourses arabes au cours du premier trimestre de 2023, atteignant un taux de 14% par rapport au dernier trimestre de l’année précédente, d’après le bulletin trimestriel du Fonds monétaire arabe (FMA).

Le responsable a fait savoir que, d’une manière générale, le bilan d’activités de la Bourse d’Alger est en nette amélioration par rapport au semestre dernier. 

Bientôt un marché pour les startups 

Outre la modernisation et la digitalisation, la Bourse d’Alger travaille sur la diversification de son portefeuille,  en lançant de nouveaux produits. Elle compte lancer un marché qui s’intéressera au financement des entreprises émergentes. Il sera baptisé «Marché de l’excellence», dédié, notamment, aux start-up sortant des accélérateurs qui souhaitent s’introduire en Bourse.

Ce marché s’ajoutera aux deux autres, déjà existants au niveau de cette institution, destinés à financer les grandes entreprises et les petites et moyennes entreprises.

M.Benmouhoub a relevé que la Bourse d’Alger entend bénéficier du nouvel environnement économique en Algérie grâce aux réformes profondes entreprises par les hautes autorités du pays qui se sont engagées à développer des outils de financement hors du cadre bancaire pour profiter des capacités disponibles sur le marché et encourager les entreprises, notamment émergentes, à s’implanter sur les marchés intérieurs et extérieurs. « Il s’agira également de diversifier les services boursiers et permettre un plus grand nombre d’entreprises d’y accéder », a-t-il ajouté. 

Selon Benmouhoub, l’accent est mis pour dynamiser l’activité boursière en réalisant de nouvelles introductions. Au passage, il a déploré le fait que la dernière en date remonte à 2016.  Actuellement, seulement quatre sociétés sont cotées en Bourse avec une moyenne de 13.000 actionnaires. Les raisons sont connues. D’un côté, il y un manque de vulgarisation du fait que les introductions en Bourse ne se font pas de manière constante et que le grand public n’est pas informé régulièrement. De l’autre, les entreprises familiales sont souvent réticentes à lever des fonds. À cela s’ajoutent, le marché informel qui constitue un véritable frein pour la Bourse.  «Quand bien même la rentabilité est assez intéressante pour les entreprises avec la Bourse qui offre jusqu’à 11% de rendement net d’impôt, celle-ci ne peut pas concurrencer le marché informel qui donne jusqu’à 300%. C’est un marché très attirant», a-t-il expliqué. 

Benmouhoub souligne que la Bourse attend l’ouverture du capital des banques et des institutions dans d’autres secteurs, citant les assurances, l’industrie et les services. «Nous avons besoin d’avoir une profondeur de marché en introduisant plus d’entreprises pour que celui-ci soit efficient et que la Bourse soit un acteur majeur du financement de l’économie nationale», a-t-il souligné. 

S’agissant de la finance islamique est en train de s’imposer sur le marché bancaire, la bourse d’Alger a élaboré un projet pour développer des instruments de financement (obligations) compatibles avec la chariâa islamique à travers la Bourse.

«Ce projet est actuellement au stade de l’étude par les instances compétentes avant de statuer», rappelle-t-il. En somme, la Bourse d’Alger suit de prêt l’évolution du marché financier et veut s’imposer comme un acteur majeur dans les années à venir.

A. R.

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