«Le paradoxe de la multiplication des barrières dans un monde qui se veut ouvert est une conséquence de la globalisation. Dans un monde où les déplacements des personnes et des biens sont facilités, les frontières ne sont plus censées être des barrières.»
Pascal Boniface
Par Lyazid Khaber
Cela fait maintenant 32 ans depuis la chute du mur de Berlin (le 9 novembre 1989), signant la fin d’un monde bipolaire et d’une Guerre froide qui n’avait que trop duré, tant ses conséquences sur le développement humain étaient incalculables. Cependant, si «le mur de la honte» n’est plus à sa place maintenant, il se trouve que d’autres murs ont été érigés depuis, à travers la planète. Là, il ne s’agit pas des remparts réels qu’on peut encore trouver en Palestine, au Sahara Occidental ou encore sur la frontière sud des Etats-Unis…, mais de murs encore plus épais que ceux-là. En quelques années, nous sommes bien passés des «murs de la honte» aux «murs de l’exclusion». Etant bien invisibles, ces derniers sont dressés presque partout dans le monde. Pour s’en convaincre, il suffirait de s’attarder un peu sur les politiques de migration adoptées et qui réduisent des pans entiers de la société humaine à quémander un titre de séjour. Depuis au moins 2001, suite à l’attaque meurtrière ayant ciblé les «TwinTowers» du World Trade Center de la ville de New York, les politique iniques imposées par la puissance américaine, et suivies par la suite, par les pays de l’Europe, les conditions des migrants n’ont fait qu’empirer. Ainsi, et au-delà du fait que toutes ces mesures prises, encore aggravées depuis le début de la pandémie de la COVID-19, remettent en cause le droit –pourtant reconnu et défendu par l’ONU- à la circulation, cette chape de plomb imposée par les Etats ne cesse de faire des victimes. Depuis le début 2020, avec la fermeture quasi-totale de l’espace aérien et la suspension des vols réguliers et autres dessertes maritimes de par le monde, ce sont, non seulement des milliers de migrants qui se retrouvent bloqués, mais aussi des familles entières déchirées et écartelées. Des centaines, sinon des milliers de personnes, sont bloquées en dehors de leurs pays d’origine, pour certains, loin de leurs familles, de leurs lieux de travail et même de leurs propres enfants. Une situation qui ne peut être qualifiée que de désastre humanitaire, et qui ne doit pas laisser indifférents l’Organisation des Nations unies qui doit interpeller l’ensemble des Etats de la planète pour prendre leur responsabilités devant ces nouveaux apatrides d’un autre genre. C’est à croire que les mesures appuyées de fermeture des frontières de par le monde, fait suite à la politique suivie depuis déjà quelques années, et qui a pour objectif d’empêcher l’arrivée de migrants –notamment subsahariens- sur les rivages sud du vieux continent. La pandémie de la COVID-19 semble offrir une occasion inespérée au Etats pour mieux verrouiller.
L. K.