Le ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar, a annoncé à partir de Médéa, qu’un millier de projets d’investissements, en souffrance pour diverses raisons, ont été débloqués à travers l’ensemble du territoire national, au cours des trois derniers mois, dans le cadre de la démarche de levée des obstacles sur l’investissement productif, initiée par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune. Si cette levée a permis la création de 26.000 emplois directs, beaucoup d‘économistes se posent la question de savoir pourquoi a-t-il fallu l‘intervention du Président pour que la loi soit appliquée.
Par Réda Hadi
«Les engagements du président de la République à relancer l’investissement productif et impulser une nouvelle dynamique à l’économie nationale se sont traduits par la levée de réserves et de contraintes sur un nombre important de dossiers en suspens» a précisé M. Zeghdar, sans en donner plus d‘explication sur le reste à débloquer et quels sont les secteurs concernés.
Zeghdar a, lors de cette visite dans la wilaya, invité les investisseurs à s‘inscrire dans une démarche volontariste et à jouir des potentialités que peuvent offrir les villes de l’intérieur du Pays. En effet, le ministre de l‘Industrie a mis en relief les villes de l‘intérieur, qui «offrent plus d’attractivité, en termes de disponibilité du foncier industriel, contrairement aux wilayas du centre, dont le tissu industriel est déjà saturé, outre, la possibilité d’évoluer dans un milieu favorable pour le développement des projets d’investissement»
Si, par ailleurs, les blocages sont récurrents, le gouvernement entend modifier la législation de 2016 portant sur la promotion de l’investissement. Objectif : adapter le dispositif juridique à l’environnement économique.
Selon un communiqué du Premier ministère, le 26 février, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a présidé une réunion gouvernementale à laquelle ont participé les ministres de l’Industrie, de l’Environnement, de la Santé, de la Jeunesse et des Sports. Le point phare de cette rencontre a été la présentation d’un avant-projet de loi, modifiant et complétant la loi n°16-09 du 3 août 2016, relative à la promotion de l’investissement. Ces nouvelles dispositions ont pour objectif de «prendre en charge les insuffisances et les difficultés constatées qui entravent l’acte d’investir», de «faciliter et simplifier les procédures afférentes». Si ces « insuffisances» n’ont pas été détaillées, le gouvernement assure viser «la relance de l’investissement productif», en mettant le dispositif juridique régissant l’investissement «en adéquation» avec l’environnement économique actuel, précise le communiqué de presse officiel.
«La loi sur l’investissement, qui doit être publiée, permettra l’établissement de règles transparentes pour que les investisseurs, algériens ou étrangers, puissent concrétiser leurs projets et réaliser des bénéfices, avec la possibilité de les transférer à l’étranger ou de les réinvestir sans entrave aucune, du moment que les transactions sont effectuées dans la transparence et dans le cadre de la loi», a affirmé encore une fois le Président Tebboune
Faire barrière à la bureaucratie
La volonté du gouvernement d‘adapter l’environnement économique est plus que réelle et obligée aussi. Selon M. Sayoud Mohamed, qui gère un bureau d‘investissements, «la future loi sur l’investissement devrait être en priorité, une barrière à la bureaucratie. Celle-ci est un vrai fléau qui entrave bon nombre de projets. C‘est d‘autant plus vrai, qu’après avoir atteint un pic de 2,75 milliards de dollars en 2009, les investissements directs étrangers (IDE) entrants, sont restés sous la barre de 2 milliards depuis 2012. Entre 2018 et 2020, les flux annuels ont reculé de 1,47 milliard à 1,12 milliard de dollars. À titre de comparaison, au Maroc, ils ont oscillé entre 2,1 et 3,6 milliards de dollars entre 2011 et 2018. Et en 2020, malgré un net recul, ils atteignaient encore 1,76 milliard» a-t-il conclu, tout en précisant que «nos potentialités sont plus fortes, pour peu que l‘on sache s’adapter. Il nous faut des lois plus réactives surtout»
Pour notre Exécutif, les fonds souverains de certains États sont «les bienvenus», à condition que leurs projets soient «porteurs de développement et créateurs de croissance». Et ceci au moment où le Président Tebboune exclut de contracter des prêts auprès du Fonds monétaire international (FMI) et des organismes financiers internationaux, et ce, «même dans un contexte de crise économique».
Les IDE en Algérie ont chuté de plus de 19% et les investissements locaux restent timides. Aussi, les organisations patronales appellent à plus de réactivité et à la suppression de certains articles de la loi de 2016, tels que l’exonération ciblée des droits de douane et des ajouts de taxes additionnelles.
Les investissements doivent répondre dans l‘immédiateté et, particulièrement, en ces moments de contraction de l’économie européenne, par sa croissance molle, et de l’économie chinoise, par une croissance ralentie, limitent les investissements tant nationaux que locaux.
R. H.